Est-ce qu’il y a des rats parce que Montréal est sale? Un exterminateur répond à nos questions

Des rats ont été aperçus dernièrement à Montréal, notamment dans un bâtiment de l’UQAM et au parc Émilie-Gamelin. Doit-on s’inquiéter de la présence de ces rongeurs dans la métropole? Pour y voir plus clair, on a jasé avec un exterminateur.
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Pourquoi y a-t-il autant de rats dans la métropole?
Depuis le 1er janvier 2022, Montréal interdit l’utilisation d’une trentaine de pesticides, dont sept rodenticides. Cette nouvelle interdiction nuit au contrôle de la vermine sur le territoire de la ville, affirme Nathaniel Leavey, copropriétaire de la firme d’extermination Les Entreprises Maheu.
En raison de ce règlement, les exterminateurs doivent utiliser des pièges plutôt que des blocs de poisons, ce qui est moins efficace, poursuit l’exterminateur.
«Imaginez qu’il y a un ou deux rats qui sont attrapés dans le piège. Il n’y a plus de place pour [tuer] d’autres rats. Alors qu’un bloc de poison peut tuer 5 [à] 20 rats», explique l’expert en extermination.
La présence de rats à Montréal, une bonne ou une mauvaise chose?
Mettons d’abord une chose au clair: «Dans toutes les grandes villes, il y a forcément une présence de rats, ce qui est nécessaire», insiste Nathaniel Leavey.
Les rats sont des «nettoyeurs», des «déboucheurs de tuyaux» et ils s’arrangeront pour que la tuyauterie coule comme il le faut, ajoute-t-il.
«Cependant, il faut les contrôler, mentionne Nathaniel Leavey. On nous compare beaucoup à New York [où la population de rats est bien plus importante], mais on n’est pas encore rendu là. Et il ne faudrait pas.»
Du côté de la Ville de Montréal, on estime qu’il est difficile d’établir si le nombre de rats est bel et bien en croissance. L’an dernier, 113 requêtes ont été signalées au 311, contre 108 en 2021.
«On reste relativement dans le même ordre de grandeur depuis 2018», souligne Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville de Montréal.
La présence de rats signifie-t-elle que Montréal est une ville sale?
Dans son ensemble, Montréal n’est pas sale. Cependant, certains arrondissements ou quartiers de la métropole, notamment certains coins du centre-ville, ont des problèmes d’insalubrités, affirme Nathaniel Leavey.
Il appelle d’ailleurs à la prudence, alors que l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve prévoit ramasser les ordures aux deux semaines (plutôt que chaque semaine).
«En banlieue, les poubelles sont moins accessibles, car elles sont dans de gros bacs à roulettes. À Montréal, les sacs en plastique font le bonheur des rats.»
Comment faire pour limiter le nombre de rats?
En plus les pièges, les exterminateurs et les citoyens peuvent utiliser la warfarine pour repousser les rats. Pour que ce poison soit efficace, plusieurs doses sont toutefois nécessaires, ce qui n’est pas optimal, souligne-t-il.
Alors que les rats se font de plus en plus visibles sur l’île, la Ville a d’ailleurs annoncé ce mois-ci qu’elle va bientôt retirer un des rodenticides de sa liste noire, la diphacinone, au grand plaisir de l’exterminateur. Le conseil municipal doit toutefois adopter ce retrait avant que le produit puisse être de nouveau utilisé.
Selon Philippe Sabourin, ce serait une questions de semaines avant le retour du poison. Pour être efficace, la diphacinone doit être ingérée à plusieurs reprises par le rat.