Un cancer du poumon, «ce n’est pas trop vendeur»: des jeunes s’inquiètent pour l’avenir à Rouyn-Noranda
Aux lendemains des élections, des jeunes de Rouyn-Noranda s’inquiètent pour l’avenir de leur ville. Ils songent même à s’établir ailleurs si la Fonderie Horne ne diminue pas ses émissions d’arsenic rapidement. Pour eux, il est clair que la santé de la population et de l’environnement doit passer avant l’économie.
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«Ça fait 22 ans que j’habite à Rouyn, ce n’est pas dans mes plans d’aller vivre ailleurs. Mais si je ne me sens plus en sécurité et que je fais de l’anxiété par rapport à ma santé, je n’hésiterai pas à prendre mes valises et partir» laisse tomber Olivier Audet, étudiant en enseignement à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).
Il a vécu jusqu’à l’an dernier dans la maison familiale à un kilomètre de la Fonderie Horne, là où l’air est le plus vicié par les émanations de polluants — dont l’arsenic — et où les problèmes de santé sont les plus importants.
Lundi, le candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), Daniel Bernard, 63 ans, a défait la députée sortante de Québec solidaire (QS), Émilise Lessard-Therrien, 30 ans, dans la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.
Une population divisée
Au centre du débat: la Fonderie Horne, qui emploie 650 personnes payées plus de 106 000 $ en moyenne par année, et ses émissions d’arsenic autorisées à dépasser de 33 fois la norme québécoise de 3 nanogrammes par mètre cube (ng/m3).
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La priorité pour QS était de forcer l’usine à diminuer ses émissions d’arsenic. Pour les caquistes, c'était plutôt de préserver ces emplois.
«Ça divise vraiment la population», déplore Adam Archambault, 24 ans, étudiant en études autochtones à l’UQAT.
«Les gens veulent respirer un air moins pollué, mais il y a quand même une grosse crainte que la Fonderie ferme. En plus du travail bien payé, elle finance beaucoup d’événements culturels, l’art et les festivals.»
«Personne ne veut que l’usine ferme. Ce qu’on veut, c’est juste que la norme soit respectée», souligne-t-il, soit une cible beaucoup plus ambitieuse que celle de 15 ng/m3 d’ici l’été 2027 exigée par le ministère de l’Environnement.
Respecter la norme au plus vite
«La Fonderie et la CAQ disent que ce n’est pas envisageable d’atteindre le 3 ng/m3. Mais ce qui n’est pas envisageable, c’est de continuer à faire autant de profit avec l’usine et d’assurer la santé de la population», estime quant à lui Olivier Del Mei-Cyr, 18 ans, étudiant en sciences humaines au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.
Pour lui, il n’y a pas de place à la négociation: «La santé doit passer avant l’idée de faire de l’argent.»
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L’an prochain, il quittera Rouyn-Noranda pour poursuivre ses études universitaires.
«J’aurai le choix de revenir ou non. Mais si on me dit que je vais pogner un cancer du poumon et que je vais être intoxiqué par l’arsenic, ce n’est pas trop vendeur», fait-il valoir.
Même chose pour Jeanne Fournier, 17 ans, qui n’hésitera pas à quitter sa ville natale vers un endroit «moins contaminé» si le bilan de la Fonderie Horne ne s’améliore pas.
«Ce n’est pas une place où j’ai envie de rester pour élever une famille en sachant qu’on a plus de risques de tomber malade. Ce n’est pas attirant», confie l’étudiante en sciences de la nature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.
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Comment les rassurer et les convaincre de rester à Rouyn-Noranda?
«Il faut commencer par avoir le plan détaillé de la fonderie pour diminuer les émissions d’arsenic, puis avoir ensuite un suivi mensuel ou annuel, peu importe, mais on veut voir des chiffres concrets pour savoir que ça baisse», affirme Olivier Audet.