Le stationnement de rue devrait-il devenir payant partout à Montréal?

Montréal devrait progressivement rendre payantes toutes les places de stationnement sur le bord de la rue d’ici 2035 et remettre une partie des fonds pour financer la mobilité durable, juge le Conseil régional de l’environnement de Montréal.
Près de 450 000 places de stationnement sur rue qui sont offertes gratuitement ou tarifées avec le système des vignettes pourraient ainsi devenir payantes.
«On pense que la Ville doit cesser cet encouragement à la voiture pour privilégier d’autres services publics qui ont besoin de ressources», explique Blaise Rémillard, responsable mobilité et urbanisme au Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal.
Il s’agit d’une des 23 mesures proposées par cet organisme dans son «livre blanc» sur le stationnement.
Selon M. Rémillard, il s’agit d’un enjeu climatique, mais aussi de sécurité routière. L’argent recueilli avec la mise en place d’un tarif devrait notamment servir à mieux financer le transport en commun.
• À lire aussi: Mascouche et Terrebonne bannissent les objets à usage unique
«En tarifant mieux le stationnement, il va y avoir de meilleures options de mobilité. Donc l’utilisation de la voiture, qui est pour certains une obligation, va le devenir de moins en moins», mentionne-t-il.
M. Rémillard suggère d’augmenter progressivement la tarification de ces places jusqu’en 2035, et de l’étaler dans le temps selon les quartiers.
«C’est évident que si on habite à côté de services de transport collectif efficaces ou des quartiers qui sont plus favorisés, on peut étaler cette hausse sur moins de temps, puis dans d’autres secteurs, on va attendre qu’il y ait une bonification des services», précise-t-il.
- Écoutez l'entrevue avec Blaise Rémillard, responsable du transport et de l'urbanisme au Conseil régional de l'environnement de Montréal à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée chaque jour en direct 14 h 15 via QUB radio :
Il souhaite aussi qu’une compensation monétaire soit offerte pour les ménages à faible revenu qui n’ont pas d’autres options de transport.
Si la Ville accueille favorablement certaines des idées proposées, la responsable de la mobilité au comité exécutif assure que la tarification pour tous les stationnements n’est pas pour demain.
«Pour nous, la tarification du stationnement est un levier pour encourager la mobilité et l’urbanisme durable», indique Sophie Mauzerolle. «Il n’y a pas une intention à court terme à la Ville de tarifer l’ensemble des places de stationnement.»
• À lire aussi: Faut-il toujours laver ses contenants avant de les mettre au bac de récup?
Une liste d’attente pour les vignettes
Dans plusieurs arrondissements, des vignettes de stationnement sont distribuées sans prendre en compte le nombre de places limitées dans un secteur, déplore le CRE.
La Ville devrait donc envisager d’instaurer un seuil maximum de vignettes à distribuer dans les quartiers saturés. Des listes d’attente pourraient ensuite être mises en place pour les nouveaux résidents.
«Si cette personne-là a besoin d’une offre de stationnement puis qu’en plus on la tarifie, assurons-nous qu’il y ait une place pour elle», affirme M. Rémillard.
Trop d’espace occupé
Pour le Conseil, le stationnement accapare trop d’espaces et de ressources monétaires pour la municipalité. Près de 27% de l’espace de rue serait destiné au stationnement, selon leur étude.
«Ça nous prive de voies de circulation pour les autres modes. Quand on décide d’utiliser une voie pour des automobiles, c’est autant de possibilités de pistes cyclables, de voies réservées pour bus et même de voies de circulation pour avoir un réseau fluide», souligne le responsable mobilité et urbanisme au CRE.
Il en est de même pour les stationnements d’institutions et de commerces. «C’est un espace qui est dans le domaine privé, mais qui est alloué à stocker des automobiles, et qui bien souvent n’est juste pas utilisé du tout», fait valoir M. Rémillard.
Ces propositions s’inscriraient dans la continuité de ce que la Ville est en train de déployer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.