Leurs parents les ont aidés à acheter leur première propriété

De plus en plus de jeunes acheteurs bénéficient de généreux dons de leurs géniteurs pour mettre le grappin sur leur première propriété en pleine flambée immobilière. Sans ces élans de générosité, plusieurs n’auraient pas accédé à la propriété aussi rapidement. On vous présente trois cas de figure.
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Devenir proprios en famille
Mathilde, 30 ans, est devenue copropriétaire d’un duplex à Montréal avec son frère à l’âge de 26 ans. Cette opportunité lui a davantage été «offerte que négociée».
«Quand ma mère était jeune, son père a mis la mise de fonds sur un triplex pour elle et ses deux sœurs. C’est vraiment ça qui lui a permis d’accéder à la propriété et mes parents ont voulu reproduire ça avec mon frère et moi», explique-t-elle à Porte-monnaie.
Déjà propriétaires d’un duplex, les parents de Mathilde se sont mis à explorer le marché, mais cette fois-ci, pour leur progéniture. Mathilde et son frère n’ont pas eu leur mot à dire sur l’achat : toutes les visites se sont faites... sans eux!
«Ils se sont dit : "Si quelque chose nous intéresse, on met la mise de fonds et les enfants deviennent proprios"», relate Mathilde. Mais devenir proprio, ça ne repose pas seulement sur la capacité à payer 20% de la propriété.
Puisque Mathilde et son frère ne pouvaient pas respecter leurs engagements financiers lors de l’achat (l’une aux études, l’autre récemment arrivé sur le marché du travail), leurs parents ont choisi de garder chacun une part équivalente à 1% de la propriété pour se retirer après les cinq premières années de paiements hypothécaires.
«Sans ça, on n’aurait pas réussi à avoir la capacité d’emprunt qu’on a eue», confie Mathilde, qui croit que l’aide parentale est en train de devenir une «nouvelle réalité».
«J’ai l’impression que ceux qui n’ont pas de contribution de leurs parents ont de la misère à s’imaginer devenir propriétaires», admet-elle.
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Avance sur l’héritage
Thomas, 30 ans, est devenu propriétaire d’un duplex dans Ahuntsic, à Montréal, en 2019. C’est grâce à une avance sur son héritage qu’il a pu investir dans l’immobilier.
«Ils ont mis à ma disposition un montant global qui a permis de payer le cashdown. C’est un montant d’argent qui devait absolument être utilisé pour ça», explique Thomas.
Comme il restait quelques liquidités après la transaction, ce montant aide aujourd’hui Thomas à payer les paiements hypothécaires mensuels.
«Au début, j’étais un peu mal à l’aise à en parler aux autres, admet Thomas. Je suis conscient que ce n’est pas tout le monde qui a eu la même chance que moi. J’ai pu acquérir une propriété, mais ce n’est pas parce que j’ai travaillé plus fort qu’un autre.»
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De l’aide financière... et des bras!
Recevoir 20 000$, c’est bien, mais deux paires de bras pour des rénos, c’est encore mieux! Catherine, 29 ans, et Charles, 26 ans, ont pu profiter de la générosité de leurs parents pour devenir propriétaires d’un duplex à Québec.
«On regardait d’abord pour un appartement, mais les prix augmentaient beaucoup. On cherchait de l’espace, mais on voulait rester en ville. On a cherché pour des condos, mais on a rien trouvé d’intéressant», se souvient Catherine, qui a finalement opté pour un bâtiment complet pour profiter d’une source de revenus.
S’étant toujours montrés ouverts à les aider le jour venu, leurs parents respectifs leur ont chacun offert un don de 20 000$. Même sans cette aide, Catherine aurait été en mesure de mettre la mise de fonds minimale (5%), mais elle n’aurait pas pu se permettre des rénovations.
«Mes parents sont à la retraite et nous aident beaucoup avec les rénos. Pour moi, c’est le point majeur de l’aide qu’ils nous offrent.»
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Une tendance qui s’affirme
En 2021, plus de 20% des acheteurs québécois ont pu compter sur un coup de pouce financier de leurs parents pour acheter leur première propriété, selon un nouveau rapport de Marchés des capitaux CIBC. C’est la montée vertigineuse du prix de l’immobilier qui a fait dérailler les plans d’épargne des jeunes clients, selon Patrick Dumond, courtier hypothécaire chez Multi-Prêts.
«L’argent qu’ils avaient prévu épargner n’est plus suffisant pour rencontrer les seuils minimums liés à l’emprunt hypothécaire, soit un minimum de 5% du prix d’achat de la maison», explique-t-il à Porte-monnaie.
Un don des parents pour aider à payer la mise de fonds est la mesure la plus fréquente que Patrick Dumond observe dans sa pratique.
«Les enfants vont initier une préqualification hypothécaire et lorsque leur niveau d’épargne n’est pas suffisant, différentes options leur sont proposées, dont celle de retarder leur entrée sur le marché immobilier ou de demander un coup de pouce à un proche.»
Évidemment, la deuxième option est souvent celle qui est retenue. «Les parents sont généreux et ils vont concilier le manque à gagner sur la mise de fonds. C’est rare qu’on voie de gros dons comme 100 000$. La plupart du temps, c’est sous forme de don de quelques milliers de dollars», affirme Patrick Dumond.
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Le don d’équité pour accéder à la propriété
Si le don entre parent et enfant se popularise, une autre tendance – plus timide – est observée par les experts : celle des ventes de propriétés entre parents et enfants.
«L’avantage est double. Le parent aide l’enfant à sortir de la surenchère qu’on rencontre présentement et si les parents vendent leur maison à un prix avantageux, ils sont en mesure de faire un don d’équité», fait valoir le courtier hypothécaire.
Le don d’équité consiste à céder un bien immobilier à un proche ou à un membre de sa famille à un prix moindre. C’est l’écart entre le prix réduit et la valeur marchande qui est considéré comme un don et qui permet, très souvent, d’épargner les frais d’assurance hypothécaire dans le cas où on est contraint de mettre moins de 20% en mise de fonds.
En plus, cette pratique est une excellente manière de favoriser l’accès à la propriété, une opportunité qui semble intouchable pour beaucoup de millénariaux.
Les personnes citées dans l’article n’ont pas souhaité dévoiler leur identité complète, ce pourquoi seuls leur prénom et leur âge sont cités.