Quel est le lien entre le taux directeur et l’inflation?
La Banque du Canada a relevé son taux directeur à sept reprises cette année, passant de 0,25% en mars à 4,25% en décembre. Ces hausses subséquentes ont pour but de minimiser l’inflation en rehaussant les taux hypothécaires et les taux d’emprunt en général. Mais quel est le lien, concrètement, entre ce mécanisme et l’inflation?
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La Banque du Canada a fait passer le taux directeur à 4,25% en décembre, une septième augmentation qui conclut l'année 2022. L'institution a choisi d'hausser rapidement et de manière importante ce chiffre tout au long de l'année pour juguler l'inflation galopante, au moment où l’inflation mesurée par l’Indice des prix à la consommation (IPC) s’élève à 6,9%.
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Comment ça fonctionne?
Quand une banque centrale augmente son taux directeur, soit le taux d’intérêt auquel se fient les institutions financières pour prêter des fonds sur les marchés financiers, les taux d’intérêt pour les prêts hypothécaires et autres prêts grimpent. Notre capacité d’emprunt en est ainsi réduite.
Ce faisant, on décourage la consommation et l’emprunt et on incite davantage à l’épargne. C’est cette diminution des dépenses qui vient, en théorie, relâcher les tensions inflationnistes et réduire la pression sur les chaînes de production.
C’est l’ensemble de ces facteurs qui, à terme, pourraient permettre à l’économie canadienne de retrouver sa cible d’inflation à 2%. Cependant, ça ne se fait pas du jour au lendemain: il faut prévoir entre six mois et deux ans avant que les interventions de la banque centrale sur la politique monétaire aient un impact concret sur l’inflation.
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Taux variable: pas de panique!
Taux directeur rime avec hausse des taux d’intérêt et invariablement... taux d’intérêt variable. Les emprunteurs qui ont choisi un taux variable pour payer leur hypothèque sont dépendants des décisions de la banque centrale et doivent ainsi être en mesure d’amortir une hausse de leur versement mensuel d’hypothèque.
Même si une hausse de taux directeur n’est jamais une bonne nouvelle pour un emprunteur à taux variable, il ne faut pas paniquer pour autant, insiste Fabien Major, planificateur financier et associé principale de Major Gestion Privée Assante.
- Écoutez l'entrevue de Geneviève Pettersen avec Fabien Major au sujet de la hausse du taux directeur:
Le planificateur financier estime que la nouvelle en soi est dommageable pour les personnes dont le budget était déjà serré ou pour les couples récemment séparés qui avaient l’habitude d’absorber la hausse du coût de la vie en payant les factures à deux.
Si la hausse du taux directeur est une bonne nouvelle pour plusieurs économistes, Fabien Major croit cependant que les banques centrales (la Banque du Canada au Canada et la Réserve fédérale aux États-Unis) ont tardé à augmenter les taux et auraient gagné à le faire plus tôt en 2021.
«La conséquence d’avoir tardé, c’est que désormais, on anticipe des coups de 0,5% pendant toute l’année et ça pourrait éventuellement se traduire en récession», croit l’expert.
La prochaine mise à jour du taux directeur par la Banque centrale du Canada est fixée au 13 juillet, date à laquelle certains économistes prévoient une nouvelle hausse plus agressive, de l'ordre de 0,75 point de pourcentage.