Dans l'univers musical de Biz | 24 heures
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Dans l'univers musical de Biz

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Quand Biz a pris le micro lors des balbutiements de Loco Locass, il était loin de se douter que cette prise de parole se déploierait en autant de facettes.

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Car s’il ne monte plus sur scène pour scander Libérez-nous des Libéraux, son verbe s’exprime sous forme de romans ou de chroniques à la télé et la radio. 

Et toutes ces incarnations n’ont jamais effacé le mélomane en lui. 

Tu participes à l’émission Le monde à l’envers et tu fais des chroniques à la radio. Quand tu as commencé à faire de la musique, pensais-tu que ça te mènerait à participer à des projets aussi variés?

Non. Évidemment. Quand on commence, personne ne peut imaginer ce qui va arriver. 

Loco Locass, c’était ton premier projet musical?

Avant Loco Locass, je jouais du drum chez nous dans le sous-sol. J’avais un ami claviériste. Avant même qu’on fasse notre première pratique, il avait déjà réservé un studio de photo pour faire des photos de notre groupe qui n’avait même pas de nom! 

Loco Locass, ça a commencé dans quelles circonstances?

On était à Québec avec Batlam au lendemain du référendum. Les gens étaient un peu écœurés d’entendre parler de politique. On s'est dit qu'on pouvait parler de cette question-là, mais en renouvelant la forme. Essentiellement, on disait la même chose que Paul Piché mais sans barbe et sans guitare. 

La chanson engagée au Québec était en berne depuis les années 80. Dans les années 90, tu as des courants plus sociaux avec Jean Leloup, Vilain Pingouin, Les Colocs. C’était engagé mais peut-être d’un point de vue plus social. 

En plus de vous, il y avait quelques nouveaux groupes qui surgissaient...

Il y avait Mes Aïeux, Vulgaires machins, Mononc’ Serge. C’était un genre de renouveau qui n’était pas prévu. On n'était pas tout seuls dans notre sous-sol. 

L’album qui t’a fait découvrir le rap?

It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy. La parole de Public Enemy portrait la parole des Noirs américains. Ça m’a beaucoup touché. 

À l'époque, il n'y avait pas Internet. On ne savait pas ce qui se passait dans les ghettos américains. C’est N.W.A. qui ont dit qu’ils étaient la BBC. Le rap c’est le CNN des Ghettos. 

Il y avait aussi les Beastie boys dans un autre registre plus drôle, plus ludique. 

Quel.le parolier ou parolière t’a le plus inspiré pour les paroles politiques?

Gaston Miron, poète de l’affirmation nationale. Gilles Vigneault, qui a tellement bien nommé le Québec. 

Te souviens-tu de ce que vous écoutiez comme musique au moment d’enregistrer vos albums?

Quand on écrivait Amour oral, Batlam et moi on avait les deux oreilles dans The Eminem Show. Dans La censure pour l'échafaud, le flow est très Eminem

Quand j’écrivais Sheila Ch’us Là j’écoutais L’école du micro d'argent d’IAM en 98. J’étais à fond dans le rap français. Quand on a entendu Prose Combat de MC Solaar, on s’est dit qu’on pouvait faire du rap en français. 

Ta découverte du rap québécois, c’était avec qui?

Un groupe qui s’appelle Complys avec C-Drik. Lui, il rappait en joual solide. Sans Pression aussi rappait en joual. 

Est-ce que le fait d’arrêter de composer de la musique a fait en sorte que tu écoutes la musique différemment?

Je m’ennuie du plaisir et de l’intensité que j’avais à écouter de la musique quand j’avais 14-15-16 ans chez nous dans le sous-sol à Québec. On pouvait inviter des amis pour écouter la cassette de Ride the Lightning de Metallica trois fois de suite. C’était ça l’activité. 

J’ai participé à la Veillée de l’avant-veille avec le groupe Le Vent du Nord. On était avec Stéphane Archambault. J’étais invité à faire trois chansons du Vent du Nord avec du rap de Loco. Quand je suis monté sur scène, j’ai compris pourquoi j’avais aimé faire ça pendant 20 ans. Mais après trois tounes, j’étais déjà à moitié mort. (Rires). 

Ça ne te manque pas des fois?

Des fois j’entends Kendrick Lamar qui a un flow incroyable... Ou j’écoute le dernier album de Rymz que j’aime bien. Ou Lary Kidd avec des bons beats et des références à Nietzsche. Je me dis «me semble que je pourrais reprendre le stylo pour écrire un texte ou je sais pas quoi.» Puis après ça, ça passe. 

Est-ce que l’écriture du rap influence encore ton écriture même si c’est pour d’autres formats?

J’ai écrit du rap pendant presque 20 ans avec l’idée que cette écriture-là est destinée à prendre vie à voix haute. J’ai gardé une conscience de l’oralité des mots. Même pour un roman. Quand j’écrivais mon premier roman Dérive, mon éditeur Jean Barbe me corrigeait avec du gros crayon rouge en disant «arrête de faire du rap!».

Un artiste canadien que tu aimes malgré tes positions politiques?

Bbno$ qui a fait Edamame. Je pense qu’il vient de la Côte-Ouest. Sinon, il y a Zachary Richard, mais il est Louisianais donc ça ne compte pas. Il y un groupe autochtone A Tribe Called Red. Radio Radio j’ai aimé leur premier album. 

Tes projets pour les prochains mois?

J’ai une chronique Sport et Société avec Jean-Charles Lajoie à la radio au 91,9 FM. J’ai ma chronique à TVA Sport encore avec Jean-Charles Lajoie. Et après ça je traverse dans l’autre studio pour Le monde à l’envers avec Stéphan Bureau.  

Il y a un livre que je fais avec Claudia Larochelle. On s’adresse à des personnages historiques québécois par le biais de lettres. Je suis en train d’écrire une lettre à Jehane Benoît la cuisinière. Et il faut que j’écrive une lettre à Samuel de Champlain.

Écoutez la playlist de Biz.

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