Comment une personne devient-elle mythomane? Une psy nous explique

Le représentant George Santos a maintes fois répété diverses incohérences sur sa vie.
L'élu républicain George Santos se trouve actuellement dans l’embarras, alors que plusieurs des mensonges qu’il a inventés depuis le début de sa carrière ont été révélés au grand jour. Le politicien est-il mythomane? On en a jasé avec une psychologue.
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D’abord c'est quoi, au juste, la mythomanie?
Mettons d'abord quelque chose au clair: tout le monde ment. Pour savoir si on a affaire à un mythomane, il faut donc revenir à la base même du mensonge − il en existe plusieurs types −, mais aussi se questionner sur les motivations qui poussent la personne à mentir et sur la fréquence à laquelle elle ment, explique la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Rassurez-vous: si vous dites à quelqu’un que son pantalon lui va à merveille alors que ce n’est pas le cas, vous ne vous transformerez pas à mythomane. Même chose pour une enfant qui raconte une menterie pour obtenir ce qu’elle veut.
Une personne mythomane va mentir souvent et ira même jusqu’à transformer la réalité pour se présenter sous un beau jour et être plus grandiose, explique-t-elle.
«Souvent, la personne mythomane sera en mode séduction et très souvent charismatique», remarque la psychologue. Elle ajoute qu'un mythomane est souvent une personne fragile, hyperémotive et soumise à une forte dépendance au regard des autres.
La question qui tue, donc: George Santos est-il mythomane?
Sans pouvoir poser de diagnostic, il y a des éléments très clairs dans l’histoire du politicien américain d’origine brésilienne qui pourraient porter à croire qu’il est mythomane, comme le fait de se bâtir «toute une vie qui n’a pas eu lieu».
Par le passé, le représentant Santos a maintes fois répété diverses incohérences sur sa vie.
Il a notamment affirmé que sa mère était décédée dans les attentats du 11 septembre, que ses grands-parents maternels avaient survécu à l’Holocauste, qu’il était juif et qu’il avait travaillé pour de grandes et prestigieuses entreprises de Wall Street. Toutes ces affirmations ont toutefois été démenties.
«C’est quand même très gros, les mensonges qui ont été formulés. On ne parle pas d’un CV truffé de mensonges pour pouvoir travailler dans une petite boutique au coin de la rue. C’est vraiment de s’exposer et de représenter des gens tout en étant fallacieux. Il y a une différence entre embellir et inventer», mentionne Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Comment devient-on mythomane?
On ne naît pas mythomane, on le devient. Ce n’est d’ailleurs pas un diagnostic officiel de maladie mentale, mais plutôt une composante d’un trouble de la personnalité. Plusieurs cas de mythomanie sont déclenchés par des traumatismes ou des humiliations vécus durant l’enfance, entre autres.
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«[Le mensonge] peut être une base, lorsqu’on ne se sent pas glorieux, pour contrer l’humiliation et se construire une carapace en se disant: “Je ne serai plus celui qui est rejeté. Je vais être plus grandiose”», affirme la psychologue.
Et si un mensonge a porté ses fruits, s'il a permis d'accéder à une promotion, par exemple, «c’est sûr que ça va l’encourager encore plus à mentir» et à vouloir contrôler le narratif, ajoute-t-elle.
Les mythomanes croient-ils leurs mensonges?
Il peut y avoir une certaine fuite de la réalité, soutient Geneviève Beaulieu-Pelletier.
«Est-elle consciente que, par exemple, son CV est truffé de mensonges? Oui. Il y a un contact avec la réalité, mais il n’y a pas nécessairement un niveau de conscience, à savoir pourquoi elle fait ça», illustre-t-elle.
Pour une personne mythomane, les menteries peuvent devenir une manière de réguler leur état émotionnel et les situations sociales, comme la consommation pour certaines personnes.
Est-ce que ça se traite, la mythomanie?
C’est du cas par cas, selon Geneviève Beaulieu-Pelletier.
D'ailleurs, puisque certaines personnes sont mythomanes pour se protéger de la réalité, elles n'iront pas chercher de l'aide. Cela dit, ça ne veut pas nécessairement dire qu’il n’y a rien à faire.
«Le mythomane a aussi besoin de l’autre pour que son mensonge fonctionne. Lorsque ça ne fonctionne plus et que la supercherie est dévoilée, ça peut être une fenêtre d’intervention», mentionne la psychologue.
La personne mythomane pourrait également tomber dans une profonde dépression, ce qui peut constituer une porte d'entrée pour recevoir de l'aide psychologique.