Essai des processeurs Intel Core i9-13900K et i5-13600K: génération peaufinée
Les nouveaux Core i9 13900K et Core i5 13600K raffinent des processeurs déjà gagnants pour les ordinateurs de jeux.

Notre chroniqueur Maxime Johnson a mis les nouveaux processeurs Core d’Intel à l’essai.
Les ordinateurs assemblés avec les derniers processeurs d’Intel seront légèrement plus rapides que leurs prédécesseurs, tout en étant moins énergivores dans les tâches quotidiennes. Voilà, en gros, ce qu’il faut retenir de cette mise à jour mineure, mais tout de même appréciée.
Quoi de neuf?
Les nouveaux processeurs Core offrent sensiblement la même technologie que ceux de la douzième génération (leur gravure en 10nm est toujours la même), mais avec une architecture améliorée.
J’espère que vous me pardonnerez le jargon pour quelques paragraphes mais, en pratique, cette architecture améliorée permet par exemple au Core i9-13900K d’afficher une vitesse turbo plus rapide de 600 MHz, passant de 5,2 GHz à 5,8 GHz. Sa consommation maximale passe toutefois de 241W à 253W, mais cette hausse est minime, et elle ne devrait donc pas avoir d’impact sur votre choix de système de refroidissement. La mémoire cache des processeurs a aussi été revue à la hausse (à 32MB de cache L2 et 36 MB de cache L3, dans le cas du Core i9-13900K).
Autre nouveauté, le nombre de cœurs à faible consommation a aussi été doublé, passant de 8 à 16 dans le cas du Core i9-13900K, et de 4 à 8 dans le cas du Core i5-12600K. Ces cœurs conçus pour accomplir les tâches simples d’une façon peu énergivore (un concept qui s’inspire de ce qui se fait déjà dans l’industrie mobile) permettent surtout de réduire la consommation énergétique de l’ordinateur, mais peuvent aussi augmenter sa puissance pour les logiciels capables de profiter de tous les cœurs mis à leur disposition.
Nous verrons un peu plus loin quel est l’impact de ces améliorations sur les performances de l’appareil.
Nouveau processeur, même matériel
Alors qu’Intel change souvent les caractéristiques requises pour les pièces qui accompagnent ses processeurs d’une génération à l’autre, n’importe quel ordinateur compatible avec les Core de 12e génération pourra être utilisé avec les Core de 13e génération.
Les nouveaux processeurs Core sont en effet toujours en format LGA-1700, introduit l’année dernière. Un nouveau jeu de puce a bien été lancé, le Z790, mais les processeurs sont toujours compatibles avec les Z690. Les différences entre les deux sont d’ailleurs minimes. Outre une compatibilité avec la mémoire DDR5, plus rapide (jusqu’à 5600 MHz plutôt que 4800 MHz), ce sont plutôt les spécifications des fabricants de cartes-mères qui feront une différence entre un modèle Z690 et un modèle Z790.
En ce qui a trait à la mémoire, notons d’ailleurs qu’Intel a conservé la compatibilité avec la mémoire DDR4 pour cette génération. C’est un détail important, puisque AMD a plutôt choisi de forcer le passage à la DDR5 pour ses nouveaux Ryzen.
Qu’est-ce qui est le mieux entre les deux? Honnêtement, la vitesse de la mémoire vive ne se fait sentir que dans des usages très précis, comme le traitement de photo. Si votre but est de bâtir un PC puissant mais le moins cher possible, la DDR4 usagée (avec une carte-mère Z690 en promotion) me semble une bonne option. Si vous préférez acheter neuf, les technologies plus récentes devraient vous assurer une meilleure valeur de revente lorsque vous voudrez changer d’appareil. De toute façon, le prix de la DDR5 a d’ailleurs grandement diminué depuis l’année dernière.
Pour ce test, j’ai simplement utilisé le même ordinateur que celui que j’avais monté l’année dernière pour tester les processeurs de 12e génération:
Processeur : Intel Core i9-13900K
Processeur : Intel Core i5-13600K
Carte graphique : ASUS TUF Gaming RTX3080 OC
Carte-mère : Gigabyte Aorus Pro Z690
Mémoire vive : Corsair Vengeance DDR5 (32 Go)
Refroidisseur : Corsair iCUE H150i Elite LCD
Stockage : Cruicial P5 2 To
Alimentation : Thermaltake Toughpower GF2 ARGB 850W
Performances améliorées dans les jeux et les tests
Les performances dans les jeux vidéo des processeurs Core i9-12900K, Core i5-13600K et Core i9-13900K avec une carte RTX 3080, une résolution 1440 x 3440 pixels et la qualité graphique la plus élevée possible. Graphique : Maxime Johnson.
