Bore-out, brown-out, blur-out: connaissez-vous les différentes facettes du burnout? | 24 heures
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Bore-out, brown-out, blur-out: connaissez-vous les différentes facettes du burnout?

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Photomontage Julie Verville

Le burnout – ou épuisement professionnel – ne se limite pas qu'au surmenage. En réalité, le terme comporte de multiples facettes qui valent la peine d'être mieux connues pour prévenir et apprivoiser ce mal-être.

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D’abord, qu’est-ce que le burnout?

Le burnout découle généralement d'une surcharge de travail ou d'un surinvestissement dans la vie professionnelle et est associé à un état de stress chronique, expliquent la professeure adjointe au Département de gestion des ressources humaines de HEC Montréal, Mouna Khani, et la journaliste Emmanuelle Gril, dans un article de la revue Gestion de HEC Montréal. 

La dimension centrale du burnout est émotionnelle, selon la psychologue américaine Christina Maslach. Ses principaux symptômes sont la fatigue permanente, l’irritabilité, la colère, un manque de concentration et des difficultés relationnelles, notamment. 

En 2021, pas moins de 41% des jeunes Canadiens de 18 à 34 ans disaient souffrir d’épuisement professionnel, selon une vaste étude de l’organisation Recherche en santé mentale.

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Les autres visages de l’épuisement

Si on associe souvent le burnout à une surcharge de travail, ce n’est pas toujours le nombre d’heures qui nous épuise. Parfois, c'est ce qu'on fait avec ces heures passées à travailler, souligne la psychologue organisationnelle et associée chez la firme-conseil Humance, Julie Carignan.

«Souvent, on est épuisé parce qu’on vit une perte de sens et on est en incohérence avec nos valeurs», explique-t-elle au 24 heures

Voici trois facettes de l'épuisement professionnel qui n'ont parfois rien à voir avec le surmenage:

Le bore-out

À l’inverse du burnout, le bore-out est associé à une sous-charge au travail. Il se caractérise par un ennui au travail, en raison d’un manque de défis ou de motivation à accomplir des tâches. Devant une quasi-absence de stimulation, la personne qui en souffre vit un manque d’épanouissement et remet en doute ses compétences.

Le brown-out (ou le black-out)

À mi-chemin entre burnout et le bore-out se trouve le brown-out, provoqué par une perte de sens associée au travail. Les personnes qui en souffrent sont désengagées de leur travail et subissent une forte baisse de leur estime personnelle. 

Le blur-out

La pandémie et le télétravail ont donné un second souffle au blur-out, même s'il existe depuis belle lurette. Le blur-out, c'est l'incapacité de tracer la limite entre nos vies professionnelle et personnelle. Nos téléphones et autres appareils électroniques contribuent d'ailleurs à exacerber ce flou en nous gardant hyperconnectés. 

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Écouter son corps et sa tête

S'il nous arrive tous de vivre de «mauvaise» journée au travail, ce sentiment ne doit pas devenir constant et envahir nos pensées, prévient la psychologue et conférencière Julie Carignan. Il vaut mieux porter un regard attentif aux symptômes associés à l'épuisement professionnel avant que le moral soit au plus bas.

Selon la spécialiste, il faut faire attention à ces trois choses: la qualité du sommeil, la qualité d’attention et la qualité des relations.

«C’est sain de prendre des moments de recul et se poser des questions sur son travail et ses aspirations professionnelles. Là où ça devient malsain, c’est si ces pensées-là deviennent envahissantes. Si votre tête roule comme un hamster, que ça vous empêche de dormir, que ça vous cause des distractions dans la vie de tous les jours, c’est signe que ça ne va pas», explique-t-elle au 24 heures.

Dans tous les cas, il faut rester attentif à l’intensité, la durée et la pertinence des émotions ressenties.

«Au travail, c’est normal de parfois s’ennuyer. C’est normal d’être parfois frustré. Mais si on commence à vivre de l’anxiété le dimanche soir à l’idée de commencer notre semaine de travail, que les larmes nous montent aux yeux et qu’on n’en dort pas la nuit, c’est signe que ce n’est plus seulement un petit blues du dimanche.»

D’après la spécialiste, la nuance entre une émotion ou une pensée passagère et des pensées excessives et de la tristesse extrême est un bon indicateur d’épuisement professionnel. Dans tous les cas, il importe de consulter un professionnel de la santé.

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Mieux vaut prévenir que guérir

Plusieurs actions peuvent être posées pour limiter les risques de burnout. «Apprendre à dire non, mettre ses limites et s’exercer au lâcher-prise sont d’excellentes mesures de prévention», soulignent les autrices de l’article de la revue Gestion d’HEC Montréal. 

Éviter un épuisement professionnel représente un «important travail sur soi». Il faut, notamment, cesser de croire «qu’on porte sur ses épaules le poids du monde et qu’on doit assurer la pérennité de l’entreprise coûte que coûte».

Les employés qui ont tendance à prendre le poids de l'entreprise sur leurs épaules peuvent d'ailleurs finir par glisser sans le savoir vers le quiet quitting. Ce concept se résume à répondre aux exigences minimales de son emploi sans en faire plus, dans le but d’éviter un épuisement. 

Du côté des entreprises, les organisations ont «tout intérêt à investir du cœur et de l’énergie pour créer et entretenir une culture qui est bienveillante et un climat de travail sain», croit Julie Carignan. «Il ne faut pas prendre pour acquis que ça s’installe tout seul qu’une fois installé c’est terminé.»

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