Essai des Sonos Era 100 et Era 300 : une nouvelle ère

Les enceintes Era 100 et Era 300 de Sonos arrivent au Canada le 28 mars.
Le fabricant Sonos lance cette semaine une nouvelle génération d’enceintes connectées, dont la première de l’entreprise adaptée pour l’audio spatial Dolby Atmos. Dans les deux cas, les changements sont de taille, mais viennent avec quelques bémols.
Era 300 : une enceinte qui se démarque en Dolby Atmos
Dire que j’avais hâte d’écouter la Sonos Era 300 à la maison, la première enceinte Dolby Atmos de Sonos, est un euphémisme. Je suis en effet assez friand de l’audio spatial, cette technologie qui se veut une évolution de la stéréophonie, qui a elle-même remplacé la monophonie dans les années 1960.
Au lieu des chansons à deux canaux seulement comme en stéréo (gauche et droite), Atmos permet en effet aux producteurs de musique de placer jusqu’à 128 pistes en 3D autour de la personne qui écoute. Non seulement la musique devient plus immersive, mais elle est aussi plus détaillée (l’explication technique est complexe, mais en gros, c’est lié à la multiplication des canaux).
La Era 300 est l’une des premières enceintes sur le marché à être compatible avec Dolby Atmos, après la Echo Studio d’Amazon et la HomePod de seconde génération d’Apple.
À l’intérieur, on y retrouve six haut-parleurs (deux pour les graves, et 4 pour les sons moyens et aigus) qui projettent la musique dans différentes directions. C’est d’ailleurs ce qui explique la forme en sablier de l’appareil, qui divise un peu, mais que j’apprécie.
Je n’irai pas par quatre chemins : quand on joue une chanson en Atmos, à partir d’Apple Music ou Amazon Music Unlimited, la qualité sonore de la Era 300 est sensationnelle. Et je pèse mes mots. En écoutant une pièce comme «Paparazzi» de Lady Gaga, par exemple, je n’ai pas l’impression d’écouter une enceinte, mais plutôt d’être dans une salle de concert. La musique provient de partout devant moi, et chaque instrument semble mieux défini que jamais jusqu’ici.
Quand j’écoute «BOOM» de Tiësto & Sevenn (qui me tombe royalement sur les nerfs, ainsi que sur ceux de mes voisins, mais qui est parfaite pour tester le mouvement dans les chansons en Dolby Atmos), je ne ressens pas les sons tourner autour de moi comme lorsque j’étais entouré de 31 haut-parleurs dans une Mercedes-Maybach, mais l’effet est certainement présent, et la chanson sonne beaucoup mieux qu’avec une enceinte stéréo.
Et je pourrais continuer pendant des heures. De «Blinding Lights» de The Weeknd à «Le Freak» de Chic (qui profite à fond de la spatialisation en Dolby Atmos), mon salon s’est transformé en plancher de danse au cours des dernières semaines.
Quelques mots par rapport à la concurrence : la plus proche concurrente de la Era 300 est la HomePod de seconde génération d’Apple. Honnêtement, il suffit d’une écoute de quelques secondes pour voir à quel point les deux appareils ne sont pas dans la même ligue. La Era 300 est notamment plus forte et plus chaude que la HomePod, avec des basses plus imposantes. Elle est aussi plus chère, cela dit.
Même en comparant avec une Sonos Play : 5 (un modèle équivalent à la Sonos Five, qui est l’enceinte supérieure dans le porte-folio de Sonos), la Era 300 l’emporte haut la main avec les chansons en Dolby Atmos.
En stéréo, la qualité diminue
C’est assez clair jusqu’ici : en Dolby Atmos, la Era 300 touche la cible.
Mais ce ne sont pas toutes les chansons qui sont offertes avec ce format. Et, malheureusement, la donne change avec les pièces en stéréo. Le son n’est pas mauvais, mais sans les avantages de Dolby Atmos, l’effet wow n’est plus présent. On se retrouve avec une bonne enceinte, mais comme plusieurs autres le sont sur le marché.
La Era 300 l’emporte toujours à mon avis sur la HomePod 2, mais elle est loin derrière la Play : 5, dont les woofers et les tweeters offrent à la fois des graves mieux définies et des fréquences moyennes plus riches, par exemple.
Et, malheureusement, même si Dolby Atmos a explosé au cours des dernières années (90% des nouvelles productions de la maison de disques Universal Music seraient réalisées en Atmos, selon Giles Martin, qui est à la fois à la tête de l’audio et du son chez Universal Music Group, et à la tête de l’expérience sonore chez Sonos), force est de constater que les services musicaux offrent pour l’instant beaucoup plus de chansons en stéréo qu’en Dolby Atmos.
