Retourner au bureau à temps plein? Plutôt démissionner!

On le sait, le monde du travail a beaucoup changé depuis le début de la pandémie et les jeunes travailleurs ont pris goût à leurs nouvelles habitudes. Tellement que certains envisagent de quitter leur emploi si leurs conditions de travail ne leur conviennent plus.
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Si neuf jeunes travailleurs sur dix veulent continuer de télétravailler à temps plein ou en mode hybride après la pandémie, le quart d’entre eux préférerait démissionner plutôt que de retourner au bureau cinq jours par semaine, révèle un sondage du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).
Par ailleurs, quatre travailleurs sur cinq veulent aussi obtenir une meilleure flexibilité dans l’aménagement de leur horaire, que ce soit dans le nombre d’heures travaillées en fonction des tâches à faire ou du moment dans la journée où les effectuer. Ils veulent se défaire du traditionnel 9 à 5, quoi.
«Les jeunes ont pris de nouvelles habitudes en télétravail qui doivent rester», souligne Pierre Graff, président et directeur général du RJCCQ. Ils ont soif de flexibilité, et les employeurs doivent les leur offrir s’ils veulent attirer les talents, mais, surtout, les garder.
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Comme l’obligation de télétravail décrétée par Québec prend fin dans moins d’une semaine, le 28 février, les gestionnaires doivent rapidement trouver des solutions.
«On se bat pour les talents et si on les perd pour une question aussi futile que la flexibilité, ça risque d’être un enjeu majeur pour les employeurs qui ne comprendront pas cette réalité, surtout en contexte de pénurie de main-d’œuvre», explique le PDG du RJCCQ.
Changement de paradigme
Ce dont ces données témoignent, c’est qu’un véritable changement de paradigme s’opère, estime Pierre Graff. Selon lui, les travailleurs priorisent désormais la recherche du bien-être et l’équilibre entre la vie personnelle et le travail.
Si bien que plusieurs seraient prêts à encaisser une baisse de salaire si ça leur permettait de mieux concilier leur vie personnelle et leur travail.
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«On sort quand même d’une décennie où le mot carrière était pas mal l’objectif de tout le monde. Mais à travers notre série de sondages, on s’est rendu compte assez vite qu’il y avait un changement de paradigme, puisque 80% des jeunes travailleurs ont dit qu’ils priorisent maintenant leur vie personnelle. Le côté carriériste a tendance à s’estomper», précise-t-il.
Sachant cela, il est nécessaire de mettre en place des «modes alternatifs de gestion» qui vont au-delà des augmentations de salaire pour être capables de faire face au phénomène de pénurie de main-d’œuvre, dit Pierre Graff.
«Les travailleurs ont le gros bout du bâton»
Le contexte de pénurie de main-d’œuvre signifie aussi que ce sont les travailleurs qui ont actuellement le gros bout du bâton pour obtenir les conditions de travail qu’ils souhaitent, affirme Pierre Graff.
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Encore faut-il que les employeurs sachent ce que leurs employés veulent. Le coup de sonde du RJCCQ démontre qu’il y a un grand manque à gagner en matière de rétroaction des employés envers leur employeur. Seulement 35% des travailleurs peuvent se prononcer anonymement sur leurs besoins à travers des sondages de satisfaction des employés, par exemple.
Si la responsabilité revient à l’employeur de mettre une telle initiative en place, un employé ne devrait pas se gêner à signaler ses commentaires à son gestionnaire, à tout le moins pour ouvrir un dialogue sur ce qu'il est possible d’implanter comme conditions de travail flexibles.