Réforme du mode de scrutin: «le gouvernement va voir que c’est pas un truc d’intellectuels» | 24 heures
/bref

Réforme du mode de scrutin: «le gouvernement va voir que c’est pas un truc d’intellectuels»

Image principale de l'article Mode de scrutin: «Pas un truc d’intellectuels»
Photo Élise Lacombe

Plusieurs dizaines de jeunes de tous les horizons s’étaient donné rendez-vous samedi après-midi au pied du mont Royal pour exiger une réforme du mode de scrutin. Ils ont ainsi fait mentir le premier ministre François Legault, qui a affirmé en campagne électorale que ce débat n’intéressait que quelques «intellectuels» au Québec.

• À lire aussi: La démocratie québécoise en danger, disent des experts

• À lire aussi: Voici ce qui cloche avec notre système électoral au Québec

Derrière ce rassemblement: quatre jeunes femmes qui ont voté pour la première fois le 3 octobre dernier et qui ont l’impression que leur voix n’a pas été entendue. 

«Je savais pertinemment qu’en allant voter, mon vote ne valait rien. Je l’ai fait quand même par principe, mais je peux comprendre qu’il y a plusieurs personnes qui ne votent pas à cause de ça», affirme l’une des organisatrices, Amélie Letourneur, qui réside dans une circonscription où la course n'a pas été serrée.

Amélie Letourneur

Photo Élise Lacombe 

Amélie Letourneur

Son amie Anaëlle Tennier a, elle aussi, l’impression que son vote n’a pas pesé dans la balance. 

«Au lendemain des élections, [...] on était vraiment fâchées par rapport au fait que notre voix était éteinte, étouffée. Alors, on a décidé qu’il fallait prendre une initiative pour pouvoir faire avancer les choses», confie-t-elle. 

Anaëlle Tennier

Photo Élise Lacombe 

Anaëlle Tennier

C’est sur les réseaux sociaux qu’elles ont décidé de s’impliquer. Elles ont d’abord créé, avec deux autres amies, un compte Instagram pour informer les gens sur la réforme du mode de scrutin et entamer un dialogue. Puis, l'idée d’organiser un rassemblement leur est venue. 

«Notre mobilisation sert à entendre tous les modes de scrutin qui pourraient être possibles et toutes les idées. Mon idée principale, c’est de réformer le mode de scrutin», explique Amélie Letourneur. 

Photo Élise Lacombe 

La jeune femme de 20 ans a un penchant pour le mode de scrutin proportionnel mixte, mais son choix n’est pas totalement arrêté. 

Faire face à la CAQ

Même si la Coalition Avenir Québec (CAQ) n'a plus l'intention de réformer le mode de scrutin – elle s'est pourtant engagée à le faire en 2018 –, les jeunes femmes n’ont pas l’impression que leur mobilisation est un coup d’épée dans l’eau.

Photo Élise Lacombe 

«Notre mouvement peut l’emporter si on réussit à tous se mobiliser ensemble, à se faire voir, à se faire entendre. Si on fait des mouvements récurrents, justement on vient tanner un petit peu le gouvernement pour montrer que c’est ça qui nous tient à cœur», estime Anaëlle Tennier.

D’ailleurs, un récent sondage Léger-Le Journal rapporte que 53% des Québécois souhaitent que le système électoral actuel soit revu. 

Photo Élise Lacombe 

«C’est pas en faisant un [seul] mouvement qu’on va changer les choses, mais c’est sûr qu’en commençant à petit feu, ça amène une conscience collective. Puis, je pense que d’éveiller les gens, de voir si les gens sont intéressés, ça fait que, s’il y a des mouvements qui se font [...], c’est là que le gouvernement va voir que ce n’est pas nécessairement un truc d’intellectuels», renchérit Amélie Letourneur. 

Des jeunes qui veulent se faire entendre

Alex Valiquette étudie en communication politique à l’université. Pour lui, la réforme du mode de scrutin est «une question de démocratie».

«Il y a beaucoup de gens au Québec qui ont été vraiment déçus après la campagne électorale de constater les résultats et de voir les incohérences en termes de votes et de représentation à l’Assemblée nationale», affirme-t-il.

Alex Valiquette

Photo Julien Bouthillier 

Alex Valiquette

Même s’il est en profond désaccord avec les conservateurs d’Éric Duhaime, il est d'avis que la formation politique devrait être représentée à l’Assemblée nationale. 

«Le Parti conservateur du Québec, je n’adhère aucunement à leur vision de société. Toutefois, je pense que c’est quand même pertinent, s’ils ont eu un tel pourcentage de votes, qu’ils soient représentés», nous explique-t-il.

Qu’est-ce que le mode de scrutin proportionnel mixte?

Le modèle proposé en 2018 pour remplacer le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour était le mode de scrutin mixte avec compensation régionale.

Au lieu de 125 députés dans 125 circonscriptions, il y aurait eu 80 députés élus dans 80 circonscriptions. Il y aurait ensuite eu 45 sièges régionaux, qui auraient été distribués à des députés choisis par chaque parti, selon la proportion du vote exprimé pour leur parti dans chaque région. Le nombre de députés serait attribué à chaque région en fonction de son poids démographique. 

• À lire aussi: 6 choses à savoir sur le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine

Les électeurs auraient voté deux fois: une fois pour élire un député de circonscription, comme c’est le cas actuellement, et une deuxième fois pour élire des députés régionaux.

À VOIR AUSSI:

s

À lire aussi

Vous pourriez aimer

En collaboration avec nos partenaires