Nouveau bilan: les puissants séismes font plus de 7000 morts en Turquie et en Syrie

Une survivante transportée par les secours à Kahramanmaraş, en Turquie.
Les séismes qui ont frappé lundi la Turquie et la Syrie ont fait plus de 7300 morts, selon de nouveaux bilans officiels diffusé mardi, tandis que les secouristes tentent encore d'extraire des rescapés des décombres.
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Au moins 5434 personnes ont été tuées dans le Sud-Est de la Turquie et 1872 dans le Nord de la Syrie, ce qui porte le bilan provisoire de 7306 morts, selon des sources officielles et médicales.
Vingt-trois millions de personnes sont «potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables», a averti l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a promis son soutien sur le long terme.
Le séisme, d’une magnitude de 7,8, est survenu lundi vers 4h dans le Sud-Est de la Turquie et a été ressenti jusqu’au Liban, à Chypre et dans le Nord de l’Irak.
Il a été suivi de pas moins de 185 répliques dont l’une de 7,5 lundi à la mi-journée et une autre de 5,5 mardi avant l’aube. C’est le pire séisme en Turquie depuis celui du 17 août 1999 qui avait tué 17 000 personnes dont un millier à Istanbul.
L’aide internationale commence à arriver mardi en Turquie où un deuil national a été décrété pour sept jours.
Le mauvais temps complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés. Profondément meurtrie, la région turque de Kahramanmaras (Sud-Est), difficile d’accès, est ensevelie sous la neige.
En Syrie, le bilan devrait «grimper considérablement car des centaines de personnes restent piégées sous les décombres», selon les Casques blancs (volontaires de la protection civile) dans les zones rebelles.
- Écoutez le journaliste Ludovic de Foucaud en direct d'Antioche à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
«Où est ma maman?»
En zone gouvernementale, la province d’Alep concentre plus du quart des décès, selon les médias d’État. La ville, déjà dévastée par le conflit, a été durement frappée avec une cinquantaine de bâtiments effondrés et des sites historiques endommagés y compris la célèbre citadelle.
De part et d’autre de la frontière, on s’active pour tenter de sauver des vies. À Jandairis, côté syrien, un bébé vivant a été sorti des décombres d’un immeuble. La petite fille était encore relié par le cordon ombilical à sa mère, morte comme tous les autres membres de la famille à ses côtés.
À Antakya, côté turc, une enfant de sept ans a été extirpée des ruines sous les yeux de l’AFP, après plus de vingt heures de terreur. «Où est ma maman?», a-t-elle dit au secouriste qui la tenait dans les bras.
Dans le Sud de la Turquie, les pompiers ne parvenaient pas mardi soir à éteindre l’énorme incendie provoqué par la chute de conteneurs dans le port d’Iskenderun où un énorme nuage, potentiellement toxique, s’élevait dans le ciel.
Les premières équipes de secouristes étrangers sont arrivés mardi. Selon le président turc qui a déclaré l’état d’urgence pour trois mois dans les dix provinces touchées par le séisme, 45 pays ont proposé leur aide.
L’Union européenne a mobilisé pour la Turquie 1185 secouristes et 79 chiens de recherches auprès de 19 États membres dont la France, l’Allemagne ou la Grèce. Pour la Syrie, l’Union Européenne (UE) est en contact avec ses partenaires humanitaires sur place et finance des opérations d’aide.
Tout le monde a peur
Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient à partir, selon la Maison Blanche.
La Chine a annoncé mardi l’envoi d’une aide de 5,9 millions de dollars, incluant des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel d’urgence.
Même l’Ukraine, malgré l’invasion russe, a annoncé l’envoi en Turquie de 87 secouristes.
Les Émirats arabes unis ont promis 100 millions de dollars d’aide et l’Arabie saoudite, qui n’entretient pas de liens avec le régime de Damas depuis 2012, a annoncé la mise en place d’un pont aérien pour venir en aide aux populations affectées dans les deux pays.
En Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours «dans les prochaines heures», alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours.
Le séisme a touché le point de passage de Bab al-Hawa, le seul pour la quasi totalité de l’aide humanitaire aux zones rebelles en Syrie acheminée depuis la Turquie, selon l’ONU.
Le Croissant-Rouge syrien, qui opère dans les zones gouvernementales, a appelé l’UE à lever les sanctions contre Damas et demandé assistance à l’Agence américaine de développement (USAID).
À Sanliurfa, en Turquie, les autorités ont ouvert des dortoirs pour les rescapés dans les gymnases, les collèges ou les mosquées. Mais nombre d’habitants ont préféré dormir dehors. «Qui n’a pas peur? Tout le monde a peur!», assure Mustafa Koyuncu, 55 ans, entassé avec sa femme et ses cinq enfants dans la voiture familiale.