«Job hopping»: Bondir d'un emploi à l'autre, une tendance qui prend de l'ampleur

Au milieu du passage massif à un mode de travail hybride, du phénomène international de Great Resignation et d’une pénurie de main-d’oeuvre globale, le job hopping - soit l’acte de rester moins de 18 mois dans un poste avant de changer d’emploi - prend de l’ampleur. Autrefois perçu négativement par les employeurs, le job hopping contribue désormais à des changements significatifs dans les manières de faire du le marché de l’emploi.
• À lire aussi: Trois raisons pour lesquelles vous devriez vous intéresser à l’inflation
• À lire aussi: Les millénariaux confrontés à une grande inflation pour la première fois: «C’est difficile de se projeter dans l’avenir»
Victor Vatus, chasseur de têtes et propriétaire de l’entreprise Sell me this pen, retrace l’histoire des job hoppers : « Il y a 5 ans, quand c’était plus difficile de trouver du boulot, il fallait qu’un job hopper ait une histoire très convaincante. » Marie-Julie Côté, chasseuse de tête pour GrandsTalents, ajoute : « un candidat qui a changé trois fois d’emplois dans les deux dernières années, avant, ça aurait été un non catégorique. Aujourd’hui, les employeurs font preuve de plus de flexibilité ».
Selon Victor Vatus, l’augmentation du nombre de job hoppers est influencée par le télétravail, qui transforme l’attachement à l’emploi, et par la grande mobilité sur le marché actuel. Marie-Julie Côté ajoute que les candidats se projettent de moins en moins dans l’avenir. « Les gens veulent d'abord être bien dans leur poste avant de penser à la stabilité. Ils sont donc prêts à changer d'emploi si ce dernier améliore à court terme leur qualité de vie. »
Les offres d’emploi affluent et une proportion grandissante de la population est à l’écoute. Selon Marie-Julie Côté, la sollicitation fréquente porte les gens à prendre conscience de leur valeur professionnelle et à montrer de l’ouverture, souvent avec des demandes salariales plus élevées qu’avant.
• À lire aussi: Programmation: ce campus à Québec vous offre une formation gratuite et sans prof
• À lire aussi: Vous pourriez recevoir 475$ par semaine pour étudier dans des secteurs où il y a pénurie
Les hauts et les bas de la candidature du job hopper
Le job hopping peut être un pari payant, mais risqué. Niveau salaire et conditions de travail, l’option est attrayante. Victor Vatus estime qu’une promotion à l’interne augmente le salaire en moyenne de 5 %, alors qu’un changement d’emploi équivaut à une augmentation allant de 10 à 20 %.
Les job hoppers détiennent également des compétences prisées. Marie-Julie Côté explique qu’un job hopper, c’est souvent : « quelqu’un qui n’a pas peur du changement, qui est capable de s’adapter rapidement. ». Pour Victor Vatus, l’acceptation du job hopper est influencée par sa transparence et sa capacité de recul lors du processus d’embauche.
Le plus dangereux, pour Victor Vatus, reste la précarité de la candidature du job hopper : « Pour faire une embauche, généralement, il faut que [l’employeur] parle à dix personnes. » Pour limiter le risque, beaucoup retiennent la candidature qui, sur papier, démontre le plus de stabilité.
Selon Marie-Julie Côté, à long terme, le job hopping joue contre un candidat. Par exemple, dans le cadre du recrutement de postes-cadres, la stabilité fait partie des critères non négociables.
La réponse de l’industrie
Pour être proactifs dans la rétention des job hoppers, plusieurs employeurs adoptent des conditions de travail axées sur les valeurs : moins de tables de baby-foot, mais plus de temps non-travaillé payé illimité, de conciliation travail-famille, de contribution à des régimes de retraite. L’augmentation salariale demeure un élément prépondérant.
Ce qui peut faire toute la différence, c’est une relation transparente entre l’employeur et l’employé. Nommer ce qui ne fonctionne pas, actualiser les attentes, miser sur la communication sont des solutions qui pourraient aider les job hoppers à se projeter dans l’avenir de l’entreprise et à retarder leur prochain déplacement.