Elle quitte un milieu de travail misogyne et devient entrepreneure | 24 heures
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Elle quitte un milieu de travail misogyne et devient entrepreneure

Sarah Laroche, propriétaire et fondatrice de SELV RITUEL.
Photomontage: Julie Verville

Sarah Laroche, propriétaire et fondatrice de SELV RITUEL.

Durant plus de 20 ans, Sarah Laroche a œuvré comme styliste et comme photographe. Photoshoot après photoshoot, elle est témoin du côté sombre de l’industrie de la mode. Refusant de vivre à ce rythme effréné, le slow living devient alors un projet d'entreprise.

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Il y a deux ans, Sarah Laroche a lancé l'entreprise de produits pour le corps SELV RITUEL, à Montréal. Ce qui a d’abord motivé l’entrepreneure à se lancer dans l'aventure est avant tout l’environnement toxique et misogyne de l’industrie de la mode dans lequel elle a baigné pendant deux décennies.

« Je shootais beaucoup de lingerie. Un jour, il y a un photographe qui m’a dit : '' Attends je dois aller me masturber. Arrête tout le plateau et garde l’équipe... ''», confie-t-elle.

« J’ai travaillé dans certains studios où le photographe criait. On pouvait sentir la charge du stress sur le plateau avec certains photographes et j’entendais des trucs pas possible », relate-t-elle.

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Sarah Laroche, fondatrice de SELV RITUEL.

Photo: Léa Bégin

Sarah Laroche, fondatrice de SELV RITUEL.

Abus

Durant cette période, Sarah confie prendre du poids de son propre gré, question d’éviter les commentaires sexistes ou les agissements déplacés de la part de ses collègues masculins.

« Il y a eu plusieurs niveaux à l’abus. C’était toujours sur mes épaules, j’étais toujours la fille friend zoned. J’ai gardé un certain poids parce que je voulais ne pas me faire cruiser. Je l’ai fait consciemment et je ne me faisais jamais écœurer », raconte-t-elle.

« Un producteur m’a déjà décrit une scène de sexe en regardant une mannequin en disant qu’il rêvait de la baiser, mais qu’il l’endormirait... C’était comme ça au quotidien. J’ai trouvé ça violent », dévoile-t-elle.

Même si elle échappe aux propos à caractère sexuel, Sarah n’échappe pas aux insultes liées à son poids.

« À chaque fois qu’un photographe qui m’appelait la grosse ou laide je me disais que c’était mission accomplie. Il m’a fallu bien des thérapies pour me sortir de ces traumatismes », poursuit-elle.

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Du fast fashion au slow living

Même si l’univers de la photographie et de la mode ne lui prédit rien au lancement de son entreprise, Sarah sent sa vocation changer après la naissance de sa fille.

« J’ai eu un jour un déclic. J’étais tannée des hommes misogynes. Je travaillais comme une machine quand j’étais dans l’industrie de la mode et lorsque ma fille est arrivée, je n’avais plus le goût de ça. Je n’avais pas le goût de ne pas la voir grandir », dit-elle.

C’est dans cet esprit que la Montréalaise découvre le mode de vie du slow living.

« En voyageant, j’ai observé différentes cultures et les gens les plus heureux sont ceux qui n’ont pas tant de matériel, mais qui profitent pleinement de l’instant présent », remarque-t-elle.

« J’avais envie en tant qu’entrepreneure d’offrir du temps à quelqu’un », renchérit-elle.

Maniaque de marketing et de packaging, Sarah lance la marque SELV, en danois « soi », une boutique en ligne qui offre des produits de bien-être, tels que des bougies parfumées, des huiles pour le corps ou encore des essentiels pour le bain.

« Je suis une grande maniaque de produits pour le bain. Je demandais des coffrets à mes parents, je voulais des bulles, des sels de bain, je trouve que c’est un luxe semi-abordable! Avant tout, il faut se dorloter », s’exclame-t-elle.

« Girl power »

Aujourd’hui, SELV RITUEL souffle deux bougies et pour Sarah, c’est l’occasion d’offrir un environnement sain et sécuritaire à ses employés.

« À chacune des femmes qui travaille avec moi, j’insiste en leur disant que c’est tolérance zéro si un homme dans l’entreprise agirait de façon non professionnel », précise-t-elle.

« Dans l’entrepreneuriat, être une girl boss, c’est d’être girl power! Oui, je suis une femme qui gère une entreprise, mais qui soutient aussi d’autres femmes ».

Cet article fait partie de la série « Je n'aurais jamais pensé devenir entrepreneure, mais...» qui est consacrée à trois entrepreneures aux parcours rocambolesques et aux histoires uniques. Ces femmes d’affaires n’avaient ni expérience, ni d’études dans le monde de l’entrepreneuriat, mais réussissent grâce à leur passion.