Passer le chemin Roxham grâce à TikTok

Les réseaux sociaux jouent un rôle grandissant dans l’expérience migratoire de milliers de personnes, observent les chercheurs. Pour le meilleur et pour le pire.
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Des demandeurs d’asile se rendent jusqu’au chemin Roxham grâce à des billets d'autobus financés par la ville de New York, rapporte le New York Post, dans un article publié ce matin et qui a fait beaucoup réagir. Ces personnes se rendent jusqu’à Plattsburgh où tout un réseau s’est créé pour les amener à la frontière, entre autres, en taxi.
Dans l’article du média américain, Susy Sanchez Solzarno, âgée de 33 ans, dit avoir fait ce trajet avec son mari et ses deux filles grâce à une vidéo TikTok que l’une d’elles a visionnée.
On peut d’ailleurs facilement trouver des vidéos qui expliquent comment traverser le chemin Roxham en effectuant quelques recherches rapides dans cette plateforme.
Les chercheurs se penchent de plus en plus sur ce type de phénomène: «[Ces technologies] permettent de rester connecté à distance, de donner une adresse, de sécuriser la lutte de sans-papiers, de mieux s’intégrer, de créer des réseaux et de trouver un emploi», indique l’enseignante-chercheuse au sein de Télécom Paris, Dana Diminescu, dans un article de la revue Hommes & migrations (https://www.cairn.info/revue-hommes-et-migrations-2022-2-page-8.htm).
Grâce aux réseaux sociaux, les personnes migrantes peuvent ainsi avoir accès à de nombreuses informations et conseils qui leur permettent de sécuriser leur traversée souvent périlleuse.
Pas que des avantages
Si les réseaux sociaux aident beaucoup de personnes dans leur parcours migratoire, ils facilitent également le travail des trafiquants.
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Dans un rapport d’Europol de 2022, on montre que les applications de rencontre et les réseaux sociaux permettent aux passeurs d’atteindre des auditoires beaucoup plus larges qu’auparavant. Ces plateformes leur permettent de mieux organiser leurs réseaux de trafic humain, par exemple.
Il existe également beaucoup de désinformation en ligne qui peut mettre ces migrants en danger durant leur parcours. «Ces technologies digitales agissent comme un pharmakon [poison et remède] dans le monde des migrants», note Dana Diminescu.