Bilan : ce qu’il faut retenir de l’actualité crypto en 2022
Faillite de FTX, «The Merge», chute des prix... on vous résume une année mouvementée.
Pour le meilleur, mais surtout pour le pire, les cryptos ont retenu l’attention de l’actualité financière pendant la dernière année. Si vous vous demandiez s’il était temps de vous intéresser à ce domaine, vous vous retrouvez peut-être avec plus de questions qu’il y a 12 mois. On vous a donc préparé un résumé de quelques événements à retenir.
À lire aussi:
- Trois questions pour mieux comprendre la crypto
- Fraude sur Instagram: non, votre ami ne s’est pas découvert une passion pour la crypto
Un nouveau statut social pour les crypto
Bien que «bitcoin» et «cryptomonnaies» étaient des termes connus du grand public avant 2022, ces actifs ont atteint un autre niveau de notoriété cette année, et la première démonstration de cette réalité s’est produite en février, pendant les pauses publicitaires du Super Bowl.
En s’associant avec des célébrités variées – Larry David, Steph Curry, Gisele Bündchen, Matt Damon, entre autres –, des entreprises de l’univers crypto ont atteint un nouveau statut dans les 12 derniers mois. Ces entreprises, et les jetons virtuels qu’elles permettent d’échanger, ne sont donc plus une niche, et chaque investisseur doit les considérer, estime Martin Lalonde, président et gestionnaire de portefeuille chez Rivemont.
«Maintenant, tout le monde doit avoir une opinion sur les cryptomonnaies, qu’elle soit positive ou négative, ajoute-t-il. Y compris les investisseurs institutionnels, [comme la] Caisse de dépôt et de placements du Québec. »
Toujours est-il qu’être sous le feu des projecteurs, met aussi davantage en lumière les échecs et les ratés.
• À lire aussi: Voici ce que nous avons cherché sur Google en 2022
Des faillites spectaculaires
En juin, la société de prêts en cryptomonnaies, Celsius Network, s’est retrouvée en manque de fonds et a dû geler les fonds de ses clients. Le mois suivant, l’entreprise s’est placée à l’abri de ses créanciers.
Les utilisateurs de Celsius pouvaient y déposer leurs cryptomonnaies avec la promesse d’intéressants taux de rendements. Ils pouvaient aussi demander des prêts.
• À lire aussi: Investissement controversé: le PDG de Celsius Network démissionne
Pour Martin Lalonde, «le modèle d'affaires était déficient» et n’était tout simplement pas réaliste. Il estime aussi que l’équipe de direction était «affreuse» d’un point de vue éthique et opérationnel.
La nouvelle a fait grand bruit au Québec parce que la CDPQ avait investi 150 millions $ dans Celsius, son premier investissement majeur dans le domaine des cryptoactifs.
Mais cette faillite n’est rien comparée à celle de FTX, deuxième plateforme de transaction de crypto en importance dans le monde, survenue en novembre. L’entreprise a elle aussi manqué de fonds pour survivre à une ruée bancaire. Le trou était d’environ 8 milliards de dollars, selon ce que le fondateur, Sam Bankman-Fried, a dit à des investisseurs au début de la crise.
• À lire aussi: FTX, grand nom de l’échange de cryptomonnaies, en faillite
Ça a été un «choc immense», affirme Martin Lalonde, parce que FTX était considéré comme une compagnie pouvant peut-être créer un pont entre la finance traditionnelle et la finance décentralisée, «avec un dirigeant à la Steve Jobs, avec une certaine aura, une certaine [idéologie].»
• À lire aussi: Sam Bankman-Fried, l’ex-patron de FTX, inculpé pour fraude par la justice américaine
Dans le sillage de ces faillites se trouve des milliers d’investisseurs individuels qui risquent de ne jamais revoir la couleur de l’argent qu’ils avaient investi en crypto et placé dans Celsius ou FTX.
Une capitalisation boursière en chute libre
Le 1er janvier, l’ensemble des cryptomonnaies recensées sur le site de référence Coin Market Cap avaient une capitalisation boursière évaluée à 2,21 billion $ US. En date du 6 décembre, ce total avait fondu à 852 milliards $US. C’est une baisse de 61,3%. En près d’un an, la valeur d’un bitcoin a fondu de 64,4%.
Si beaucoup y voient une preuve que les cryptoactifs n’étaient qu’une bulle qui allait finir par crever, les personnes qui œuvrent dans le domaine sont plus optimistes et croient que ce n’est qu’un rééquilibrage du marché.
• À lire aussi: Trois choses qui ont mené à la chute spectaculaire des cryptomonnaies
«On a connu un marché haussier extraordinaire», rappelle Martin Lalonde. Du début de la pandémie au sommet de novembre 2021, la valeur du bitcoin a été multipliée par 10. «Il fallait s’attendre à redonner une partie de ces gains-là.»
Les cryptos ont aussi été influencées par le marché boursier global, qui a reculé en 2022. L’inflation, la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt et les autres soubresauts de la finance traditionnelle ont eu des échos dans toute l’industrie.
• À lire aussi: La crypto, à vos risques et périls: le parcours hasardeux de l’investisseur
Cela dit, les indicateurs traditionnels, comme le NASDAQ et e S&P 500, ont quand même connu des baisses moins spectaculaires que le marché crypto. L’indice NASDAQ, par exemple a perdu 29,5% de sa valeur entre le 1er janvier et le 6 décembre.
Ethereum devient plus écoénergétique
La chaîne de blocs Ethereum, connue pour sa monnaie ether et pour ses non-fungible tokens (NFT), a complété cette année un processus appelé «The Merge» visant à réduire sa consommation énergétique.
• À lire aussi: Révolution dans le monde de l'art: comment des artistes d'ici profitent des NFT
C’est le processus pour valider les transactions dans la chaîne Ethereum qui a changé. Depuis le 15 décembre, la méthode appelée Proof-of-Stake (PoS) a remplacé le Proof-of-Work (PoW). PoS est plus simple à exécuter et requiert donc moins d’électricité.
Ce changement devrait réduire la consommation énergétique d’Ethereum par environ 99%. C’est un changement majeur, puisqu’on estimait que cette chaîne de blocs consommait environ autant que certains pays, comme le Chili.
Ce changement vient répondre à une critique courante adressée au monde des cryptoactifs dans un contexte de lutte aux changements climatiques. Il faut toutefois rappeler que les monnaies basées sur la méthode PoW dominent encore le marché.
• À lire aussi: Cryptomonnaies: «un problème croissant» pour le climat
Et maintenant?
L’année 2023 pourrait encore être difficile, mais à long terme, Martin Lalonde est confiant. «Dans trois ou cinq ans, je pense que les cryptomonnaies vont avoir été positives pour [...] la plupart des intervenants du secteur.»
Le gestionnaire de portefeuille espère qu’il y aura plus de régulation dans le milieu, pour éviter que celles et ceux qui croient en cet investissement puissent tout perdre en cas de faillite. «On pense qu'un encadrement réglementaire qui permet l'innovation serait possiblement le plus intéressant pour les consommateurs», ajoute-t-il.
Nombreux sont ceux qui croient au contraire que la finance décentralisée doit continuer d’échapper au regard des gouvernements. Ça promet d’être un débat qui retiendra l’attention.