La Banque du Canada maintient le taux directeur à 4,5%: il ne faut pas se réjouir trop vite

Bonne nouvelle pour les propriétaires qui ont une hypothèque à taux variable: la Banque du Canada a décidé, mercredi, de maintenir son taux directeur à 4,5%. Mais il ne faut pas se réjouir trop vite, car les taux d’intérêt pourraient repartir à la hausse bientôt, prévient un économiste.
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Pourquoi la Banque du Canada n’a-t-elle pas augmenté le taux directeur?
Cette décision intervient après huit hausses consécutives du taux directeur, qui a atteint son plus haut sommet en 15 ans.
En janvier dernier, la banque centrale avait annoncé ses couleurs, à savoir qu’elle songeait à prendre une pause pour voir si les hausses de taux allaient avoir l’effet escompté, c’est-à-dire faire diminuer l’inflation, qui augmente à un rythme galopant depuis plusieurs mois.
Alors, pourquoi maintenir le statu quo maintenant? C’est en partie à cause du ralentissement du marché immobilier, explique Jules Boudreau, économiste chez Placements Mackenzie.
«Le tiers des propriétaires avec un taux variable s’approchent de leur trigger rate, soit le taux où leur paiement hypothécaire ne rembourse que les intérêts de leur prêt, sans couvrir le capital», dit-il. La Banque du Canada veut donc laisser souffler ces emprunteurs.
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La situation de plein emploi y est aussi pour quelque chose. Quand le taux de chômage est faible, l’inflation tend à monter et, inversement, à diminuer quand le taux de chômage augmente.
Suivant des chiffres de création d’emploi extraordinaires en décembre et en janvier, les données de février, publiées vendredi, sont plus modestes: 22 000 emplois ont été créés au Canada. S’il s’agit d’un signe que la hausse des taux fonctionne, il est encore trop tôt pour dire si la Banque du Canada changera ses plans pour les mois à venir.
La hausse des taux a-t-elle réussi à faire baisser l’inflation?
Il faut se rappeler que la mission de la Banque du Canada, c’est de tout faire en son pouvoir pour maintenir l’inflation à 2%. Or, après avoir atteint un sommet de 8% en 2022, l’indice des prix à la consommation, qui mesure l’inflation, s’établissait plutôt à 5,9% en janvier.
«Les augmentations de taux ont clairement commencé à porter fruit, l’inflation a ralenti», note Jules Boudreau.
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Une partie de ce qui a causé la forte inflation, c’est le fait que les Canadiens consommaient beaucoup, «ce qui a fait surchauffer l’économie». À ce chapitre, on a un ralentissement grâce aux taux élevés, observe-t-il.
Mais la question que se pose l’économiste maintenant est la suivante: est-ce que ce sera suffisant pour ramener l’inflation à 2% de façon soutenable?
Pour lui, «ce serait étonnant» d’atteindre ces résultats en raison des nombreux emplois créés, du taux de chômage historiquement bas et de la forte augmentation des salaires qui se situe autour de 5%.
Le taux directeur montera-t-il encore?
C’est bien possible, affirme Jules Boudreau, à cause du marché de l’emploi et parce que la Réserve fédérale américaine va continuer d’augmenter ses taux.
Dans son communiqué publié mercredi, la Banque du Canada reste cryptique et affirme que son conseil va «continuer d’analyser l’évolution de l’économie et les répercussions des hausses qu’il a effectuées jusqu’ici». En fonction de ces données, il «se tient prêt à relever encore le taux directeur si cela est nécessaire».
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Une chose est certaine: une baisse de taux n’est pas (encore) à l’horizon. «On ne verra pas de grosse baisse de taux avant 2024», prévoit l’économiste.
«Deux facteurs pourraient cependant amener une baisse des taux: d’abord, que l’inflation diminue rapidement à 2%, ce qui n’est pas un phénomène auquel on s’attend. Et la deuxième chose serait une grosse récession, ce qui n’est pas souhaitable», ajoute-t-il.
Qu’à cela ne tienne, la Banque du Canada nous a donné rendez-vous le 12 avril pour connaître sa prochaine décision.