CLSC de Montréal-Nord: le dossier de la patiente raciste a été fermé
BILLET - Il y a quelques semaines, j’ai écrit un article sur le traitement déplorable que subissaient des employés noirs du CLSC de Montréal-Nord qui devaient se rendre au domicile d’une patiente raciste. Depuis la publication, le dossier de celle-ci a été fermé. C’est une bonne nouvelle pour les employés, mais ça n’a vraiment pas été facile!
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Petit rappel: depuis quatre ans, des employés de couleur se butent à des injures racistes et des gestes de violence verbale et physique quand ils se rendent au chevet d’une patiente.
Lorsque j’ai parlé à certains d’entre eux pour préparer mon reportage, il était clair qu’ils avaient tenté tous les recours possibles avant de s’adresser aux médias. Leur syndicat, qui les soutient, avait proposé des pistes de solution aux gestionnaires et même fait appel à la CNESST, mais rien ne changeait.
Leur histoire a résonné: le député Frantz Benjamin a même demandé au gouvernement du Québec d’agir pour mettre un terme à cette situation. Est-ce que ç’a touché les ministres auxquels il s’adressait? Difficile de le dire: aucun d’entre eux n’a accepté de nous accorder d’entrevues...
Une employée frappée
Les choses n’ont pas changé dès le lendemain de la publication. J’ai appris que quelques jours après, une employée noire a été retournée seule chez la patiente, qui l’a frappée.
Quand j’ai recontacté le président du syndicat, Daniel Gagné, à ce propos, il n’était même pas encore au courant. Mais il m’a dit que ça ne le surprenait pas, étant donné que ses membres vivent cette situation depuis tellement longtemps.
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Après la publication de l'article, mon téléphone ne dérougissait pas. Une ex-employée du CLSC Montréal-Nord m’a même demandé: «Qu’est-ce que ça va prendre pour qu’on ferme définitivement le dossier? Un meurtre?» Une question qui nous hante une fois qu’on l’entend...
Alléluia
Récemment, j’ai eu la confirmation que le dossier de l’usagère avait enfin été fermé, et que plus d’employés ne seraient soumis à son racisme.
Alléluia! Pour ces employés afro-descendants, c’est une lueur d’espoir. C’est la victoire qu’ils attendent depuis trop longtemps...
Le problème, c’est que ça va avoir pris quatre ans d’angoisse, de violence psychologique et physique, de mots qui débutent en N, d’un article de journal et d’une ultime agression physique pour que finalement, le dossier soit fermé.
Ça n’aurait pas dû être aussi long : après tout, l’article 46 de la Charte des droits et libertés de la personne dit clairement que «toute personne qui travaille a droit, conformément à la loi, à des conditions de travail justes et raisonnables et qui respectent sa santé, sa sécurité et son intégrité physique».
Ce sera peut-être enfin le printemps au CLSC de Montréal-Nord. Les employés noirs pourront exercer leur métier sans avoir de craintes, sans pleurs, sans traumatisme... Comme chaque citoyen devrait en avoir le droit.
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