Ce qu'il faut savoir sur les «sels de bain», cette drogue retrouvée dans de la coke à Montréal

De la cocaïne et du MDMA coupés avec des «sels de bain» circulent actuellement à Montréal, comme le rapportait plus tôt cette semaine Le Journal. Mais que sont, au juste, ces «sels de bain»? Et pourquoi faut-il s’inquiéter? On vous explique.
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C’est quoi, des «sels de bain»?
À part son allure, cette substance n’a évidemment rien à voir avec les sels parfumés qui servent à relaxer dans sa baignoire. Il s’agit plutôt de «designers drugs», ou de «drogues sur mesure» en français.
Selon Santé Canada, les substances les plus courantes contenues dans les «sels de bain» sont des formes synthétiques de la cathinone des plantes, comme du méthylène-dioxy-pyrovalerone, ou MDPV, des stimulants euphorisants.
Les «sels de bain» sont utilisés pour leurs effets psychotropes. Leurs effets à court ou long terme sont semblables à ceux de la cocaïne, de la méthamphétamine (meth) ou de l’ecstasy. Cette drogue favorise la consommation excessive, en plus d’augmenter les risques de psychose. Elle peut finalement provoquer de l'hypertension, de l’agressivité et des hallucinations.
S'agit-il d'une nouvelle substance?
Popularisés dans les années 2010, les «sels de bain» font partie de ces nouvelles substances de synthèse dont la vente a explosé sur le «dark web», un ensemble de réseaux clandestins sur internet.
Bien qu’ils soient encore légaux dans plusieurs pays, les «sels de bain» ont été interdits par le gouvernement fédéral en 2012. L’engouement pour cette drogue s'était tranquillement dissipé jusqu’à ce qu’on la retrouve récemment dans de la cocaïne et du MDMA à Montréal.
Sa présence dans les rues de Montréal n'a rien de surprenant, soutiennent des intervenantes du milieu.
«Les “sels de bain” ne sont pas un nouveau produit de coupe, même si les plus récentes analyses démontrent peut-être une plus grande ampleur pour la cocaïne», mentionne Magali Boudon, directrice générale du GRIP, un organisme qui offre des services de proximité adaptés aux personnes qui fréquentent les milieux festifs et qui teste des échantillons depuis moins d’un an maintenant.
La directrice générale de l’Association des intervenants en dépendance du Québec, Sandhia Vadlamudy, abonde dans le même sens. Selon elle, «toutes sortes de substances et de composés» sont mélangés à diverses drogues depuis plusieurs années à Montréal.
Pourquoi couper de la coke avec des «sels de bain»?
À Montréal, la cocaïne est la drogue la plus consommée. En la coupant avec des «sels de bain», on peut rendre les consommateurs plus dépendants, selon Mme Boudon.
Sans le savoir, certaines personnes, normalement capables de contrôler leur consommation, pourraient donc en prendre et avoir de la difficulté à s’arrêter.
Pourquoi est-ce inquiétant?
«Il faut toujours s’inquiéter de la coupe dans les substances. Chaque coupe est l’effet de surprise», insiste Magali Boudon.
En coupant de la cocaïne ou du MDMA avec des «sels de bain», on peut, par exemple, doubler l’effet stimulant et intensifier l’effet psychotrope, ce qui peut provoquer des psychoses, mentionne-t-elle. Et «à côté de ça, tu ne dors pas, tu vas prendre des Red Bull, tu peux boire de l’alcool et te mettre dans un état paranoïaque», poursuit-elle.
Sandhia Vadlamudy ajoute qu’«il y a des risques de surdose en diversifiant les substances». Elle appelle d’ailleurs à la vigilance. «Il ne faut pas baisser la garde, et les consommateurs doivent rester prudents», insiste-t-elle.
La «drogue du zombie»?
Depuis leur apparition, les «sels de bain» ont souvent attiré l’attention à travers le monde.
En 2012, un homme fortement intoxiqué avait été abattu en pleine rue par la police de Miami alors qu’il tentait d’arracher le visage d’un sans-abri avec ses dents. Les rumeurs voulaient qu’il ait été sous l’influence des «sels de bain», mais cela a par la suite été démenti.
En 2016, un étudiant américain de 19 ans a assassiné un couple âgé,puis a mangé le visage de l’homme. Si les policiers ont d’abord avancé qu’il était sous l’influence des «sels de bain», aucune drogue n’a été retrouvée dans son système.