Ces 3 entreprises d’ici ont adopté la semaine de 4 jours et c’est un succès | 24 heures
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Ces 3 entreprises d’ici ont adopté la semaine de 4 jours et c’est un succès

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Bien que le phénomène soit encore timide au Québec, des entreprises ont adopté la semaine de travail de 4 jours sans perte de salaire pour offrir une meilleure flexibilité à leurs employés. Trois chefs d’entreprises nous partagent les avantages du modèle... et ses accrocs. 

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Billyclub, studio de création | Se reposer pour mieux créer 

Sur le site de Billyclub, les heures d’ouverture indiquent 9h à 17h, du lundi au jeudi. Pour les employés de ce studio de création, le vendredi est plutôt une journée «cuisine», «poterie», «brico» ou même «balade à vélo».   

Intégrer la semaine de quatre jours était tout naturel pour la directrice de création et fondatrice de Billyclub, Véronique Lafortune. Anciennement pigiste, l’entrepreneure était familière avec «cette liberté d’horaire».   

«C’est une idée qui m’a plu et les gens veulent de plus en plus ça. J’ai des passe-temps et des hobbies créatifs, comme mes employés, et je veux qu’ils aient eux aussi ce temps-là», explique la femme de 35 ans, qui a instauré la semaine de quatre jours à 35 heures en 2020.   

Les sept employés de l’organisation, qui ont entre 25 et 35 ans, n’ont pas d’horaire fixe: ils doivent seulement être disponibles du lundi au jeudi. Ils peuvent aussi travailler moins d’heures par jour et travailler le vendredi matin, par exemple.   

Véronique Lafortune, fondatrice de BillyClub

Thierry Laforce / Agence QMI 

Véronique Lafortune, fondatrice de BillyClub

Véronique l’admet: il n’est pas toujours facile de respecter ses propres préceptes en tant que patronne, vu la charge de travail qui lui incombe. Elle ne cache pas non plus qu’un tel horaire demande à son équipe une organisation du travail très structurée qui exige plus de concentration.  

Une majorité des clients, quant à eux, saluent et respectent le concept du quatre jours par semaine. «Ils savent qu’on n’éteint pas les feux les vendredis», précise la fondatrice.  

Et une chose est certaine: l’équipe est «plus heureuse» et personne ne retournerait en arrière.   

«Les gens qui ont des métiers créatifs donnent beaucoup d’eux-mêmes et cette flexibilité d’horaire nous permet de mieux réfléchir pour pouvoir mieux créer. Quand on est heureux au travail, on est meilleurs.»  

L’Abri, bureau d’architecture | Un modèle pour fidéliser les jeunes 

Après avoir entendu parler des projets pilotes organisés par l’organisation 4 Day Week Global, le bureau d’architecture L’Abri a commencé à tester la semaine de 4 jours en 35 heures, plutôt que 40. L’objectif: s’éloigner des climats de travail parfois «toxiques» dans ce domaine où les heures supplémentaires et le travail le week-end sont souvent la norme.  

«On a découvert dans les médias le projet pilote organisé en Islande et au Royaume-Uni. On l’essaie pendant six mois et on remplit un sondage à la fin qui servira de matériel de recherche», explique Nicolas Lapierre, associé de L’Abri, pour qui le défi est maintenant de garder son entreprise «profitable».   

Les bureaux de L'Abri

Photo: Axel Tardieu 

Les bureaux de L'Abri

Pour le moment, le projet est «bénéfique». Si les week-ends de 3 jours plaisent aux 11 employés de l’entreprise, ils doivent tout de même faire preuve de plus d’autonomie dans la réalisation de leurs tâches.   

Pour l’homme de 35 ans, la semaine de 4 jours constitue un avantage non négligeable pour recruter – et garder – de jeunes employés qui recherchent ce type de conditions.  

«Grâce à ce projet de 4 jours par semaine, on fidélise plus notre staff. Les taux de roulement élevés, ça coûte cher aux entreprises. On attire aussi plus de nouveaux talents avec ces bonnes conditions de travail. Pour les PME, les avantages sociaux traditionnels ne sont pas très bons donc on préfère proposer cette semaine de 4 jours», explique-t-il.   

Pour éviter le surmenage, l’entreprise a réduit au maximum le nombre et la durée des réunions. Mais malgré de tels ajustements, ce ne sont pas tous les employés de la boîte qui peuvent profiter de ce nouvel horaire de travail, reconnaît Nicolas Lapierre. Les cadres, qui gèrent plus de projets, doivent travailler 5 jours par semaine.  

L’entrepreneur souligne également que les normes du travail au Québec reposent sur les semaines de travail de 5 jours, ce qui, dit-il, complexifie la paperasse et les demandes de congé. Il espère finalement que des subventions gouvernementales verront le jour pour soutenir ce type d’initiative bénéfiques pour la santé mentale des employés.  

Poches & Fils, fabricant de t-shirts personnalisés | Un game changer 

La colorée PME montréalaise, connue pour ses «poches» humoristiques, est l’une des premières à avoir adopté la semaine de travail de 4 jours en 32 heures, en juillet 2021. Depuis, le vendredi est jour de repos pour l’équipe d’une vingtaine de personnes.  

«Le vendredi, on est fatigués, on a hâte au week-end. Maintenant, les gens ont 3 jours pour se reposer et ils arrivent en force au début de la semaine. Il y a aussi des choses auxquelles tu as pu penser pendant ton week-end qui vont peut-être stimuler la créativité», mentionne le fondateur de l’entreprise, Anthony Vandrame.  

Anthony Vandrame, fondateur de Poches & Fils

Thierry Laforce / Agence QMI 

Anthony Vandrame, fondateur de Poches & Fils

Un an et demi après son implantation, Anthony Vandrame est sans équivoque: non seulement le nouvel horaire plait aux employés, mais il n’a pas affecté leur productivité.   

«On est capables de livrer le même nombre de projets en 4 jours plutôt qu’en cinq. On a simplement coupé dans les choses moins importantes, comme les réunions qui s’éternisaient et qui ne servaient pas à grand-chose», explique-t-il à 24 heures. 

Au-delà de la semaine de 4 jours, le chef d’entreprise de 32 ans mise aussi sur la flexibilité des horaires.  

«Il y a des jours où je suis productif pendant 10 heures, d’autres, trois. J’essaie d’offrir cette même flexibilité aux autres dans mon équipe. Il n’y a pas d’heure d’entrée et de sortie du travail, si tu es plus productif de matin ou de soir, on laisse cette possibilité-là.»  

Avec la collaboration d’Axel Tardieu 

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