Essence à 2$/L: voici exactement pourquoi la guerre en Ukraine fait monter le prix de l’essence ici | 24 heures
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Essence à 2$/L: voici exactement pourquoi la guerre en Ukraine fait monter le prix de l’essence ici

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Le prix de l’essence est sur le point d’atteindre le seuil psychologique de 2$ le litre, notamment à cause de la guerre opposant l’Ukraine à la Russie, un important producteur de pétrole. On vous explique.

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Tout part du baril de pétrole   

D'abord, il faut savoir que les prix à la pompe découlent du prix du baril de pétrole sur les marchés financiers, explique Sylvain Audette, membre associé de la Chaire de recherche en gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. 

La guerre en Ukraine crée de l'incertitude et de la spéculation liées à de possibles sanctions économiques dans les secteurs du gaz naturel et du pétrole russe, et cela engendre une pression à la hausse sur le prix du baril de pétrole sur les marchés. 

Pour s’approvisionner en pétrole, les raffineries, qui transforment la matière en essence et en diesel, doivent se tourner vers des fournisseurs qui vendent au prix des marchés financiers. Les raffineries paient donc plus cher le pétrole dont elles ont besoin pour fabriquer l'essence qu'elles nous vendent. 

Et même si les raffineries canadiennes n’achètent plus de pétrole russe depuis deux ans, les prix augmentent ici aussi, parce que les valeurs du pétrole américain et du pétrole européen sont interdépendantes. 

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La guerre n'est pas la seule coupable  

Mais un seul facteur ne peut expliquer à lui seul une hausse aussi importante des prix à la pompe. On peut aussi montrer du doigt le déconfinement, qui engendre une augmentation de la demande en essence et, par conséquent, en pétrole. 

Cependant, bien avant le déconfinement ou le début de la guerre en Ukraine, il y avait un déséquilibre dans l’offre et la demande de pétrole à l'échelle planétaire. 

Il faut remonter à mars 2020 pour comprendre pourquoi. Avec la pandémie de COVID-19, les gens, du jour au lendemain, se sont retrouvés confinés et n'avaient nulle part où aller. La demande en essence a alors chuté, entraînant avec elle le prix de l’essence. On se souvient des prix à la pompe sous la barre de 1$ le litre. 

AFP

Face à cette baisse radicale de la demande mondiale, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+) ont décidé de réduire leur production de 10 millions de barils par jour, comme le prix du baril était tombé à moins de 25$, atteignant son plus faible niveau en près de 20 ans.

Maintenant, comme les voyages reprennent et les déplacements se multiplient, la demande en essence est en croissance constante. Mais l’OPEP+ n’est pas pressée de reprendre la production, soutient Sylvain Audette. 

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«Les pays membres ont dit qu’ils allaient augmenter tous les trois ou quatre mois leur production de 400 000 barils par jour, sans revenir trop rapidement au niveau de production pré-COVID, parce qu’ils ne veulent pas créer un déséquilibre sur le marché. Mais tout le monde dit qu’ils ne vont pas assez vite, parce que, là, on a besoin de plus de pétrole à l’échelle mondiale», explique-t-il.

La réticence de l'OPEP+ à revenir à une production pré-pandémie, alors que la vie reprend partout dans le monde, fait donc forcément augmenter le prix de l’essence.

Comment est réparti le prix à la pompe?  

Chaque dollar payé lorsque l’on fait le plein ne va pas uniquement dans les poches du détaillant, des pétroliers ou des raffineries. Voici comment l'argent est réparti:

Pétrole   

  • 40 à 55%          

La proportion du prix à la pompe qui sert à payer la matière première utilisée pour fabriquer l’essence.

Taxes   

  • 25 à 35%          

Tout dépendant de la province et de la ville où l’on se trouve, plusieurs taxes s’ajoutent au prix payé à la pompe. 

▻ Il y a d’abord la taxe d’accise sur l’essence (fédérale), qui est de 10¢ le litre. 

▻ Il y a aussi la taxe sur les carburants (provinciale), qui est de 19,2¢ le litre. 

▻ Dans le grand Montréal, on ajoute la taxe sur l’essence pour financer le transport en commun, fixée à 3¢.

▻ Et enfin, la cerise sur le sundae: la TPS et la TVQ, respectivement de 5% et de 9,975%.

Raffinage   

  • 10 à 25%          

La marge que s’accordent les raffineries.

Commercialisation   

  • 4 à 6%          

La marge que s’accordent les commerçants.