Au bord du canal de Lachine: une nuit de camping en solidarité avec les personnes en situation d'itinérance

Au moins une dizaine de manifestants passeront la nuit de samedi à dimanche à camper sur le bord du canal de Lachine afin de sensibiliser les citoyens aux répercussions des démantèlements des campements de personnes en situation d’itinérance.
• À lire aussi: Itinérance: Montréal veut engager un employé pour démanteler les campements
• À lire aussi: Les grandes chaleurs en ville seront plus intenses et plus fréquentes
Les manifestants y resteront de samedi midi jusqu’à 14h, dimanche, afin de souligner un «non-sens», soit «les démantèlements» et «la tolérance zéro pour les personnes en situation d’itinérance», insiste l’intervenante de rue Annie Archambault, qui co-organise l’événement.
Au début du mois, l'activiste avait critiqué, sur son compte TikTok, la tenue d’activités d’initiation au camping par Parcs Canada sur les berges du canal de Lachine.
Selon elle, il était inconcevable que ces activités, au coût de 108,75$ pour quatre personnes, se déroulent à Montréal, où les campements pour itinérants ne sont pas tolérés et sont fréquemment démantelés. Rappelons que le terrain où sont prévues ces activités appartient à Parcs Canada et que la Ville de Montréal n’a pas son mot à dire sur ce qui s’y déroule.
En réponse à la situation, des militants ont organisé un «camping d’initiation à la solidarité» à proximité de l’activité organisée par Parcs Canada. Lors du passage du 24 heures, samedi après-midi, une dizaine de personnes étaient installées pour y passer la nuit. D'autres personnes étaient attendues plus tard en soirée.
Ouvrir le dialogue
Après avoir entendu les critiques d’Annie Archambault sur les réseaux sociaux, Parcs Canada a pris la décision d’inviter les manifestants à camper sur son terrain. L’intention est d'ouvrir le dialogue sur la sensibilisation des réalités des personnes en situation d’itinérance, explique le responsable de l’activité, Simon St-Germain. «C'est le choix qu’on a fait pour éviter un combat entre nous deux», mentionne-t-il.
«Pour nous, c’était important qu’ils s’installent sur notre terrain pour pas qu’ils se fassent mettre dehors par une entité qui n'est pas la nôtre», ajoute le responsable.
Les manifestants passeront donc la nuit sur ce terrain fédéral, tout près de l’usine iconique Farine Five Roses, avec l’accord de l’agence gouvernementale.
En soirée, les manifestants ont été invités par Parcs Canada à animer une activité de sensibilisation aux réalités de l’itinérance autour d’un feu, et tout le monde est invité à participer à cette activité.
• À lire aussi: Tolérer et encadrer les campements de personnes itinérantes peut faire partie de la solution : voici pourquoi
Les démantèlements, une solution?
Le responsable de l’activité, Simon St-Germain, considère que c’est important de démontrer la sensibilité de Parcs Canada envers les réalités des personnes en situation d’itinérance.
«Vous pouvez aller vous promener sur le canal de Lachine, [des campements de personnes en situation d’itinérance] il y en a, fait remarquer Simon St-Germain. On a toujours adopté la même politique, c’est-à-dire que tant que ça ne dérange pas, tant qu’on respecte les autres visiteurs, que c’est sécuritaire, que c’est propre, on préfère tolérer. Parce qu’on sait que ce n’est pas une solution de démanteler parce qu’il y a quelqu’un d’autre qui va venir s’installer.»
• À lire aussi: Un an plus tard, voici où sont les anciens du campement Notre-Dame où vivaient des personnes itinérantes à Hochelaga
Le démantèlement de campements de personnes en situation d’itinérance ne peut que nuire à celles-ci, affirme l’intervenante de rue Annie Archambault.
«Ce qui arrive quand on démantèle les personnes, c’est qu’on fait encore plus les mettre dans une situation de précarité, explique-t-elle. On fait juste les mettre encore plus en danger parce qu’on demande à des gens de quitter les lieux, pis à force qu’ils quittent les lieux, ben ils vont aller dans des places [où il sera] encore moins facile pour les travailleurs de rue et les intervenants de terrain de les rejoindre.»
Les campements, bien que nécessaires, ne sont pas une «solution à long terme», mais bien «la solution pour la dignité des personnes qui attendent un logement», précise celle qui fait de la sensibilisation aux réalités de l’itinérance sur son compte TikTok.
Pour la Ville de Montréal, «les campements ne sont ni une solution durable, ni une solution sécuritaire», a écrit une porte-parole du cabinet de la mairesse cette semaine au 24 heures. «On souhaite que les ressources en itinérance soient augmentées à Montréal, c’est dans ce sens que nous travaillons avec les organismes communautaires et nos partenaires gouvernementaux», poursuit-on.
Le cabinet de la mairesse assure que les démantèlements sont effectués «dans une grande sensibilité». «On leur demande d’agir de façon graduelle et humaine dans le respect de la dignité des personnes vulnérables», écrit-on. La Ville de Montréal cherche actuellement à embaucher une personne dont la principale tâche sera de démanteler des campements dans le secteur de Ville-Marie.
En ce moment, il manque 300 places d’hébergement d’urgence d’ici l’hiver à Montréal, ajoute-t-on au cabinet de la mairesse.