En pleine crise climatique, les pétrolières enregistrent des bénéfices records en 2022

L’année 2022 restera dans les annales pour les grandes pétrolières: la faim insatiable de pétrole et de gaz, combinée à la guerre en Ukraine, leur a assuré des bénéfices record, et tout indique que les profits seront au rendez-vous en 2023 aussi.
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L’ONU, les scientifiques et les ONG environnementales répètent à qui veut l’entendre qu’il faut tout faire pour réduire – voire cesser – notre utilisation des combustibles fossiles afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C et ainsi éviter les pires conséquences de la crise climatique.
Or, les grandes pétrolières annoncent tour à tour avoir engrangé des bénéfices records pour 2022.
- Shell : 42,3 milliards $
- Chevron : 35,5 milliards $
- ExxonMobil : 55,7 milliards $
- TotalEnergies : 20,5 milliards $
- BP : 27,7 milliards $ (hors éléments exceptionnels)
Au total, on parle de plus de 151 milliards $ en bénéfice net pour l’année 2022. En raison d'une demande toujours à la hausse et du fait que la guerre en Ukraine est loin d’être terminée, on peut s’attendre à ce que les compagnies pétrogazières enregistrent de nouveau des profits en 2023.
Face à ces résultats plus que positifs, certaines pétrolières ont d’ailleurs annoncé mettre un frein à leur transition énergétique. BP a indiqué à ses actionnaires vouloir doper son bénéfice d’ici 2030 en investissant dans les énergies renouvelables, mais aussi dans les hydrocarbures, ce qui va ralentir sa transition énergétique.
Les appels à taxer les profits se multiplient
À chaque nouvelle annonce de résultats, les appels de militants à taxer les profits des pétrolières dans le but de financer l’action climatique se multiplient.
«Aujourd'hui, j'appelle tous les pays développés à taxer les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur des combustibles fossiles», a exhorté António Guterres, secrétaire général de l’ONU, dans un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier.
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Le Royaume-Uni a introduit en mai une taxe sur les bénéfices énergétiques exceptionnels de 35%, alors que l’Union européenne a adopté fin septembre une «contribution temporaire de solidarité».
De son côté, le Canada refuse d’implanter une telle taxe. Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a plutôt affirmé que le gouvernement met en place des mécanismes pour que les pétrolières paient leur juste part, rapportait La Presse canadienne.
«Nous sommes d'accord pour dire que les pollueurs doivent payer leur juste part. Nous sommes également d'accord pour dire que nous devons assurer une transition équitable. Notre gouvernement travaille d'arrache-pied pour réduire les émissions, protéger notre environnement et soutenir les Canadiens et les industries sur la voie vers un pays carboneutre», avait également déclaré le bureau du ministre de l’Environnement.