Qui est Elnaz Rekabi, la grimpeuse iranienne qui avait disparu après avoir compétitionné sans voile? | 24 heures
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Qui est Elnaz Rekabi, la grimpeuse iranienne qui avait disparu après avoir compétitionné sans voile?

Image principale de l'article Qui est Elnaz Rekabi, la grimpeuse iranienne?
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La championne iranienne d’escalade Elnaz Rekabi, qui n’avait pas donné signe de vie depuis lundi après avoir compétitionné sans voile, est finalement rentrée à Téhéran mercredi. Voici ce qu’il faut savoir sur l’athlète qui retient l’attention du monde entier.

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Elle a participé à une compétition sans voile  

Dimanche dernier, la sportive a participé sans voile aux championnats d'Asie d'escalade à Séoul, en Corée du Sud, un geste perçu comme un signe de solidarité avec les manifestations en Iran. 

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L'athlète de 33 ans portait un bandana lors de l'épreuve d'escalade de bloc et un bandeau laissant apparaître ses cheveux lors d'une seconde épreuve, selon les images diffusées par la Fédération internationale d'escalade.

La compétition, où elle s'est classée quatrième, se déroulait un mois jour pour jour après la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme arrêtée à Téhéran pour «port de vêtements inappropriés» en raison d'un voile couvrant insuffisamment ses cheveux au regard de la police des mœurs. Son décès a déclenché une vague de manifestations dans tout le pays.

La deuxième athlète connue sans voile  

Elnaz Rekabi est la deuxième Iranienne connue pour avoir participé non voilée à une compétition sportive depuis l'avènement de la République islamique en 1979, après la boxeuse Sadaf Khadem en 2019, exilée en France depuis.

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Il faut savoir que la République islamique impose aux sportives iraniennes, même dans les compétitions à l’étranger, de porter le voile. 

Son passeport lui a été confisqué  

Selon une source citée par la BBC, le téléphone portable et le passeport de l'athlète lui auraient été confisqués dans les heures suivant la compétition. 

La légende du foot Ali Daei, qui s'est exprimée en faveur des droits des femmes en Iran, se serait également vu brièvement confisquer son passeport.

Ali Daei

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L’ambassade d’Iran à Séoul avait démenti «toutes les fausses informations et la désinformation» au sujet de la situation d'Elnaz Rekabi et affirmé qu’elle avait quitté la Corée du Sud avec ses coéquipiers mardi.

Elle a été accueillie en héroïne à Téhéran  

Après avoir disparu pendant deux jours, Elnaz Rekabi est rentrée mercredi à Téhéran.

Des dizaines de personnes massées devant le terminal de l’aéroport Imam Khomeini l'ont accueillie sous les applaudissements, brandissant des téléphones portables pour filmer la scène.

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La foule, où se trouvaient des femmes ne portant pas le voile, a entouré une camionnette et une voiture où aurait pris place la sportive. Les deux véhicules ont quitté l’aéroport pour une destination inconnue. 

«Un accueil digne d’une héroïne, y compris de la part de femmes sans le voile obligatoire, à l’extérieur de l’aéroport de Téhéran pour la sportive Elnaz Rekabi. Les inquiétudes demeurent pour sa sécurité», a commenté l’ONG Center for Human Rights in Iran (CHRI), basée en Iran.

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Vêtue d’un blouson à capuche noir et d’une casquette de baseball, Elnaz Rekabi a été accueillie dans le terminal par ses proches, avant de s’adresser aux médias.

Sa décision d'enlever le voile: «pas intentionnelle» 

Après s'être excusée pour «l'inquiétude» qu'elle a pu causer, l'athlète a affirmé que la décision de retirer son voile n'était «pas intentionnelle», mais motivée par l'appel à effectuer l'épreuve plus tôt que prévu.

«En raison du climat qui régnait pendant les finales de la compétition et du fait que j’ai été appelée à prendre le départ quand je ne m’y attendais pas, je me suis retrouvée emmêlée dans mon équipement technique [...]. À cause de cela, je n’ai pas fait attention au foulard que j’aurais dû porter», a-t-elle raconté.

«Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu. Je présente mes excuses au peuple iranien pour les tensions créées», a-t-elle déclaré, ajoutant ne pas avoir «l’intention de dire au revoir à l’équipe nationale».

Mais la République islamique a plusieurs fois été accusée de provoquer des aveux ou déclarations forcées. 

Le journaliste iranien en exil Maziar Bahari a décrit les déclarations de la jeune femme comme une «confession forcée». «On peut voir la peur dans ses yeux. Elle ne fait que répéter ce qu’on lui a dit», a-t-il écrit sur Twitter.

Amnesty international a souligné que la jeune femme était de retour, «au risque d’une arrestation arbitraire, de torture et d’autres mauvais traitements».