C’est quoi, au juste, la classe moyenne et qui en fait réellement partie? | 24 heures
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C’est quoi, au juste, la classe moyenne et qui en fait réellement partie?

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Photomontage: Marilyne Houde

À chaque campagne électorale, le terme «classe moyenne» occupe une place prépondérante dans les discours et les promesses des différents partis. Comment la définit-on, exactement, cette classe moyenne? On essaie d’y voir plus clair.

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Pourquoi en parle-t-on autant?

Pour commencer, un peu d’histoire : le terme est apparu pendant l’après-guerre, entre 1945 et 1975. Cette période, aussi appelée Trente Glorieuses, a été marquée par une forte croissance économique qui a permis un rehaussement du niveau de vie dans la plupart des pays développés. C’est au cours de cette période qu’une classe intermédiaire de la population, ni riche ni pauvre, s’est créée : la classe moyenne. 

Si on en parle encore autant aujourd’hui, c’est que la taille de la classe moyenne d’une société est associée à son degré de prospérité économique, bien qu’elle reflète aussi les inégalités. Et si les partis courtisent autant les individus faisant partie de la classe moyenne, c’est qu’ils représentent une imposante base d'électeurs.

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Quelle est la définition?

Il faut savoir qu’encore aujourd’hui, il n’y a pas de définition claire et nette de ce qu’est la «classe moyenne», puisqu’elle comporte plusieurs limites méthodologiques et qu’elle dépend de plusieurs facteurs, indique l’Observatoire québécois des inégalités. Ce dernier «appelle à la prudence» quant au recours du terme «classe moyenne» pour désigner une «entité homogène». 

«Les personnes qui s’y trouvent peuvent avoir des conditions de vie très disparates [...] Ainsi, il conviendrait plutôt de parler des classes moyennes», peut-on lire dans une publication de 2021 de l’organisme qui a largement étudié la question. 

Pensons notamment à un ménage qui a des revenus de 100 000$ par année : il y a fort à parier que la qualité de vie d’un couple sans enfant ne sera pas la même qu’un couple avec trois enfants avec le même revenu. Pourtant, les deux cas de figure entrent dans la définition de classe moyenne.

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Comment déterminer si on en fait partie?

En 2019, 43% de la population québécoise appartenait à la classe moyenne si on prend en compte les revenus bruts, selon une étude de 2019 de l’Observatoire québécois des inégalités. En revanche, lorsqu’on prend en compte les revenus nets (une fois les impôts et transferts gouvernementaux pris en compte), ce sont 61% des Québécois qui en feraient partie. 

Prêtons-nous tout de même à l’exercice. Certaines organisations définissent la classe moyenne comme les ménages dont le revenu ajusté après impôt et transferts se situe entre 75% et 150% du revenu médian. D’autres, comme l’OCDE, utilisent le seuil de 75% à 200% du revenu médian. Pour que ce calcul s’avère juste, il faut l’ajuster selon le nombre de personnes dans une famille.

Pour une personne seule

Au niveau individuel, le revenu médian après impôt était de 32 700$ en 2019, d’après l’Institut de la statistique du Québec. 

En considérant le seuil de 75% à 150% du revenu médian : les individus qui ont des revenus entre 24 525$ et 49 050$ feraient partie de la classe moyenne.

En considérant le seuil de 75% à 200% du revenu médian : ces montants se situeraient plutôt entre 24 525 $ et 65 400$, un écart de plus de 16 000$.

Pour une famille de deux adultes et deux enfants

Pour un ménage comprenant un couple et deux enfants, le revenu médian après impôts était de 108 350$ en 2019. 

En considérant le seuil de 75% à 150% du revenu médian : les familles qui ont des revenus entre 81 262$ et 162 525$ feraient partie de la classe moyenne.

En considérant le seuil de 75% à 200% du revenu médian : ces montants se situeraient plutôt entre 81 262$ et 216 700$, un écart de plus de 54 000$. 

Avec des écarts aussi importants, il va sans dire qu’il est très difficile de définir qui appartient réellement à cette fameuse classe moyenne. 

Les riches se croient plus pauvres

Fait intéressant : même si environ 43% de la population appartient à la classe moyenne, 56% des Québécois croient en faire partie, relevait en 2019 une analyse réalisée par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke. 

Ce sont principalement les personnes plus riches qui croient, à tort, faire partie de la classe moyenne. Comment se fait-il que notre perception de la classe sociale à laquelle on appartient soit si biaisée? 

La théorie la plus plausible, avancée par les chercheurs, est que les individus «évaluent leur position relative en fonction de leur cercle social» plutôt qu’à l’ensemble de la population. Ainsi, s’ils côtoient des personnes qui leur ressemblent, ils auront tendance à s’imaginer qu’ils font partie de la moyenne, même s’ils appartiennent plutôt à des classes plus défavorisées ou mieux nanties. 

Autrement dit, les individus ont tendance à sous-estimer le degré d’inégalités dans leur société. 

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Comment se porte le Québec?

Selon l’OCDE, la classe moyenne à travers le monde se rapetisse et des inégalités dans la répartition des revenus se creusent d’année en année. Cependant, le Québec fait encore bonne figure.

La classe moyenne au Québec serait plus importante (61%) que celle dans le reste du Canada (57%), principalement en raison du niveau plus élevé d’impôts et de transferts, ce qui lui permet de se démarquer. Les familles, surtout celles avec des enfants, réussiraient mieux en raison des «transferts sociaux plus généreux dont elles bénéficient», selon l’Observatoire québécois des inégalités.

Le Canada (et le Québec) serait donc plus égalitaire comparativement à d’autres pays de l’OCDE, comme les États-Unis, où 51% de la population appartient à la classe moyenne. À titre de comparaison, 68% des citoyens français font partie de cette classe.

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