Marketplace est-il en train de tuer les autres plateformes de vente de seconde main?

Dernier venu parmi les sites de vente de seconde main, Facebook Marketplace s’est rapidement taillé la part du lion. Regroupant 1 milliard d’usagers à travers le globe, il est également le préféré au Québec. Devant le pouvoir de Facebook, les autres plateformes ne font pas le poids. Cette domination ne serait d’ailleurs pas une bonne nouvelle pour les consommateurs.
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Fondé en 2016 par Meta, la compagnie derrière Facebook et Instagram, Marketplace est apparu sur le marché bien plus tard que ses compétiteurs. Selon une étude menée par le Protégez-Vous, la plateforme de revente est pourtant utilisée par 62 % de ses répondants, loin devant Kijiji (31 %) et LesPacs (8 %).
La plateforme est aussi la mieux notée chez les répondants de l’étude qui apprécient son interface simple et la communication facile entre vendeur et acheteur. Marketplace a la particularité d’être un outil rattaché à Facebook, sur lequel il est plus facile de flâner que sur les autres sites où on se rend généralement par une recherche précise, par exemple par le biais de Google.
Ce flânage se traduit tout de même en nombre de transactions, selon l’étude. Comme la base d’utilisateurs est plus nombreuse sur Marketplace, il y est théoriquement plus facile d’y trouver des biens de seconde main ou d’en vendre.
Cette domination reflète la tendance mondiale, où Marketplace est de loin le site le plus populaire pour la vente de seconde main. Une tendance qui risque peu de changer, jusqu’à la possible disparition de ses compétiteurs.
La domination de Meta
Pour Sylvain Amoros, professeur au département de Marketing du HEC Montréal, Marketplace doit son succès surtout à l’omniprésence de Facebook dans le paysage numérique : « Facebook est le réseau social le plus visité et le 5e site le plus populaire de tout l’internet, c’est un trafic gigantesque. »
Si Marketplace semble être en train d’étouffer les autres sites de petites annonces, ce n’est pas une coïncidence. « Facebook a toujours fonctionné dans une optique de domination primaire en remplaçant ou en faisant l’acquisition de sa compétition », rappelle Sylvain Amoros.
La fréquentation de Marketplace a donc pu grandir très rapidement, alors qu’une grande partie de la population était déjà sur Facebook. Dans le Protégez-Vous, les adeptes de Marketplace disent apprécier le fait de pouvoir accéder au profil Facebook des gens avec qui ils font affaire pour se faire une idée.
Le danger du monopole
L’utilisation accrue de Marketplace ne vient pas sans ses mauvais côtés, avertit le professeur en marketing, surtout au niveau de la publicité ciblée : « Lorsqu’une application est gratuite, le consommateur est le produit. »
C’est en autres pour lui faire voir le plus de publicité possible que Facebook encourage ses usagers à passer le plus de temps possible sur la plateforme, entre autres, sur Marketplace. Pour ce faire, Marketplace fait usage de fonctionnalités trompeuses, explique Sylvain Amoros :« On va présenter des objets qui sont très loin de l’usager, ça donne l’impression d’une plus grande offre. »
Déjà dans l’eau chaude plusieurs fois pour ses méthodes de collection de données, Meta reste très opaque quant au fonctionnement de la publicité sur son site.
« Il faut se rappeler que Facebook est une centrale publicitaire avant tout. On va colliger des données à partir de l’activité des usagers, met en garde le professeur en marketing. Quelqu’un qui cherche des skis usagés va se retrouver avec de la publicité pour des magasins de plein air et d’autres produits associés aux skieurs. »
Un autre grand désavantage de Marketplace est la sécurité de la plateforme. On y retrouve beaucoup plus de tentatives de fraude que sur les autres sites où on s’est doté de mécanismes de contrôle pour les éviter. Ces fraudes impliquent des virements qui rebondissent, de faux frais de transport et des produits inexistants. Malgré qu’ils soient généralement au courant de ce risque, les usagers interrogés par le Protégez-Vous ne voyaient pas le risque accru de fraude comme une raison de délaisser la plateforme.
En général, Sylvain Amoros ne voit pas d’un bon œil l’assise de Marketplace sur le marché de seconde main sur internet : « Le monopole, c’est toujours la pire situation possible pour le consommateur. »