En vue du 1er juillet, des comités logement s’attendent au pire | 24 heures
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En vue du 1er juillet, des comités logement s’attendent au pire

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Photomontage: Julie Verville

Les comités logements en région le répètent depuis plusieurs mois: avec des taux d’inoccupation aussi bas, ils s'attendent à un 1er juillet (très) occupé. Pour mieux comprendre ce phénomène, des intervenants de Rimouski, Sherbrooke et Drummondville nous brossent le portrait de la situation.  

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Rimouski – Taux d’inoccupation de 0,2%  

«Non seulement on vit la pénurie de logements, mais on la vit en accéléré» 

Le taux d’inoccupation a grandement chuté en cinq ans dans cette ville du Bas-Saint-Laurent, passant de 3,4% en 2017 à 0,2% en 2022, selon les dernières données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Pour les appartements de grandeur 4 1⁄2 et plus, l’organisme fédéral note une absence totale de logement avec un taux d’inoccupation de 0%.  

Selon l’office d’habitation Rimouski-Neigette, 15 personnes résidaient au 31 mai dans un hébergement temporaire d’urgence et pourraient toujours en avoir besoin au 1er juillet prochain. Ajoutons à cela 117 dossiers ouverts pour une demande à la recherche d’un logement. 

«Non seulement on vit la pénurie de logements, mais on la vit en accéléré», constate sur le terrain Alexandre Cadieux, intervenant au Comité logement Rimouski-Neigette. «En 2018, c’était facile de se loger à Rimouski, tandis qu’on parlait déjà de crise du logement à Montréal.» 

Alexandre Cadieux évoque plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette crise du logement «accélérée», comme l’exode de certains résidents de Québec et Montréal vers Rimouski et l’augmentation des locations temporaires Airbnb sur le territoire de Rimouski-Neigette. «En janvier, on a recensé pas moins de 130 logements à louer sur Airbnb», rapporte-t-il. 

Selon lui, cette nouvelle pénurie de logements a fait augmenter les loyers très rapidement en raison de la rareté. «Les proprios ont le gros bout du bâton en ce moment», juge-t-il.  

M. Cadieux a même observé que plusieurs personnes ne souhaitent pas quitter leur logement insalubre, craignant de ne rien trouver. «Ne quittez pas, ne cassez pas votre bail sans avoir trouvé autre chose. Car il n’y a absolument rien», conseille-t-il aux locataires. 

Rimouski

Photo tirée de Facebook

Rimouski

Sherbrooke – Taux d’inoccupation de 0,9%  

Treize familles hébergées depuis le 1er juin 

Sherbrooke n’a peut-être pas à faire avec le pire taux d’inoccupation de la province : il n’en demeure pas moins qu’il s’est effondré dans les dernières années, passant de 6,4% en 2016 – soit le double du seuil d’équilibre de 3% - à 0,9% en 2021, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). 

«La situation est hors de contrôle en vue du 1er juillet», constate sur le terrain le porte-parole de l’Association des locataires de Sherbrooke, Mario Mercier.  

Le 2 juin dernier, déjà 13 ménages se retrouvaient à la rue pour divers motifs : bail venu à échéance, reprise de logement ou incapacité de payer le loyer. L’année passée, à pareille date, l’association de locataires n’avait pas encore relocalisé une seule famille incapable de trouver un logement. 70 ménages avaient été relocalisés lors de la journée annuelle du déménagement. 

Pour Mario Mercier, le pire est à venir. «Les locataires vont attendre jusqu’à la dernière minute avant de demander de l’aide.» 

Selon le comité logement, les demandes d’aide pour trouver un logement se multiplient aussi. Le 1er juin dernier, 58 ménages ont contacté l’office municipal d’habitation pour demander de l’aide. On comptait 42 familles dans la même situation à la même période en 2021, et une vingtaine en 2020. 

«Si la tendance se maintient, on va être rendu à 1000 familles dans la rue dans les années à venir», extrapole M. Mercier face à cette montée en flèche des demandes d’urgence. 

Pour Mario Mercier, le nœud du problème pour cette ville de 170 000 habitants concerne le manque de logements abordables. Il a constaté que, dans la dernière année, la ville a misé sur de nouvelles constructions pour palier ce manque. En revanche, ces nouveaux logements demeurent inabordables à la classe moyenne ou aux personnes les plus démunies, d’où le nombre important de demandes d’aide, déplore Mario Mercier.  

Archives/Agence QMI

Drummondville – Taux d’inoccupation de 0,2%  

«On s’attend encore à pire cette année» 

Drummondville, qui compte 80 000 habitants doit jongler avec le second pire taux d’inoccupation de la province, situé à 0,2% en octobre 2021.  

Ce grand manque de logements a eu une incidence sur le nombre de demandes d’accompagnement reçues par l’Office municipal d’habitation de Drummondville, souligne son directeur général David Bélanger. Pas moins de 351 personnes ont utilisé ce service cette année. «C’est le double de l’année passée à pareille date», compare-t-il. 

Trois ménages ont déjà été pris en charge par le service d’hébergement d’urgence de la ville en date du 1er juin. En 2021, seuls 8 ménages ont utilisé ce service dans toute l’année. «Et on s’attend encore à pire cette année», se désole M. Bélanger en raison, notamment, du nombre d’appels qui a doublé.  

Le directeur général explique ces chiffres par «le coût des loyers [qui] augmente de façon rapide» et la capacité de payer considérablement réduite 

La directrice générale du comité logement Action location Drummond, France Boulanger, abonde dans le même sens. «C’est l’enfer comment il n'y a pas de logements», constate-t-elle. 

Tout comme du côté de Sherbrooke, Mme Boulanger observe de nouvelles constructions, mais qui ne sont pas destinées à la classe moyenne. Elle ajoute toutefois que dans leur secteur du Centre-du-Québec, il y a une forte concentration du parc locatif dans les mains des mêmes propriétaires. Encore selon Mme Boulanger, ils régulent ainsi les prix du marché locatif et procèdent à des tactiques pour évincer les locataires de longue date et monter ces loyers abordables.  

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