3 raisons pour lesquelles des milliers de vendeurs boycottent Etsy

Des milliers de petites entreprises artisanales boycottent depuis lundi, et jusqu’au 18 avril, la plateforme de vente en ligne Etsy, pour protester notamment contre une hausse des frais de transaction de 30%.
«Travaillez avec les vendeurs, pas contre eux!» demande une pétition signée par plus de 75 000 personnes jusqu’à présent et adressée au président d'Etsy, Josh Silverman.
Voici trois des frustrations qui ont mené à ce mouvement de protestation qui fait grand bruit.
1. Les frais de transaction ont augmenté de 30%
Le 11 avril dernier, Etsy a fait grimper les frais de transaction de 5 à 6,5%, ce qui représente une augmentation de 30%. Au même moment, l’entreprise annonçait son meilleur chiffre d’affaires depuis sa création, en 2005.
L’initiatrice de la pétition et du boycottage d'Etsy, la créatrice de mode Kristi Cassidy, déplore une deuxième hausse de frais en moins de trois ans.
Elle dénonce aussi les frais supplémentaires imposés par l’entreprise à travers le programme de publicité externe. Pour chaque article vendu par le biais d'une publicité externe, des frais de 12 à 15% de la valeur de l’article vendu sont facturés au vendeur, affirme Kristi Cassidy. Elle souhaite que les vendeurs puissent choisir de désactiver cette fonctionnalité pour exercer un «contrôle sur les annonces à publier et sur les montants dépensés en publicité».
2. La plateforme priorise les artistes qui vendent aux États-Unis
Des usagers canadiens de la plateforme déplorent qu’Etsy encourage les vendeurs à offrir la livraison gratuite aux États-Unis pour les achats de 35$ et plus, afin d'avoir une meilleure visibilité sur le marché états-unien. Le hic, c’est que la plateforme mettrait plus en avant les entreprises qui adhérent à la livraison gratuite, au détriment des autres.
«Les algorithmes font en sorte que les autres compagnies qui ne l’offrent pas [la livraison gratuite] ont moins de vues, déplore Charlie Bourdeau, une illustratrice montréalaise qui vend ses œuvres sur Etsy depuis un an et demi. Sachant que la plateforme ne va pas pousser mes produits parce que je ne me plie pas à ses recommandations, ça ne me donne pas le goût de rester.»
«Ce n’est pas juste une question d’argent, c’est aussi une question de valeurs et d’éthique. Etsy est devenu une grosse business, mais, à la base, c’était une plateforme d’entraide entre artistes», ajoute-t-elle.
Même son de cloche du côté de Tricia Robinson, une autre illustratrice de Montréal, présente sur Etsy depuis 2014. Elle affirme que ses ventes ont chuté aux États-Unis après qu'elle eut choisi de ne pas offrir la livraison gratuite.
«Je vendais beaucoup aux États-Unis. C'était vraiment frustrant. J'avais l'impression qu’on faisait pression sur moi», a déclaré la créatrice dans une entrevue accordée au magazine Workshop.
L’illustratrice Charlie Bourdeau reproche à Etsy de ne pas tenir compte des frais postaux canadiens, qui sont nettement supérieurs à ceux des États-Unis.
«Il y a d’autres alternatives, comme UPS ou FedEx, mais reste qu’au final, on est perdants et ça gruge nos profits.»
3. Le programme Top vendeur pénalise certains créateurs
L’initiatrice du mouvement de contestation souhaite la fin du programme Top vendeur d’Etsy, qui récompense les utilisateurs de la plateforme qui offrent une «excellente expérience d’achat». Ce faisant, le programme pénalise les vendeurs qui ne répondent pas aux messages des clients dans un délai de 24 heures, notamment.
«Sur Etsy, il y a beaucoup de “solopreneurs” ou de gens qui ont de très petites entreprises et qui ne font pas ça à temps plein. On a une santé mentale, du temps limité, et on ne peut pas agir comme Amazon», insiste Charlie Bourdeau.
Pour toutes les raisons évoquées plus haut, l’artiste songe à ouvrir sa propre boutique en ligne. Une bonne partie de ses clients proviennent déjà de sa page Instagram. Elle compte également se concentrer sur les marchés d’artisanat.
«En ce moment, je me concentre vraiment sur les marchés en personne, vendre mes trucs face à face, parce que je ne peux pas jurer que par la vente en ligne», explique-t-elle.