Pour cette nouvelle génération de processeurs, Intel annonce des performances améliorées, soit jusqu’à 41% en tâches multicœurs et jusqu’à 24% dans les jeux vidéo.
Les gains que j’ai observés sont toutefois plus modestes. Il faut dire que dans ses essais, Intel utilise des configurations qui maximisent le potentiel du processeur, notamment en optant pour la carte graphique la plus puissante possible, mais avec des jeux affichés en HD seulement. C’est de bonne guerre, mais ce n’est pas très représentatif d’un usage commun (si vous jouez en 1080p avec une RTX 3090, vous devriez revoir vos priorités dans la vie).
Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus, la nouvelle génération permet quand même d’obtenir une légère amélioration. Cela peut évidemment varier d’un cas à l’autre. Dans Red Dead Redemption 2, par exemple, la carte graphique était clairement l’élément limitant, alors opter pour un processeur plus puissant ne changeait rien. Dans Rainbow Six Siege, l’effet du nouveau processeur se faisait un peu plus sentir.
Dans chacun des cas, réduire la résolution et la qualité des graphiques permettrait de départager un peu mieux les processeurs, mais la différence ne serait pas énorme non plus. Même avec une résolution de 1080p. Red Dead Redemption 2 restait par exemple limité par la carte graphique, et non par le processeur. Avec Hitman 3, avec une résolution de 1080P et les graphiques à High, passer du Core i5-13600k au Core i9-13900K permettait d’améliorer le taux d’images par seconde de 10% environ.
Les performances à quelques tests de type benchmarks des processeurs Core i9-11900K, Core i9-12900K, Core i5-13600K et Core i9-13900K. Graphique : Maxime Johnson.
Les hausses sont souvent plus évidentes dans les tests de type benchmark. Au Cinebench R23 en multicœurs, par exemple, le pointage du Core i9 augmente de 41% de génération en génération, et celui de Core i5 de 33%, ce qui représente un bond considérable, et qui indique que les applications scientifiques, notamment, devraient bénéficier de ces nouvelles performances.
Le plus intéressant pour moi est toutefois le fait qu’à puissance égale, les nouvelles puces consomment beaucoup moins que celles de la génération précédente. Selon Intel, le Core i9-13900K reproduit la puissance du 12900K avec seulement 65% de sa consommation énergétique. J’ai eu de la difficulté à reproduire la mesure d’une façon indépendante, mais d’une façon anecdotique, j’ai en effet noté que pendant les tests qui ne poussaient pas les processeurs à leur limite, l’enveloppe thermique et la température des nouveaux processeurs étaient plus basses.
Puisque la puissance maximale est toujours la même, on ne peut toutefois pas profiter de cette meilleure efficacité pour acheter un système de refroidissement moins performant, ou un plus petit boîtier d’alimentation, malheureusement. Vos ventilateurs risquent au moins de tourner un peu moins souvent à pleine allure, et votre consommation énergétique sera réduite. Cela dit, on est encore très loin de la consommation minime des puces d’Apple, qui sont plusieurs générations d’avance à cet égard.
Dans l’ensemble les performances des nouveaux processeurs d’Intel ne changent pas la donne, mais les améliorations sont appréciées, surtout pour une mise à jour mineure.
Surcadencement : des gains marginaux
Les processeurs Core 13 laissent peu de place à ceux qui souhaitent surcadencer leur ordinateur. Capture d’écran : Maxime Johnson.
Comme l’année dernière, j’ai été assez déçu des performances des nouveaux processeurs pour le surcadencement. En fait, on dirait qu’Intel pousse déjà les cœurs à leur limite, il n’est donc pas vraiment possible de le faire davantage.
C’est particulièrement vrai avec le Core i9-13900K. En utilisant l’outil de surcadencement automatique Intel XTU, celui-ci ne parvient qu’à gagner 0,1 GHz, par exemple. Dans le benchmark XTU2, le pointage ne passe que de 12465 à 12697, une différence si petite que je ne me forcerai même pas à faire une règle de trois pour la chiffrer.
