Cette navette permet aux personnes itinérantes de se déplacer à Montréal
Chaque jour d’hiver, vers 16h, le Solidaribus part de la Mission Old Brewery, aux abords du Vieux-Montréal. Jusqu’à environ minuit, cette navette vient en aide aux personnes en situation d’itinérance en les transportant vers des ressources dont elles ont besoin. 24 heures a passé une soirée à bord.
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L’intervenante Yolette Jean a devant elle un nouveau casse-tête chaque soir. Assise sur une banquette de la navette, elle jongle avec son téléphone, une tablette et un calepin de notes, le tout dans le but de coordonner les opérations. Une de ses tâches est de savoir combien de lits sont disponibles dans les diverses ressources afin de savoir s’il sera possible d’y amener des gens qui passeraient autrement la nuit dehors.
Elle donne un exemple concret des restrictions qui peuvent parfois compliquer son travail. «Des fois, il y a des endroits qui ne peuvent pas prendre les personnes à mobilité réduite, parce que [leur bâtiment] n’est pas adéquat.» Certaines ressources sont aussi réservées aux hommes ou aux femmes; d’autres demandent à leurs usagers de ne pas consommer.
Mais le problème majeur, pour Dominic Bombardier, conseiller en intervention à la Mission Old Brewery, c’est qu’il manque globalement de lits en refuge en ville.
«Pas mal toutes les ressources en itinérance sont sur-bookées, dit-il. On réussit à avoir des lits seulement quand d’autres quittent». Il affirme que des ressources temporaires mises en place pendant les premières années de la pandémie n’ont pas été renouvelées, tandis que la population itinérante augmente.
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Il n’est donc pas rare que, quelques heures à peine après le début de son quart de travail, Yolette se rende déjà à l’évidence qu’il n’y a plus de place nulle part. Elle fait alors des pieds et des mains pour offrir un peu de confort à celles et ceux qui en ont besoin.
Elle descend dans les stations de métro pour offrir des vêtements ou des couvertures. Elle peut aussi amener des gens au Café Mission, souvent ouvert toute la nuit, pour qu’ils puissent se réchauffer.
Lorsqu’on lui demande si la navette est un «dernier rempart», Vincent D’Aoust, qui a déjà utilisé ce service et qui réside depuis quelques mois à la Mission Old Brewery, répond par l’affirmative sans hésiter. «[Ça fait] la différence entre "oublie ça, je suis pogné dehors, parce que je peux pas me [déplacer]", et "non, il n’y aura pas de problème, je vais monter sur la navette et arriver avant qu’il n’y ait plus de place au refuge".»