Climat: et si on transformait le CO2 en bicarbonate de soude?

La plus grande usine de captage et de stockage de carbone dans l'air, située en Islande.
Des chercheurs ont trouvé une nouvelle façon de lutter contre le réchauffement climatique en aspirant le carbone de l’air, en le transformant en bicarbonate de soude et en le stockant dans l’océan.
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La technique pourrait être jusqu’à trois fois plus efficace que celle qui est actuellement utilisée pour capter le carbone directement dans l’air et le stocker, concluent les auteurs de l’étude publiée dans la revue Science Advances.
La méthode consiste à utiliser le cuivre pour modifier le matériau absorbant qui sert à la capture directe dans l’air. Cela permet d’éliminer «le CO2 de l’atmosphère à une concentration ultradiluée avec une capacité de deux à trois fois supérieure à celle des absorbants existants», a expliqué Arup SenGupta, professeur à l’Université Lehigh et l’un des coauteurs de l’étude, en entrevue à CNN.
Une fois capturé, le carbone peut être transformé en bicarbonate de soude avec l’eau de mer pour, finalement, être rejeté dans l’océan.
«Si l’on mettait dans l’océan tout le CO2 de l’atmosphère émis chaque jour, ou chaque année, l’augmentation de la concentration [de carbone dans l’eau] serait très, très faible», précise le professeur SenGupta.
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Et en plaçant les usines de captage de carbone directement sur l’océan, elles ont accès à une quantité abondante d’eau de mer pour le processus, ajoute-t-il.
Cette nouvelle façon de faire permet de produire le matériau à peu de frais et facilement, ce qui réduirait également les coûts du captage de carbone.
Plus efficace que la capture directe du carbone dans l’air
La solution qui est actuellement mise de l’avant pour capter le carbone directement dans l’air et le stocker n’en élimine, en réalité, que des quantités relativement faibles. Par ailleurs, une seule tonne de carbone éliminée coûte plusieurs centaines de dollars.
La plus grande usine de captage et de stockage de carbone dans l’air a récemment ouvert en Islande et peut capter jusqu’à 4000 tonnes de CO2 par année. Cela équivaut aux émissions de 800 voitures en un an, ce qui est marginal si l'on tient compte des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde.
Des incertitudes demeurent
Certains obstacles à la méthode proposée se dressent tout de même. Certains s’inquiètent des effets potentiellement négatifs que cela pourrait avoir sur les océans.
«À moins de disposer d’une étude écotoxique, on ne sait pas les effets que ça peut avoir, même à de faibles concentrations», a nuancé Peter Styring, professeur de génie chimique et de chimie à l’Université de Sheffield, en entrevue à CNN.
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D’autres soutiennent que de miser sur des technologies de captage et de stockage du carbone peut détourner l’attention de la réelle solution à la crise climatique: réduire au maximum nos émissions de GES en diminuant notre consommation de combustibles fossiles.
– Avec des informations de CNN