Khate Lessard répond à 5 questions sur son vagin | 24 heures
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Khate Lessard répond à 5 questions sur son vagin

Khate Lessard
Photo Joël Lemay

Khate Lessard

L’influenceuse Khate Lessard s’est fait construire une vulve, un vagin et un clitoris à partir de ses anciens organes sexuels masculins. Celle qui a été la première femme trans à participer à Occupation Double répond à cinq questions qu’elle se fait souvent poser sur sa vaginoplastie.

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Pourquoi avoir décidé de subir une vaginoplastie? 

«Je ne savais plus quoi faire avec mon entrejambe à part le cacher, je ne trouvais plus de point positif à le garder. Je n’avais plus de fun pantoute avec ça», lance Khate Lessard. Avant l’opération, l’influenceuse avait entamé un traitement hormonal qui avait fait diminuer la taille de ses testicules et baisser sa production de spermatozoïdes.  

Khate Lessard insiste toutefois: toutes les femmes trans ne subissent pas une vaginoplastie. C’est un choix personnel.  

«Il y a comme l’idée que quand tu es trans, il faut que tu te retapes pour essayer de ressembler le plus possible à ce que tu voudrais ressembler. [...] Ce n’est vraiment pas obligatoire de faire une vaginoplastie.»  

Comment ça marche, une vaginoplastie?  

D’abord, il faut savoir que presque toutes les parties du pénis et des testicules sont réutilisées pour construire le vagin.  

La peau du pénis est utilisée pour former la cavité du nouveau vagin. Les testicules sont retirés du scrotum, qui est en partie réutilisé pour façonner le fond du vagin. L'autre partie du scrotum sert à construire les grandes lèvres de la vulve, tandis que les petites lèvres, elles, sont formées avec le prépuce, la peau qui recouvre le gland. Lorsque le pénis est circoncis, le scrotum est aussi utilisé pour former les petites lèvres. Finalement, le gland du pénis est utilisé pour former le clitoris. 

La vaginoplastie ne permet évidemment pas à une personne trans d’avoir d’enfants ni de règles, puisqu’elle ne possède pas de système reproducteur féminin. 

Dans certains cas, la vaginoplastie implique seulement de construire une vulve, sans cavité et donc sans vagin. La personne qui subit cette opération chirurgicale aura une vulve ainsi qu’un clitoris qui permet d’avoir du plaisir sexuel, mais pas de vagin.  

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) couvre les coûts d’une vaginoplastie pour les personnes trans qui en font la demande. L'opération chirurgicale doit être effectuée dans une clinique privée choisie par l’État, soit la clinique GRS Montréal.  

C’était comment, après l’opération? 

Une fois sa vaginoplastie complétée, Khate Lessard devait dilater son nouveau vagin quatre fois par jour pendant 30 minutes. Elle devait y insérer une sorte de godemichet pour s’assurer que son vagin ne se refermait pas et qu’il maintenait sa profondeur.  

Pour assurer une bonne guérison, elle devait également prendre quatre bains par jour et laisser sécher son vagin à l’air libre, dans son lit, les jambes écartées.  

Au fil des mois, la fréquence des dilatations a diminué. Aujourd’hui (et depuis un an après l’opération), Khate Lessard doit dilater son vagin au minimum une fois par semaine. Une relation sexuelle avec pénétration est considérée comme une dilatation.  

Elle doit toutefois rester assidue: si elle ne le dilate pas régulièrement, son vagin pourrait perdre en profondeur de manière irréversible. Elle doit aussi faire une douche vaginale chaque jour.  

Qu'est-ce que l'opération change sexuellement?  

Dans les mois qui ont suivi l’opération, Khate Lessard a vécu une période d’«adaptation sexuelle». Ce qui l’excitait avant son opération ne l’excitait plus nécessairement après. 

«J’ai redécouvert ma sexualité, c’est absolument ce qui m’est arrivé, parce que je ne vivais plus les mêmes choses qu’avant», confie-t-elle. 

Dans les premiers temps, par exemple, elle s’est souvent masturbée en jouant avec son clitoris pour «dégourdir» ses nerfs, dit-elle. Elle a aussi demandé des conseils à ses amies qui ont un vagin pour mieux apprivoiser sa sexualité.  

Dernièrement, l’influenceuse a découvert le plaisir de la simulation prostatique. Parce que oui, elle a encore sa prostate!  

Pourquoi en parler autant sur les réseaux sociaux?  

L’influenceuse n’a jamais eu peur de se confier sur sa transidentité. Elle en parle sur les réseaux sociaux, mais aussi dans des conférences dans des écoles secondaires.  

«J’ai toujours amené ça de façon drôle. J’ai toujours eu ma façon à moi de faire ça ben niaiseux. Les gens méchants qui ont du fun à garrocher des méchancetés, quand tu leur apportes les choses avec autodérision, ils sont plus ouverts et ils comprennent mieux.» 

Ses vidéos TikTok sur sa vaginoplastie ont d’ailleurs particulièrement attiré l’attention. 

«Il y a des gens qui vont écouter [mes TikTok] pour en rire, d’autres vont trouver ça éducatif. Tout ça fait en sorte que ça apporte des conversations, les gens en parlent.» 

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