Quel est le rôle du réchauffement climatique dans les séisme comme au Maroc?

La fonte des calottes glaciaires due au réchauffement climatique pourrait affecter le mouvement des plaques tectoniques et, par conséquent, causer plus de tremblements de terre, de tsunamis et d’éruptions volcaniques.
Il se produit aujourd’hui cinq fois plus de catastrophes naturelles qu’il y a 50 ans, selon un rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui a étudié les désastres d'origine météorologique, climatique et hydrologique de 1970 à 2019.
L’influence de l’activité humaine sur la majorité de ces événements – comme les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses ou les ouragans – n’est plus à prouver, bien que le lien entre les séismes et le réchauffement de la planète soit un peu plus complexe à établir.
Plaques tectoniques
Les tremblements de terre de très haute magnitude comme celui qui a frappé le Maroc le week-end dernier sont essentiellement dus au mouvement des plaques tectoniques.
«En fait, 90% des séismes qui se produisent partout au monde se retrouvent aux frontières des plaques», précise Christopher Boucher, sismologue à Ressources naturelles Canada.
«Mais il y a quand même des liens entre les changements qui provoquent du stress et la microsismicité, donc les très petits tremblements de terre», poursuit-il.
Parmi ces changements, l’expert cite la fonte des calottes glaciaires accélérée par le réchauffement climatique.
Plus de chaleur, plus d’activité sismique
«Ces larges masses de glace qui recouvrent les régions polaires exercent une pression sur la croûte terrestre. En fondant, leur poids diminue, ce qui peut provoquer une plus grande activité sismique ou volcanique», résume Fiona Ann Darbyshire, professeure au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQÀM.
L’immense calotte glaciaire du Groenland a par exemple perdu 4700 milliards de tonnes en 20 ans seulement, entre 2002 et 2022, selon le Polar Portal, l’organisation qui chapeaute les institutions danoises de recherche sur l’Arctique.
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«C’est possible que la croûte terrestre doive se réajuster. Les changements liés à ce stress pourraient déclencher des tremblements de terre très localisés», souligne le sismologue Christopher Boucher.
«On pourrait envisager une augmentation de l’activité sismique dans certaines régions comme dans l’Arctique», ajoute Mme Darbyshire.
Une hausse de l’activité sismique pourrait également causer des tsunamis, le plus souvent provoqués par des tremblements de terre dans l’océan, et des éruptions volcaniques comme les volcans terrestres sont surtout situés dans des régions sismiques.
Quelques études «encore préliminaires» pointent dans cette direction, mentionne M. Boucher.
«Ça prend du temps avant d’établir un lien entre un événement extrême et les changements climatiques. Et quand on parle de séismes, il faut [les] observer sur de très longues périodes», dit-il.
L’expert rappelle cependant que des activités humaines peuvent aussi provoquer des tremblements de terre. La fracturation hydraulique utilisée pour récupérer le pétrole et le gaz naturel piégés dans des formations rocheuses, ou encore la mise en eau d’un grand barrage sont des exemples d’activités pouvant provoquer des séismes.