Ceci risque évidemment de changer avec le temps. Les maisons de disque s’affairent en effet depuis des mois à de remixer tous leurs grands classiques (les Beatles, Pink Floyd, etc.) en Dolby Atmos. Et le top 40 anglophone est déjà majoritairement en Atmos.
Si votre écoute est plus variée, la stéréo risque toutefois de continuer de dominer pour encore longtemps. Mes attentes pour un remix en Dolby Atmos de l’œuvre de Jim Corcoran sont après tout plutôt basses.
Sonos est d’ailleurs au courant de ce dilemme. L’entreprise présente la Era 300 comme sa meilleure enceinte pour écouter de la musique en Dolby Atmos (c’est vrai) et la Five comme sa meilleure enceinte pour écouter de la musique en stéréo (c’est aussi vrai).
Malheureusement, en pratique, personne n’écoute que l’un ou que l’autre. Vous risquez plutôt d’écouter un peu des deux. En attendant une éventuelle Era 500, aucune enceinte n’est donc parfaite pour ceux qui recherchent la meilleure musique possible, peu importe le format.
Et pour le cinéma?
Les Sonos Era 300 peuvent aussi être configurées comme enceintes arrières dans un cinéma maison, avec une barre de son Beam de seconde génération ou une barre de son Arc, et avec un caisson des graves (Sub ou Sub Mini). Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer cette configuration, malheureusement, mais si on se fie aux différents groupes de discussion Sonos sur Reddit et Facebook, cet usage semble celui qui sera le plus populaire chez les utilisateurs.
Era 100 : une très belle surprise
La Era 100 représente une plus petite avancée technologique que la Era 300, mais il s’agit quand même d’une très belle surprise.
L’enceinte est dotée d’un haut-parleur pour les graves 25% plus gros que celui de la Sonos One, et de deux haut-parleurs pour les moyens et les aigus, ce qui permet à l’appareil d’offrir un son en stéréo, contrairement à la Sonos One.
Côté design, l’appareil est un peu plus haut que son prédécesseur, mais un peu plus étroit. L’allure n’est pas changée du tout au tout, mais elle me semble à mon avis plus moderne et plus facile à intégrer à son décor.
L’amélioration sonore par rapport à la Sonos One (qui était déjà excellente) est toutefois de taille. Le son est plus clair, plus fort, plus large et plus chaud.
Pour moi, qui écoute beaucoup de musique, la Sonos One n’était pas assez complète pour être utilisée dans une pièce importante, comme le salon. À la maison j’en ai plutôt une dans la chambre des enfants et dans la salle de bain. Est-ce que je payerais 319$ pour remplacer mes Sonos One à ces endroits? Probablement pas, car je n’ai pas besoin de la qualité supérieure. Mais je crois qu’une Sonos Era 100 est assez bonne pour ne pas avoir besoin d’une paire d’enceintes dans une pièce plus importante, comme une chambre à coucher.
Pour une pièce plus centrale et plus grande, vous devrez toutefois opter pour une paire de Era 100, ou pour une Era 300, surtout si vous comptez écouter la musique forte.
Notons que la Era 300 remplacera la Sonos One, mais que cette dernière est encore offerte pour quelques mois, pour ceux qui voudraient compléter une paire stéréo, par exemple. Personnellement, je m’en tiendrais à la Era 100 toutefois, puisque ses composantes plus modernes et plus performantes lui permettront d’être mise à jour pour plus longtemps (si le passé est garant de l’avenir pour Sonos, attendez-vous à plus de 10 ans de mises à jour).
La Era 100 offre d’ailleurs aussi d’autres avantages. Comme la Era 300, elle est en effet dotée d’un port USB-C, ce qui permet de la relier avec un adaptateur à un tourne-disque, ce qui était impossible avec la Sonos One.
Elle est aussi, comme la Era 300, compatible avec la technologie Wi-Fi 6 et la connectivité Bluetooth. Elle est dotée de microphones pour interagir avec des assistants vocaux comme Alexa et Sonos Voice Control, et ces microphones peuvent aussi être utilisés pour ajuster automatiquement le son de l’enceinte en fonction de la pièce où elle se trouve avec la fonctionnalité Truplay, même avec un téléphone Android.
Son seul désavantage est son prix. À 319$, elle est plus chère que la One (269$) et la One SL (249$). Contrairement à une épicerie qui nous fait payer 9$ pour le même beurre qu’on avait avant, la hausse de prix s’accompagne toutefois d’une hausse de qualité, ce qui rend la pilule plus facile à accepter.
Les enceintes Sonos Era 100 (319$) et Era 300 (559$) seront lancées au Canada mardi.