«La marche, c'est un art de vivre»: voici pourquoi certains préfèrent par-dessus tout être piétons | 24 heures
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«La marche, c'est un art de vivre»: voici pourquoi certains préfèrent par-dessus tout être piétons

Image principale de l'article Certains préfèrent marcher que prendre le métro
Photo Camille Dauphinais-Pelletier

Pas besoin de véhicule pour se déplacer; il suffit d’apprivoiser le plaisir de la marche, de la lenteur et de l’observation. C’est la philosophie adoptée par plusieurs personnes qui sont piétonnes par choix pour la majorité de leurs besoins de transports. 

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Parmi eux, on trouve le Montréalais Benoit Giguère, qui fait autour de 90% de ses déplacements à pied depuis maintenant 25 ans. Il marchait déjà beaucoup auparavant, mais il a carrément vendu sa voiture lorsqu’il a déménagé dans la Cité du multimédia (entre le Vieux-Montréal et Griffintown) en 1997. 

Aujourd’hui, il marche 50 minutes chaque fois qu’il se rend à son bureau près de la station Lionel-Groulx, où il travaille comme vice-président dans une agence de marketing. Et c’est la même chose pour revenir le soir!  

«Je me lève plus tôt et j’ai le temps de réfléchir, de partir ma journée dans ma tête», raconte l’homme de 62 ans, qui ne voit pas du tout ce trajet comme du temps perdu. «Je ne serais pas gagnant si je revenais plus vite en métro pour aller faire 45 minutes de tapis roulant! C’est d’un ennui mortel, tu es aligné comme du bétail», dit-il.  

Et non, la marche ne le cantonne pas à quelques commerces tout près de chez lui. «Si j’ai le goût d’un bon boudin noir, je vais marcher [environ 40 minutes] jusqu’au marché Atwater. Ça m’arrive aussi d’aller chercher des livres dans une librairie à Verdun, à une grosse heure de marche», dit celui qui est quand même partisan du concept de «Ville 15 minutes», selon lequel en ville, la majorité des services devraient être accessibles à environ 15 minutes de marche des résidences.  

Il possède quand même un vélo pliant dont il se sert à l’occasion, et n’hésite pas à utiliser le transport en commun ou une voiture dans certains cas, par exemple quand il doit faire des achats volumineux, qu’il est serré dans le temps ou quand il fait très froid. Il se fait toutefois un point d’honneur de ne pas «quémander de lifts»! 

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Pas ennuyant 

Même s’il écoute peu de musique ou de balados, ses marches sont loin d’être ennuyantes dans une ville dynamique comme Montréal, où il ne prend jamais exactement le même chemin. «Je pense que c’est la meilleure façon de découvrir une ville, avec toutes les rencontres accidentelles que tu fais moins en vélo et pas du tout en auto. Même chose souvent avec le transport en commun, où tu vas simplement d’un point A à un point B», observe-t-il.

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

La directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, est bien d’accord. «Il y a toutes sortes de choses qu’on peut vivre comme expérience durant nos déplacements, et qui nous donnent envie de ralentir. Voir des fleurs, croiser un voisin, des animaux, peut-être, sur son trajet. C’est bon de se donner ce temps-là, d’avoir une belle expérience de déplacement et de profiter de ce qu’on peut voir et sentir; s’approprier son milieu de vie, découvrir un parc, un nouveau commerce...», énumère-t-elle.  

Les habitudes de marche de Benoit lui ont d’ailleurs permis au fil des ans d’observer l’évolution des quartiers en temps réel (qu’il s’agisse d‘embourgeoisement ou de changements démographiques) avant que les médias traitent de phénomènes. Il se souvient par exemple d’avoir été témoin de l’épanouissement qu’a connu le Quartier chinois, du développement du Vieux-Port et bien sûr de celui de Griffintown et du canal de Lachine, qui n’étaient pas du tout des lieux sympathiques lorsqu’il est arrivé dans le quartier.  

Photo Agence QMI, Joël Lemay

Benoit est originaire de Québec, et même si son père et ses cinq frères ont toujours aimé les voitures, ça n’a pas été son cas. Il a eu quelques «bazous», mais n’y était pas attaché.  

Pour lui, le style de vie qui vient avec la marche est de loin préférable. «C’est une médecine, d’une certaine manière, et un art de vivre, marcher. C’est d’accepter la lenteur.» 

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Des trucs pour commencer 

On a demandé à Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec, et à Benoit Giguère leurs meilleurs conseils pour commencer à faire ses déplacements utilitaires à pied. Les voici.  

  • Choisir d’abord un seul déplacement par semaine et le remplacer par la marche, idéalement à un moment où il fait beau, que ça nous tente, et que la distance à parcourir n’est pas trop longue (on veut mettre toutes les chances de notre côté!).  
  • Partir plus tôt que l’heure de départ qui nous permettrait d’être là pile à l’heure, pour ne pas se sentir pressé.  
  • Si on veut se rendre au travail à pied, l’essayer une première fois un jour où on a congé, pour pouvoir tester ce déplacement sans avoir la pression d’arriver à l’heure.  
  • Élaborer divers itinéraires pour pouvoir choisir selon son humeur du jour : le plus direct, celui qui passe par des commerces, le plus beau, etc.   
  • Combiner ses modes de transport, par exemple en allant au travail en métro, mais en revenant à pied. 
  • Télécharger des balados à écouter en marchant.  
  • Se procurer un sac à roulettes si on compte faire de grosses emplettes à pied. 
  • À plus long terme, bien s’équiper, surtout pour l’hiver ou les cas où la météo est moins agréable. Les objets les plus intéressants à considérer sont :  
  • Des mouchoirs. 
  • Un manteau imperméable. 
  • Des bottes d’hiver pas trop massives (leur poids peut devenir embêtant). 
  • Un pantalon de neige imperméable et léger.  
  • Des crampons. 

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