Une menace? Tout ce qu’on sait des mystérieux objets volants abattus au Canada et aux États-Unis

Pas moins de quatre objets volants non identifiés (OVNI) ont été abattus par le Canada et les États-Unis depuis le début du mois de février. On connaît seulement la provenance du premier, un ballon chinois qui servait à l’espionnage selon les autorités américaines. Qu’en est-il des autres? On fait le point.
Pas de visites extraterrestres
La Maison-Blanche a officiellement écarté la thèse des extraterrestres en conférence de presse hier, mais on ne sait toujours pas à qui appartiennent les trois derniers objets volants abattus par des missiles aux États-Unis et au Canada.
Le premier objet abattu par l’armée américaine, le 4 février dernier, sur la côte de la Caroline du Sud était un ballon chinois. L’engin gros «comme trois autobus» volait à une altitude de 60 000 pieds (18 000 m), selon les représentants de l’armée.
Le ballon qui flottait au-dessus du pays depuis des jours serait un engin d’espionnage chinois selon les officiels américains. Il a été aperçu pour la première fois en Alaska, le 28 janvier, et aurait passé au-dessus de «sites sensibles». La Chine maintient toujours qu’il s’agit d’un ballon météorologique.
Le deuxième objet volant a été abattu à Deadhorse, en Alaska, le 10 février. L’objet gros comme une petite voiture ne possédait pas de système de propulsion ou de pilotage. Il flottait à une hauteur de 40 000 pieds (12 000 m) et se dirigeait vers le pôle Nord. Son altitude de vol posait un risque de collision avec des avions civils, ce qui explique pourquoi il a été abattu, selon les officiels américains.
Le troisième objet a été abattu au Yukon par des avions américains et canadiens du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD). La ministre de la Défense canadienne, Anita Anand, a décrit l’appareil comme un objet de forme cylindrique plus petit que le ballon chinois abattu le 4 février. Il volait également à une altitude de 40 000 pieds (12 000 m).
Le dernier objet connu a été abattu le 12 février au-dessus du lac Huron. Le missile a été tiré par les forces américaines, mais les débris sont tombés du côté canadien du lac. L’objet de forme octogonal sans nacelle dont des fils pendaient volait à une altitude de 6000 m au-dessus de l’État du Michigan. Aucun équipement de surveillance ou de senseurs n’était visible sur l’objet volant.
Pas nécessairement des ballons-espions
Il est encore trop tôt pour connaître avec certitude la nature des trois OVNIS. Les recherches de débris se poursuivent pour en savoir plus sur leur mission, leurs capacités et leur provenance. Puisqu’ils sont de plus petite taille et qu’ils volaient à basse altitude, il ne s’agirait toutefois pas de ballons-espions, mais de simples ballons météo, selon un haut fonctionnaire américain interviewé par ABC.
Une autre hypothèse avance que ces objets sont utilisés pour tester les systèmes de détection en Amérique du Nord, pour évaluer notamment la rapidité de la réponse en cas d’intrusion.
Si ces appareils ont bel et bien une mission stratégique, ceux-ci proviendraient le plus probablement de «la Chine, la Russie, la Corée du Nord ou l’Iran», selon la journaliste du Journal Anne Caroline Desplanques.
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«Il n’y a que ces quatre-là qui pourraient envoyer des objets hostiles à travers notre espace aérien», explique celle qui a étudié les menaces à la souveraineté canadienne dans l’Arctique.
Le Général Glen VanHerck, chef du NORAD, a pour sa part affirmé qu’aucune hypothèse n’était exclue, bien que les objets en tant que tels ne constitueraient aucune menace.
Le ministère des Affaires étrangères de la Chine a également rappelé que les États-Unis ne se gênent pas pour pénétrer leur espace aérien et qu’ils auraient envoyé leurs propres ballons au-dessus du pays plus d’une dizaine de fois. Les représentants de la Maison-Blanche nient ces allégations.
Une tendance pas si nouvelle que ça
Un rapport du gouvernement américain datant de janvier fait état de 366 «phénomènes aérospatiaux» dans le ciel du pays en 2022. 136 d’entre eux sont des ballons, comme des sondes météo.
Un rapport classifié présenté au Congrès rapporte aussi deux incidents où une puissance étrangère aurait fait usage de «technologies aériennes avancées» pour surveiller des bases militaires américaines.
Les objets volants non identifiés ne sont donc pas un phénomène nouveau. Leurs apparitions plus fréquentes des derniers jours seraient liées à une surveillance plus accrue plus qu’à une augmentation de leur nombre réel.
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Les incursions dans l’Arctique de la part de puissances étrangères ne datent pas non plus d’hier. C’est ce qu’a constaté Anne Caroline Desplanques, alors qu’elle travaillait sur le documentaire La guerre de l’Arctique.
«Ce qu’on a pu documenter au cours du reportage, c’est que notre ciel est largement ouvert sur la frontière nord. Nos radars ne sont pas capables d’y détecter ce qui passe», met-elle en garde.
Des incursions similaires à celle du ballon chinois se sont probablement déroulé sans alerter le NORAD, ce qui laisse craindre des failles quant à la sécurité du Canada et des États-Unis.
«Pour l’instant ce n’est qu’un ballon, qui est inoffensif, qui n’est pas armé, il n’y pas de menace directe au civil. Mais qu’est-ce que ce sera la prochaine fois ? L’avenir nous le dira», ajoute la journaliste.