Même son de cloche pour le Core i5-13600K, avec une hausse de 0,2 GHz en théorie (en pratique, pendant un benchmark prolongé, la hausse était plutôt limitée à 0,11GHz), qui fait passer le XTU2 de 7916 à seulement 8173. Et puis, auparavant, le processeur consommait au maximum 14W de plus, et sa température était supérieure de 5 degrés.
Évidemment, il serait possible d’obtenir de meilleurs résultats en surcadençant manuellement le processeur et en se dotant d’un meilleur système de refroidissement, mais le jeu n’en vaut pas vraiment la chandelle.
Un mot par rapport à la concurrence
L’arrivée des processeurs Intel de douzième génération avait fait beaucoup de bruit l’année dernière, notamment parce qu’elle avait permis à Intel de reprendre la position de tête pour la performance de ces processeurs. À l’époque, les modèles équivalents d’AMD étaient toutefois vieux d’un an, la lutte était donc inégale.
La situation est différente aujourd’hui alors que les deux concurrents lancent leur nouvelle génération en même temps.
Je n’ai pas eu l’occasion de tester les appareils d’AMD moi-même, mais en analysant les différents benchmarks, les caractéristiques et les prix, quelques conclusions s’imposent.
AMD et Intel se partagent tout d’abord la couronne du processeur le plus puissant cette année, puisque le i9-13900K et le AMD Ryzen 9 7950X s’échangent souvent la première place d’un test à l’autre. Pour les processeurs de milieu de gamme, c’est toutefois le Core i5-13600K qui l’emporte avec une bonne marge sur le Ryzen 5 7600X, surtout en mode multicœur.
Autre point à considérer, grâce à sa compatibilité avec les cartes-mères de la dernière génération et des mémoires DDR4 et DDR5, Intel offre plus de flexibilité qu’AMD à ceux qui souhaitent bâtir un nouveau système. Historiquement, AMD conserve habituellement ses formats plus longtemps qu’Intel, ce qui pourrait représenter un avantage pour ceux qui changent souvent leurs composantes.
En ce qui a trait au prix, Intel est particulièrement attrayant avec son nouveau Core i9-13900K, vendu 809$, qui déclasse carrément le Ryzen 9 7950X, vendu 999$ au Canada. Dans les deux cas, pour les joueurs, les performances de ces puces à elles seules ne justifient pas leur prix d’achat. Ceux qui cherchent un bon rapport qualité-prix devraient plutôt se tourner vers les Core i5-13600K (439$) et Ryzen 5 7600X (409$), qui offrent dans les deux cas d’excellentes performances, pour une fraction du prix.
La concurrence pour un nouveau processeur PC ne provient toutefois pas que des autres entreprises: elle vient aussi des générations précédentes. Souvent, l’arrivée d’un nouveau processeur d’Intel représente l’occasion d’obtenir une pièce de la génération précédente au rabais.
Ceci est plus ou moins vrai cette fois-ci. À 689$, le Core i9-12900K offre une économie intéressante mais, puisque les autres composantes sont vendues au même prix, l’économie totale sur le PC en entier est assez mince. À 389$, le Core i5-12600K ne m’apparaît pas pour sa part comme un choix intéressant. Mieux vaut payer 40$ de plus et profiter de la puissance supplémentaire de son successeur (qui pourra aussi se revendre plus cher).
Même son de cloche si on compare avec des modèles plus anciens: par exemple, un Core i5-13600K risque d’être plus performant qu’un Core i9-11900K, pour le même prix.
En 2022, pour ceux qui souhaitent monter un PC neuf pour le jeu, mais qui n’ont pas envie de vendre leur chemise, le Core i5-13600K m’apparaît comme un incontournable.
On aime
- Les excellentes performances des deux processeurs, qui tiendront la route pendant plusieurs années.
- L’excellent rapport qualité-prix du Core i5, encore une fois.
- La consommation moyenne plus faible par rapport à la dernière génération.
On aime moins
- La grande enveloppe thermique des processeurs force l’achat d’un bon boitier d’alimentation et d’un bon système de refroidissement, ce qui augmente le coût de l’ordinateur et le bruit.
- Le potentiel pour le surcadencement est limité.
- Le jeu de puces Z790 n’offre pas suffisamment de nouveautés.