Jalousie, confiance: des polyamoureux nous révèlent comment c’est de vivre dans une relation non monogame | 24 heures
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Jalousie, confiance: des polyamoureux nous révèlent comment c’est de vivre dans une relation non monogame

Image principale de l'article Des polyamoureux se confient sur leurs relations
Photomontage Marilyne Houde

«Pour moi, ce n’est pas un choix, c’est une identité»: Liza Courtois est polyamoureuse, un point c’est tout. De la même manière que quelqu’un se définissant comme queer, ça fait partie de la personne qu'elle est, de sa nature profonde. 

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À 21 ans, alors qu'elle était dans sa première (et seule) relation monogame, elle a vite compris que ce n’était pas pour elle. «Je le sentais à chaque moment que ça ne me plaisait pas qu’on soit fermé et que j’avais envie d’autre chose», confie-t-elle.   

Lorsque cette relation a pris fin, un an et demi plus tard, elle a lu The Ethical Slut (ouvrage en français: La salope éthique). Ce guide sur les relations libres l'a convaincue que c’était possible de vivre sa sexualité différemment et sans complexe.   

Liza Courtois est polyamoureuse non hiérarchique

Photo courtoisie

Liza Courtois est polyamoureuse non hiérarchique

«Ça m’a vraiment ouvert les yeux. C’est ça le genre de relation que je veux [...] tout n’a pas besoin d’être défini, je peux avoir des amis avec qui j’ai de la sexualité, des gens avec qui j’ai de la sexualité, mais qui ne font pas partie intégrante de ma vie, des amoureux, des amoureuses.»

Le polyamour, c’est le fait de pouvoir être en relation avec plus d’une personne ou d’en fréquenter d’autres en dehors de son couple. Liza Courtois, pour sa part, est polyamoureuse non hiérarchique, c’est-à-dire qu’elle n’établit pas de hiérarchie entre ses différents partenaires. Ils sont tous sur le même pied d'égalité. 

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Polyamoureux pour ne pas tromper 

Pour certaines personnes, comme Liza Courtois, le polyamour est donc une identité. Pour d’autres, c’est plutôt un choix dont l’objectif est de faire perdurer une relation, constate le sociologue Félix Dusseau, dont la thèse de doctorat porte sur les relations plurielles.  

«Il y a des gens qui, par leur trajectoire de vie, vont être depuis toujours sensibles à la non-exclusivité, alors que pour d’autres, ils vont se tourner vers ça [la non-exclusivité] à des moments bien précis», explique-t-il.   

Zach Poitras, par exemple, a toujours eu du mal à rester fidèle à ses partenaires. Depuis cinq ans, iel s’est tourné vers le polyamour.   

Photo courtoisie

«Avant, je trompais tous mes ex parce que je tombais amoureux d’autres personnes, admet la personne qui se définit comme non binaire. À un moment donné, j’ai rencontré du monde non monogame, ils m’ont ouvert cette porte et je me suis dit que ça serait vraiment moins toxique.»  

«J’ai beaucoup d’amour à donner, alors j’aime mieux le faire en disant à tout le monde ce qui se passe plutôt que d’essayer de le cacher», ajoute Zach Poitras.   

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Chercher à gauche et à droite ce qui manque 

Pour Jérôme*, c’est une relation exclusive de 11 ans qui l’a mené à se questionner sur ce que c’était, pour lui, l’amour.   

«J'ai posé des questions à des personnes que je côtoyais et qui étaient dans le polyamour et j’ai compris que c’était plus pour moi, raconte-t-il. Ma définition de l’amour était plus vers le polyamour que la monogamie.»  

Celui qui se présente aujourd’hui comme polyamoureux savoure la liberté que ça lui procure. Il est heureux de pouvoir «aller chercher à gauche et à droite» ce qui lui manque dans sa relation principale.  

La jalousie existe encore 

Mais attention: ce n’est pas parce qu’une personne est polyamoureuse qu’elle n’est pas jalouse.   

«Ce qui se passe dans le polyamour, c’est qu’on essaie de trouver des moyens de dealer avec la jalousie sans que ça soit une crise et sans que ça soit une émotion mauvaise», mentionne Liza Courtois.   

«Comme dans toute relation, il y a de la jalousie, mais c’est vraiment la communication qui fait qu’on peut passer au travers», souligne pour sa part Élodie*, qui est en couple depuis trois ans avec Jérôme. Elle admet d’ailleurs que c'est parfois difficile, pour elle, de voir son amoureux aller à un rendez-vous avec une autre femme.   

«Je trouve que le polyamour a renforcé notre relation parce que c’est difficile, pour lui et pour moi, d’exprimer clairement ce qu’on ressent. Mais en étant dans une relation [polyamoureuse], on n’a pas le choix de communiquer si on veut bien le faire», ajoute-t-elle.  

Quelques règles de base 

Pour éviter de se blesser l’un l’autre, Jérôme et Élodie ont établi quelques limites à ne pas franchir.   

Avant d’aller à un rendez-vous, ils discutent ensemble de ce qui s’en vient. Quelles sont les attentes et les intentions? Celui qui part en date a-t-il l’intention d’avoir un rapport sexuel complet, de pratiquer le sexe oral uniquement ou même d’embrasser la personne qu’il s’en va rencontrer? L’idée, c’est d’avoir une idée claire de ce qui risque d’arriver.  

À certaines occasions, Jérôme et Élodie acceptent que l’autre invite quelqu’un à la maison pour un rendez-vous. Mais encore là, ils en discutent et prennent la décision ensemble. Et si Jérôme ou Élodie a du sexe dans leur lit, les draps doivent être changés. C’est une de leurs règles! 

Le polyamour vous intéresse? Voici quelques conseils: 

  • Informez-vous. Internet regorge de ressources où vous pouvez en apprendre plus sur les relations non monogames, en plus de vous donner accès à une multitude de livres et de balados sur le sujet.  
  • Communiquez! C'est la clé pour une relation polyamoureuse saine.   
  • Si vous êtes en couple et que vous voulez y intégrer une troisième personne, ne la négligez pas.  
  • Ayez confiance en l’autre personne.   

* Il s'agit d'un prénom fictif. Jérôme et Élodie ont préféré garder l'anonymat, craignant des répercussions dans le milieu de travail d'Élodie.

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