Montréal: l’avenir d’une fruiterie dans Villeray inquiète

Plusieurs clients d’une fruiterie du quartier Villeray à Montréal craignent d’assister à sa fermeture après l’achat de l’immeuble par un nouveau propriétaire, qui est aussi actionnaire d’une fruiterie compétitrice dans le quartier.
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C’est du moins ce que dénonce une publication Instagram repartagée par l'actrice Julianne Côté, qui a 96 000 abonnés, et qui a été largement repartagée ensuite sur les réseaux sociaux.
Le message, écrit par un résident du quartier, Nicolas Krief, accuse les nouveaux actionnaires de l’immeuble de la rue Jarry où on trouve depuis plusieurs années la Fruiterie Tsikinis d’avoir acquis le building pour augmenter «largement le loyer» et les «forcer à fermer boutique».
C’est que l’un des nouveaux actionnaires de l’immeuble, la compagnie Rubino Holdings Inc., est aussi actionnaire de Fraîchement bon!, une nouvelle fruiterie qui serait en compétition avec le Tsikinis.
«C’est une pratique récurrente de Fraîchement bon!, qui s’installe près des épiceries indépendantes afin de récupérer leur clientèle. Ils ont fait la même chose avec la Fruiterie Saint-Denis», continue-t-il.
Plusieurs résidents du quartier ont aussi dénoncé cette situation à travers plusieurs publications effectuées sur les réseaux sociaux.
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24 heures a contacté le propriétaire de la fruiterie Tsikinis mardi afin de mieux comprendre l’histoire. Il a préféré ne pas faire de commentaire pour le moment, en ajoutant qu’il allait s’entretenir avec le propriétaire plus tard dans la journée afin de discuter de la situation avant de réaliser une entrevue.
De son côté, Gerardo Rubino, qui est à la fois président de Robino Holdings Inc. et vice-président de Fraîchement bon!, assure avoir seulement un lien financier avec Fraichement bon!, qui appartient à son beau-frère François-Karl Viau, et dit ne pas être impliqué dans la gestion. Même si la boutique de son beau-frère est située à quelques pas du Tsikinis, il assure qu’il n’a pas «un plan machiavélique» pour faire partir les locataires actuels.
«On veut juste retrouver les loyers au prix marché immobilier actuel», justifie-t-il. Selon lui, le Tsikinis paie environ 3000$ de loyer, alors qu’un local de cette taille se loue plutôt à 6000$ en ce moment.
«Pour le commun des mortels, ça n’a pas l’air correct [nos agissements]. Mais ils ne comprennent pas les rénovations à faire, et l’augmentation des taxes municipales cette année», continue-t-il.
Selon le Code civil du Québec, les baux commerciaux ne sont pas soumis à la fixation de loyer, comme les baux résidentiels, et les propriétaires peuvent donc y augmenter le loyer comme bon leur semble.
Il avance même que les deux partis ont «une entente verbale» qui pourrait se conclure en janvier. Ce dernier ajoute que l’autre entreprise actionnaire de l’immeuble, MTRPL Mont Royal Inc., s’occupe des relations avec le Tsikinis.
Il s’attriste que ce brouhaha médiatique ait un impact négatif sur l’entreprise de son beau-frère. Il indique que certains de ses employés craignent pour leur sécurité. «Un employé ne voulait pas fermer ce soir», termine-t-il.
D'ailleurs, moins d’une journée après la publication du statut sur les réseaux sociaux de Julianne Côté, Fraîchement bon! a nié en bloc les informations via son compte Instagram. «C’est avec stupéfaction que nous avons pris connaissance des informations qui circulent à notre égard. Nous tenons à vous informer que rien dans ce qui est dit n’est fondé», se défend François-Karl Viau, propriétaire de l’entreprise.
«Fraîchement bon! n’est pas propriétaire de l’immeuble qu’il occupe, ni d’aucune propriété voisine et encore moins impliquée dans la gestion immobilière de ces immeubles», termine François-Karl Viau, le propriétaire de l’entreprise.
Effectivement, l’entreprise Fraîchement bon! n'est pas directement reliée à la gestion de l'immeuble; c'est par le biais de Rubino Holdings Inc. que le lien est fait. Fraîchement bon! et Rubino Holdings Inc. partagent d’ailleurs la même adresse comme siège social à Saint-Léonard.
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Prendre des immeubles «mal entretenus» pour les restaurer
Gerardo Rubino avait partagé la vision de son entreprise immobilière Rubino Holdings Inc. lors de son passage au podcast Un expresso avec Angelo en septembre 2021.
«Ma vision, on a l’a fait avec certains projets, notamment dans le quartier Villeray. C’est vraiment de prendre des bâtisses qui sont mal entretenues et manager pour les restaurer, et apporter des locataires qui vont avoir une plus-value pour les résidents», explique M. Rubino.
«Je pense au Fraîchement bon! Au coin des rues Villeray/Drolet. C’était un dépanneur défraîchi qui est devenu maintenant une fruiterie urbaine, mignonne, avec des trucs vraiment le fun. [Notre but] est d’améliorer la vie de quartier», conclut-il dans le segment sur son entreprise.