Travail hybride: un à deux jours au bureau par semaine sont idéals

Le meilleur des deux mondes: voilà ce qu’une équipe de chercheurs de la Harvard Business School avance avoir découvert. Selon leur expérience, passer un à deux jours par semaine au bureau est optimal pour le travail hybride. Cette configuration permettrait d’être le plus efficace possible, sans souffrir de l’isolement.
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Comme le mode de travail hybride commence à s’implanter dans bon nombre d’entreprises au sortir de la pandémie, les données concrètes sur la meilleure façon de l’organiser se font rares. Or, une étude de la Harvard Business School, parue en mars 2022, avance qu’un certain nombre de jours passés au bureau serait garant de meilleurs résultats et d’un meilleur bien-être des employés.
Pour les déterminer, les chercheurs ont attribué au hasard un nombre de jours à travailler au bureau à 108 employés d’un département de ressources humaines au Bangladesh. Résultat: les employés qui travaillaient 1 ou 2 jours au bureau et le reste de la semaine à la maison ont démontré une plus grande productivité, du travail de meilleure qualité et plus de créativité. Les employés passant la majorité de la semaine à la maison ou, au contraire, au bureau, ont été considérés comme moins performants.
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Les chercheurs expliquent leur résultat par un compromis entre la flexibilité offerte par le télétravail et la sociabilité qu’on retrouve au bureau. Ces employés ont aussi rapporté une plus grande satisfaction quant à leur travail, un meilleur sentiment d’équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle et un moins grand sentiment d’isolement.
Des résultats à nuancer
S’agit-il là de la recette parfaite pour le travail hybride? «La réalité du travail n’est pas aussi coupée carré», avertit Diane-Gabrielle Tremblay, professeure d’économie et de gestion à la Téluq.
Si la recherche s’est penchée sur le travail d’employés de ressources humaines, ses résultats ne se transposent pas aussi directement à d’autres types d’emploi. Les milieux de travail et les besoins sont tous différents, nuance-t-elle.
«Ça dépend du genre de tâches effectuées et du niveau d’interdépendance entre elles. Si on doit étroitement en collaboration, ça vaut la peine de se voir au moins trois jours, par exemple», indique la professeure.
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L’efficacité d’un modèle hybride ne se limite pas au nombre de jours passés au bureau, mais à de multiples facteurs, dont l’organisation du travail et de l’espace.
«Si on fait venir les employés par petite équipe au bureau, on réduit la communication interéquipe au sein de l’entreprise et on se retrouve avec moins de diversité et moins de rencontres spontanées qui sont de grands moteurs pour la créativité», explique Diane-Gabrielle Tremblay.
Les jours choisis pour se rendre au bureau peuvent aussi avoir un impact sur l’efficacité. «En général, on conseille aux gens de venir le mardi, mercredi ou jeudi, dit-elle. C’est le lundi et le vendredi qu’on compte le plus d’absences et de demande de télétravail. Encore une fois, cela dit, ce n’est pas une recette magique.»
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Le bureau ne doit pas être négligé non plus, même si les employés n’y passent qu’un ou deux jours par semaine. Les bureaux en libre-service, adoptés par les entreprises qui ont réduit l’espace de bureau au-deçà du nombre total d’employés, sont généralement peu appréciés et découragent les gens de se rendre au bureau.
«Les gens veulent pouvoir être dans leurs affaires et ne pas avoir à déménager tout leur matériel chaque jour. Le fait de devoir réserver son espace de travail à l’avance de ne pas savoir avec qui on va partager l’espace sont aussi des éléments démotivants», précise la professeure.
Le mode hybride là pour rester
Le travail hybride n’en est probablement toujours pas à sa forme finale. Son application récente ainsi que les nouvelles vagues de COVID laissent croire que les entreprises devront être en mode adaptation pour encore au moins un an, ou même un an et demi, avance Diane-Gabrielle Tremblay.
Malgré la volonté de certaines entreprises, il est peu probable que le monde du travail revienne à son fonctionnement prépandémique. «Une majorité des salariés veulent garder le télétravail et dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, si on ne leur offre pas, ils iront voir ailleurs.»
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Et ce ne sont pas que les jeunes travailleurs qui tiennent à leur flexibilité. «Déjà en 2001, le télétravail, même si rare, était vu comme un avantage très attrayant pour les travailleurs», rappelle Diane-Gabrielle Tremblay.
Même dans les pays où la culture de bureau est très forte, comme la France et le Japon, où le télétravail a été vécu de manière plus négative par une majorité de salariés, le retour complet au bureau n’est pas une option populaire.
«Il y a encore beaucoup de réflexions à avoir, au-delà de combien de jours on doit faire rentrer les gens au bureau. La clé, c’est de s’organiser de manière à ce que les employés ne viennent pas au bureau simplement pour faire la même chose qu’ils font déjà à la maison», conclut Diane-Gabrielle Tremblay.