Jouer avec les codes du rap pour parler de culture queer
La rappeuse montréalaise Calamine joue avec les codes du rap pour faire briller la culture queer. On l’a rencontrée alors qu’elle prépare son deuxième album, Lesbienne woke sur l’auto-tune.
«Quand même bien que je ferais juste une bonne toune d’amour lesbien qui rentre au palmarès, ça sera ça de gagné», lance Julie Gagnon, alias Calamine.
L’artiste se définit comme une rappeuse queer, féministe et anticapitaliste. Elle utilise la musique pour aborder certaines de ces thématiques et «pallier le manque de visibilité» dans le monde musical et la société en général.
À travers ses textes, elle utilise souvent des codes du rap plus «traditionnels» pour parler des idées qui lui tiennent à coeur.
Par exemple, la culture de l’automobile est très présente dans le rap et on voit souvent dans les clips de certains artistes populaires des voitures luxueuses.
Calamine, au lieu de dire qu’il ne faut pas utiliser son automobile ou que c’est mauvais pour l’environnement, va plutôt jouer sur le fait qu’elle aime le vélo et qu’elle en fait tous les jours.
«Même si les personnes qui écoutent ma musique ne sont pas nécessairement d'accord avec toutes mes idées “gogauches” qu’elles peuvent considérer comme radicales, peut-être qu'elles vont quand même être d'accord avec certains jeux de mots, qu’elles vont aimer ma musique et qu’elles vont être plus tolérantes à avoir dans le paysage des personnes se revendiquant plus de gauche», explique l’artiste.
L’idée derrière son deuxième album suit parfaitement cette ligne de pensée. Calamine a décidé de célébrer la culture lesbienne. «Il n’y en aura pas dix dans l’histoire de la musique québécoise, des albums de “gouine” assumée, alors aussi bien y aller à fond», mentionne-t-elle.
Dans ses chansons, elle continue aussi de représenter le plus possible son quartier d’adoption, Hochelaga. «Quand je suis arrivé dans le “Chlag”, j’ai ressenti un sentiment d’appartenance, de solidarité et d’inclusion. Ça m’a tout de suite donné envie de célébrer mon quartier», indique Julie.
Une ascension fulgurante
La rappeuse a grandi à Québec et a déménagé à Montréal en 2018. À cette époque, elle n’avait jamais encore enregistré de chansons. Elle est arrivée dans une colocation où elle a rencontré Kèthe Magané, qui est maintenant son beatmaker. Ensemble, ils ont commencé à faire des chansons pour le plaisir.
Peu de temps après son arrivée dans la métropole, elle a décidé de faire son premier album, Boulette Proof, qui est sorti en novembre 2020. «Tout a déboulé par la suite», explique Calamine. Elle a été nommée « révélation rap » par Radio-Canada en mai 2021. Puis elle a gagné le prix Félix-Leclerc en septembre de la même année. Cette prestigieuse récompense est offerte chaque année à un auteur-compositeur-interprète québécois.
Calamine en est maintenant aux dernières étapes de la production de son deuxième album, qui devrait sortir sous peu. Les spectacles de lancement de l'album sont prévus le 27 avril, à L'Escogriffe, à Montréal, et le 30 avril, à L'Anti Bar & Spectacles, à Québec.