Les jeunes humoristes méprisent-ils les plus vieux? | 24 heures
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Les jeunes humoristes méprisent-ils les plus vieux?

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Photomontage Marilyne Houde

«Le mépris de la nouvelle génération d’humoristes pour l’ancienne semble être assez généralisé!», a tweeté Dany Turcotte pendant le Gala Les Olivier. Sur QUB radio, Guy Nantel a aussi mentionné avoir perçu «une espèce de mépris envers les vieux» lors du gala de dimanche soir. Les jeunes humoristes n’ont-ils vraiment pas d’estime pour leurs prédécesseurs? On a posé la question à trois d’entre eux.

Marie-Hélène Racine-Lacroix 

L’humoriste et autrice a trouvé que le gala animé par Katherine Levac était drôle et bienveillant.  

«Voir une femme lesbienne parler de sa vie de famille à heure de grande écoute, et à l’animation en plus, ça m’a beaucoup touchée», confie celle qui était en nomination pour l’écriture du balado Faisez vos recherches! 

Marie-Hélène Racine-Lacroix

Photo Ariane Famelart

Marie-Hélène Racine-Lacroix

Même si le gala lui a plu, elle peut comprendre que des humoristes aient été heurtés par certains numéros, dont celui de Virginie Fortin et Arnaud Soly, qui ont parodié les humoristes populaires des années 90.  

«L’humour, c’est tellement un outil de communication puissant, ça déclenche les passions, surtout si on se moque de quelque chose que tu aimes», nuance-t-elle.  

Pour elle, admettre que l’industrie de l’humour a évolué depuis les dernières années n’est toutefois pas un signe de mépris envers les plus vieux. 

«L’humour, c’est l’art qui vieillit le moins bien, tous les humoristes le savent. On peut apprécier ce qui était drôle de ces années-là tout en critiquant ce qui ne fonctionne plus avec nos sensibilités actuelles», affirme-t-elle.  

«Moi, personnellement, j’ai beaucoup d’admiration pour les humoristes plus âgés et quand je les critique, c’est parce que je les respecte», ajoute la jeune humoriste, qui trouve que l’affaire a pris des proportions exagérées.   

«Guy Nantel et Dany Turcotte ont exprimé leur avis, il n’y a pas de mal à ça. Ce qui me dérange, c’est que ça soit repris par des pages d’usine à clics parce qu’on sait que ça va fâcher les gens et créer du débat et de l’engagement.» 

Rafaële Bolduc 

Passionnée d’humour depuis l’enfance, Rafaële Bolduc s’est toujours inspirée des humoristes avant elle.  

«Quand j’étais petite, j’allais regarder toutes les éditions du Bye bye en VHS. Dominique Michel, c’est mon idole!», souligne-t-elle.  

Malgré son amour du métier, elle ne s’empêche toutefois pas de taquiner des collègues ou de critiquer certains aspects de l’industrie dans ses numéros. «Tout le monde s’est déjà moqué des générations précédentes, ça ne date pas des Olivier», souligne-t-elle.  

Des humoristes le font d’ailleurs dans les soirées d’humour auxquelles elle participe dans les bars.   

«Ceux qui sont très établis et qui ne font pas autant de soirées de rodage ont peut-être été surpris par ce qui s’est dit au gala, parce qu’ils n’ont pas été autant en contact avec le travail des humoristes plus jeunes», souligne celle qui fait de l’humour depuis cinq ans.  

Rafaële Bolduc

Photo Philippe Le Bourdais

Rafaële Bolduc

Selon elle, il n’y avait pas matière à controverse.  

«C’est ironique venant de gens de la génération RBO, où on se moquait allègrement de plus vieux de se fâcher pour ça. Il y a des humoristes qui sont montés sur scène avec du ruban rouge sur la bouche il y a quelques années pour réclamer le droit de rire de tout, mais on ne peut pas rire d’eux», regrette Rafaële Bolduc. 

«Ça ouvre la porte à ce qu’on se plaigne des jeunes et encourager le clivage entre les générations, à une époque où ce n’est vraiment pas nécessaire. Des gars en pantalons de cuir qui font des blagues sur leur blonde, il y en a des jeunes comme des vieux, mais il y en a surtout de moins en moins.» 

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Mathieu Chiasson 

Mathieu Chiasson n’a pas l’impression qu’il y a un clivage entre les jeunes et les vieux humoristes.  

«Il y a des humoristes avec qui je m’entends super bien et j’apprends plus tard qu’ils ont 15 ans de plus que moi. Il y a de tout dans les soirées d’humour», mentionne-t-il.  

Mathieu Chiasson

Photo Philippe Le Bourdais

Mathieu Chiasson

Les humoristes qui affirment qu’il y a eu de l’âgisme au Gala Les Olivier n’ont pas compris l’intention du numéro, affirme-t-il.  

«On ne riait pas des humoristes plus vieux, on riait des propos de l’époque. On riait du fait que dans ces années-là, c’était plus facile de faire des blagues racistes, transphobes ou sexistes. Ça ne veut pas dire que tous les humoristes en faisaient», nuance-t-il.  

En regardant le Gala Les Olivier, Mathieu Chiasson n’a vu aucun mépris.  

«C’est un gala sur l’humour, c’est normal qu’on fasse des blagues sur le milieu. En plus, les critiques étaient valides», affirme le jeune homme, qui fait de l’humour depuis cinq ans. 

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Selon lui, l’humour évolue avec la société «et c’est normal que ce qui faisait rire avant ne fasse plus rire maintenant». 

«Il y a des gens qui faisaient des blagues problématiques dans leur vingtaine et qui, à 50 ans, ont juste adapté leur humour au fait que la société change. Ce n’est pas une question d’âge, mais d’attitude», conclut-il.  

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