Non, une femme n’est pas morte piétinée par un cheval à Ottawa

Une rumeur voulant qu’un policier à cheval ait piétiné mortellement une manifestante à Ottawa a commencé à circuler sur le web vendredi soir. Et si l’information a vite été démentie par la police, la présence de chevaux dans la capitale fédérale continue de faire jaser.
• À lire aussi: Encore un journaliste de TVA Nouvelles poussé en direct à Ottawa
• À lire aussi: Levée des mesures sanitaires: les antivax ont-ils gagné?
Vendredi soir, la journaliste du réseau américain Fox News Sara A. Carter a affirmé sur Twitter qu’une femme serait morte après avoir été renversée par des policiers à cheval.
La police d’Ottawa a rapidement rectifié le tir, soutenant que personne n’avait été gravement blessé ou n'était mort lors de l’opération visant à déloger les manifestants qui occupent le centre-ville d’Ottawa depuis maintenant 23 jours.
Même si l’information a été démentie par la police, elle s'est rapidement propagée parmi les manifestants. Un doute a perduré sur les réseaux sociaux jusqu'à samedi matin.
Angela Price, la femme du gardien vedette du Canadien de Montréal Carey Price, a notamment partagé une photo sur Instagram, disant prier pour que la femme soit vivante.
• À lire aussi: Atteinte de la COVID-19, Angela Price fait réagir avec ses propos sur le vaccin
Il ne faut pas partager n'importe quoi
Avant de repartager une telle information, il faut vérifier ses sources, indique le responsable du programme de journalisme de l’UQAM, Patrick White. C’est encore plus vrai sur les réseaux sociaux, où tout se partage très rapidement.
«Si c’était vrai, la police et les médias traditionnels l’auraient confirmé», assure le journaliste.
Lors d’événements comme la manifestation à Ottawa, Patrick White recommande d'ailleurs de se tourner vers les médias locaux ou les agences de presse, qui sont sur le terrain, plutôt que vers les médias internationaux.
Des images qui font réagir
Sur les réseaux sociaux, la présence même de policiers à cheval soulève toutefois des questions.
Des images de ce qui semble être des manifestants renversés par des policiers à cheval dans la capitale fédérale sont partagées sur Twitter.
Mais pourquoi la police d’Ottawa utilise-t-elle des chevaux?
«Les chevaux peuvent être utilisés pour convaincre les gens de quitter une manifestation illégale», explique Stéphane Wall, superviseur retraité du SPVM spécialisé en usage judicieux de la force.
Leur présence imposante peut être suffisante pour en persuader plusieurs de partir, poursuit-il.
Les policiers peuvent avoir recours à des chevaux afin de créer une division dans une foule compacte. Les policiers les utilisent toutefois rarement pour cette raison.
C'est dans cet objectif que les policiers à cheval, qui sont des agents du Service de police de la Ville de Toronto, auraient été utilisés vendredi dans la capitale fédérale.
Si les chevaux s’avèrent souvent utiles pour les policiers, leur utilisation peut comporter des risques. Un cheval a d'ailleurs été blessé vendredi, rapporte la police d’Ottawa. L’animal est tombé après avoir reçu une bicyclette lancée vers lui.
Dans certains cas, les chevaux peuvent aussi devenir un danger pour les opposants. «L’animal est tellement puissant que s’il est en contact avec quelqu’un, c’est le cheval qui va gagner», conclut-il.
Une enquête ouverte
L’Unité des enquêtes spéciales (UES) de l’Ontario, chargée d’enquêter sur la police en cas de besoin, a cependant ouvert une enquête sur le démantèlement de la manifestation à Ottawa vendredi et samedi.
Plus précisément, les enquêteurs de l’UES – l’équivalent du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) au Québec – s’intéressent à la vidéo virale montrant une femme être percutée par un cheval de la police lors de la répression des manifestants.
Selon l’UES, la femme bousculée par le cheval et son cavalier, un policier de Toronto appelé en renfort dans la capitale, aurait été «grièvement blessée» vendredi à 17h14. Sa famille, de son côté, avait évoqué une blessure à la clavicule dans une publication sur les réseaux.
Par ailleurs, l’UES va se pencher sur l’utilisation d’armes antiémeutes non létales par des agents de la police de Vancouver, eux aussi amenés en renfort dans la capitale, samedi soir. En date de dimanche matin, aucune blessure liée à l’utilisation de ces armes n’avait été documentée, a cependant indiqué la «police de la police».