500$ pour contrer l’inflation: ça représente quoi, concrètement, dans nos poches?
François Legault a fait bien des heureux en annonçant un crédit d’impôt de 500$ pour contrer les effets de l’inflation. Mais est-ce que 500$ sont suffisants pour aider 6,4 millions de Québécois à se sortir la tête de l’eau? On a fait le test avec les trois plus grandes dépenses des ménages québécois: l'essence, l'épicerie et le logement.
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Pour comprendre ce que 500$ représentent dans le portefeuille d’un Québécois dans un contexte d’inflation, nous avons choisi trois exemples fictifs liés à ces trois domaines de dépenses. L’idée était de savoir si le crédit d’impôt du gouvernement Legault est suffisant pour amortir la hausse du coût de la vie dans l'un ou l'autre de ces paliers.
1. Logement
Le loyer moyen d’un logement à louer dans la grande région de Montréal était de 1302$ en 2021, soit une hausse de 8% par rapport à 2020, selon une étude du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). Seulement en février 2022, les frais de logement ont subi une augmentation de 6,6% par rapport à février 2021, la hausse la plus marquée depuis août 1983, selon Statistique Canada.
En supposant que le loyer de 1302$ par mois d’un couple augmente de 6,6%, c’est donc dire qu’il en coûtera 937$ de plus pour se loger en l'espace d’une année seulement.
Si les deux locataires perçoivent le crédit d’impôt remboursable de 500$, il sera alors possible d’amortir l’augmentation du coût de la vie pour le logement.
2. Panier d’épicerie
En 2022, une famille composée d’un homme, d’une femme, d’un garçon et d’une fille devrait s’attendre à payer 14 767,36$ en épicerie, d’après le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2022 réalisé par l’Université Dalhousie. C’est 966,08$ de plus que les dépenses annuelles d’une même famille en 2021.
Considérant que l’homme et la femme toucheront chacun 500$ du gouvernement, il serait possible de pallier cette hausse de prix.
3. Essence
En moyenne, les automobilistes canadiens ont dû débourser 31,2% de plus à la pompe en 2021 qu’en 2020, en raison de la flambée des prix de l’essence, selon l’Indice du prix à la consommation de Statistique Canada.
Prenons l’exemple fictif d’une Honda Civic qui parcourt 20 000 km par année et qui a une consommation de 7,9 litres aux 100 kilomètres. Considérant le prix moyen de 1,33$ par litre d’essence en 2021, vous auriez déboursé 3367$ au total pendant l’année. Supposant un prix à la pompe de 1,74$ par litre d’essence en 2022, vous devriez débourser 4405$ pendant l'année pour parcourir la même distance, soit 1038$ de plus qu'en 2021.
Pour une personne seule, les 500$ offerts par le gouvernement ne couvrent pas la moitié la hausse du prix d’une année à l’autre.
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Une mesure inéquitable et court terme
Cet exercice démontre que 500$ peuvent permettre d’atténuer considérablement les hausses de prix dues à l’inflation dans l’un ou l’autre des trois principaux paliers de dépenses, mais pas les trois.
Mais si «le calcul semble intéressant», ce n’est pas tout le monde «qui est égal face à l’inflation», affirme Bertrand Schepper, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
«On n’a qu’à comparer une personne retraitée qui a un revenu fixe et dont les dépenses augmentent beaucoup plus vite qu’une personne qui a un salaire annuel de 95 000$ et qui est capable d’adapter sa consommation beaucoup plus facilement.»
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Plutôt qu’un crédit d’impôt offert à presque tous les Québécois, l’IRIS aurait préféré d’autres mesures pour contrer l’inflation de manière plus équitable: une baisse des frais de garderie, une bonification des prestations d’aide sociale, une hausse du salaire minimum et un gel temporaire des loyers et/ou des frais de scolarité.
Selon Bertrand Schepper, le gouvernement aurait dû opter pour un gel des tarifs d’Hydro-Québec et revenir sur la décision de fixer les tarifs en fonction de l’inflation.
Cette façon de faire avait déjà été dénoncée par des experts qui ne voient aucun lien entre les tarifs d’Hydro-Québec, dont l’énergie est produite ici, et l’inflation, dopée par les nombreux problèmes d’approvisionnement partout dans le monde.
«Le 500$ a un effet concret sur le portefeuille des Québécois, mais c’est ponctuel. Les tarifs d’Hydro-Québec vont augmenter significativement à compter de 2023, et ça, ça va les frapper de plein fouet, année après année», prévient l’expert.