Voici tout ce qu’il faut savoir sur la semaine de 4 jours | 24 heures
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Voici tout ce qu’il faut savoir sur la semaine de 4 jours

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Photomontage: Marilyne Houde

Après la Belgique, l’Islande et le Japon, c’est au tour du Royaume-Uni de tester la semaine de travail de quatre jours. Depuis le 1er juin dernier et pour les six prochains mois, plus de 3000 employés issus de quelque 70 entreprises expérimentent cet horaire. Chez nous, la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec a proposé que cela devienne la norme, alors que de plus en plus d’entreprises se lancent dans cette expérience. Pourrait-on voir la semaine de quatre jours implantée ici? Deux experts nous expliquent ce que ça implique.

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Comment ça fonctionne?   

«On diminue les heures de travail pour que l’employé ait plus de temps à l’extérieur. Donc, nous, on vise idéalement un 32 heures [...] avec le même salaire [qu’auparavant]», résume Catherine L. Galvani, consultante B corp chez Boite Pac. Elle accompagne des entreprises qui souhaitent implanter la semaine de travail réduite et travaille elle-même quatre jours par semaine.

D’un point de vue personnel, celle qui sort tout juste d’un congé de maternité adore la semaine de quatre jours. Quand elle va porter son enfant à la garderie le vendredi, elle a toute la journée pour faire l’épicerie, préparer des repas pour la semaine, prendre ses rendez-vous ou, simplement, prendre du temps pour soi. Ainsi, la fin de semaine, elle peut décrocher avec sa famille et, du lundi au jeudi, elle peut être 100% concentrée au travail.

Pourquoi des entreprises passent-elles à la semaine de travail réduite?  

En ces temps de pénurie de main-d’œuvre, offrir la semaine de quatre jours au même salaire est une stratégie de recrutement et de rétention de personnel intéressante, explique Brad Aeon, professeur au Département d'organisation et ressources humaines de l’ESG UQAM. 

«De plus en plus, ce qu’on voit, c’est que les employeurs font compétition pour attirer du talent, pas forcément en termes d’argent ou de prestige, mais vraiment en termes de temps», explique-t-il.

Mais les bienfaits de la semaine de quatre jours ne concernent pas que le recrutement. Diminution des cas d’épuisement professionnel, hausse de la satisfaction des employés, meilleure créativité: les avantages observés par Catherine L. Galvani sont multiples, tant pour les employés que pour la partie patronale. 

«Ça apporte vraiment de beaux avantages, tant à l’employé, qui est en meilleure santé, qu’à l’entreprise, qui bénéficie d’un employé qui est vraiment allumé, qui est là pour travailler et qui est super motivé», estime-t-elle. 

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La réduction des heures de travail comporte également des effets sociaux bénéfiques. «En normalisant le fait de travailler moins, ça peut réduire, dans un certain sens, les inégalités sociales», affirme Brad Aeon. 

Comment? Actuellement, certaines personnes – majoritairement des femmes – ne peuvent accéder à certains postes de pouvoir, puisqu’elles ne peuvent se permettre de travailler 60 heures par semaine, en raison de responsabilités externes au travail (jeunes enfants dont il faut s’occuper, parents vieillissants à charge, etc.). En diminuant le nombre d’heures travaillées, on vient réduire les barrières à l’entrée pour ces postes.

Peut-on être aussi productif en quatre jours qu’en cinq?  

«Il y en a beaucoup qui vont me contredire et dire que ça ne se peut pas, être plus productif en quatre jours qu’en cinq jours, mais oui, ça se peut! Pourquoi? Parce que [l’horaire de] quatre jours, quand on l’implante dans une entreprise, ça vient avec une tout autre manière de faire les choses», estime Mme Galvani.  

Il faut donc, selon elle, repenser notre organisation du travail, couper certaines réunions inutiles et miser sur des périodes de concentration (où l'on n’est pas dérangé par les collègues) pour se consacrer à des tâches précises.  

«Ce n’est pas vrai qu’un employé est productif 40 heures sur 40 dans une semaine de 5 jours, c’est impossible», ajoute-t-elle.

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Elle met toutefois en garde ceux qui seraient tentés de mettre en place ces mesures d’efficacité sans diminuer les heures de travail. 

«Est-ce qu’on ne pourrait pas juste implanter toutes ces mesures-là, de productivité, sur cinq jours, et devenir une entreprise hyper productive, mais cinq jours par semaine? La réponse, c’est non de manière générale, parce qu’un employé qui serait productif à ce niveau-là se brûlerait», explique-t-elle. 

Elle reconnaît toutefois que la transition peut représenter un défi. «Il faut prévoir une courbe d’apprentissage, ce n’est pas vrai que, du jour au lendemain, votre quatre jours va être un succès. Il faut aussi prévoir de la résistance, dans certaines entreprises plus que d’autres.»

Serons-nous de plus en plus nombreux à travailler quatre jours par semaine?   

Les deux experts à qui nous avons parlé estiment que l’engouement pour la semaine de quatre jours devrait continuer de prendre de l’ampleur dans les prochaines années. 

«[On] va très certainement tendre vers cela. Si ce n’est pas une semaine de quatre jours, au moins des heures réduites ou plus de flexibilité», selon M. Aeon.

Une tendance que confirme Mme Galvani: «Il y a vraiment un mouvement, en ce moment! Notre téléphone sonne de plus en plus souvent pour de l’accompagnement [vers les quatre jours par semaine].»

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