19 °C, 20°C, 21°C: quelle est la température idéale pour chauffer son logement l’hiver? | 24 heures
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19 °C, 20°C, 21°C: quelle est la température idéale pour chauffer son logement l’hiver?

Image principale de l'article Quelle est la température idéale pour se chauffer?
Photomontage: Marilyne Houde

Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, appelle le Québec à la «sobriété énergétique». Il a exprimé le désir d’imiter la France en limitant la température des logements à 19°C. Il s’agit cependant plus d’une valeur arbitraire que d’un chiffre fondé sur des calculs scientifiques. Explications.

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D’où vient la recommandation de chauffer son logement à 19 °C? Elle a été martelée depuis septembre par le président français Emmanuel Macron. La valeur de 19 degrés provient du code de l’énergie français de 1978, où la température maximale pour les bâtiments résidentiels, publics et commerciaux avait été abaissée à la suite du choc pétrolier de 1974. L’Europe se retrouvant dans une situation similaire de flambée des prix du carburant causée par la guerre en Ukraine, cette mesure est réactualisée pour inciter à l’économie d’énergie.

Malgré son caractère plus symbolique qu'autre chose, la température maximale de 19 degrés n’en demeure pas moins efficace pour réduire la consommation en énergie, ce qui s’avère de plus en plus nécessaire.

Une baisse d’un degré permet-elle 7 % d’économie ?

Le chauffage et la climatisation occupent en moyenne 54 % des dépenses énergétiques des ménages, selon Hydro-Québec. Le chauffage des bâtiments résidentiels, institutionnels et commerciaux est responsable de 10 % des émissions de GES au Québec, ce qui en fait le troisième secteur le plus polluant selon le ministère de l’Environnement et de la lutte aux changements climatiques.

Baisser le chauffage permet donc de faire des économies, mais aussi de réduire les émissions de GES. À cet effet, on cite souvent la statistique suivante : abaisser le thermostat d’un seul degré permettrait d’économiser 7 % de sa facture d’électricité. 

Ce chiffre provient de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en France, bien qu'il n’existe pas de consensus sur le pourcentage précis qu'un degré de moins au thermostat vous permettrait d'économiser, selon les différents tarifs et types d’habitation. Une chose est sûre, c’est que même un seul degré peut faire une différence.

«Ce n’est pas le même coût en termes de chauffage si je passe de 18°C à 19°C que si je passe de 22°C à 23°C», estime David Benatia, professeur adjoint au Département d’économie appliquée des HEC Montréal. «Les gens qui chauffent déjà beaucoup ne feront pas beaucoup d’économies s’ils diminuent d’un seul degré. Par contre, si on passe de 20°C à 19°C, il est possible de réaliser des économies de l’ordre de 5 à 7%.»

Le professeur, expert en marchés de l’électricité, rappelle que, bien que le Québec utilise plus de chauffage en hiver que la France, son coût est bien inférieur. 

Si la recommandation de 19°C est largement répandue, d'autres organisations ont cependant leur propre directive. Le règlement du tribunal administratif du logement du Québec (TAL) stipule qu’un logement locatif doit être maintenu à 21°C par le propriétaire. Cependant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 18°C comme température moyenne pour un logement situé dans un pays froid ou tempéré, sauf s’il contient des personnes vulnérables. 

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L’Europe en crise

Au Québec, l’augmentation du prix de l’énergie ne se fait pas autant ressentir qu’en Europe, où le chauffage au gaz est plus présent et où les impacts de la guerre en Ukraine sont directs. 

La crise énergétique est particulièrement intense au Royaume-Uni où les factures d’énergie ont bondi de 80 % en octobre. Les foyers britanniques payaient en moyenne 1971 £ (3063 $) par année en frais d’énergie. Ce montant s’élèvera maintenant à 3549 £ (5515 $) par année.

Un habitant de Londres s’est dit désolé de ne pouvoir faire usage de chauffage ou même d’eau chaude durant l’hiver, au moment où son fournisseur lui a annoncé une hausse des tarifs de 1075 %.

Elle décide d'arrêter de chauffer

En France, la hausse du prix de l’énergie est moins radicale, mais elle se fait tout de même ressentir dans le portefeuille, ce qui pousse certains Français à baisser le chauffage et d’autres à le couper complètement. C’est le cas de Florine qui habite Paris dans un appartement de 30 m2. «J’ai un appartement parisien classique, donc très mal isolé. Je devais faire tourner le chauffage au maximum pour le maintenir à 19 °C», raconte-t-elle. 

À la suite d'une facture de dépassement de consommation d’électricité de 600 €, elle décide d’arrêter de chauffer. «Mon appartement était un gouffre énergétique et ça n’aidait ni mon portefeuille ni la planète. Ça me causait une angoisse extrême d’avoir toujours peur des frais de dépassement.»

Lorsque la température descend en hiver, Florine suit les conseils de sa grand-mère qui a grandi à la campagne sans chauffage: «C’est surtout dans les pièces où on reste immobile longtemps qu’il faut que je me réchauffe. J’utilise beaucoup de couvertures et des chaussettes épaisses. Ça aide aussi de se faire une boisson chaude ou de mettre une bouilloire dans le lit la nuit.» 

Si au Québec, on est loin de vivre de telles restrictions quant à notre consommation d’énergie, la possibilité de futures crises énergétiques et la crise climatique risquent fort de faire changer nos habitudes, ne serait-ce que de quelques degrés. 

-Avec Anne-Sophie Roy

 

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