Victime d’une «éviction malhonnête», le loyer de son ancien logement explose de 715$ par mois en quelques semaines

Une photo de l'immeuble où habitait Raed.
Un Montréalais affirme avoir été victime d’une «éviction malhonnête» de la part de son ancien propriétaire, qui l’aurait convaincu de partir pour ensuite augmenter le loyer de 715$ par mois.
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Raed a vécu 7 ans dans le même appartement du Plateau–Mont-Royal. En décembre dernier, comme d’autres locataires de son immeuble de huit logements, il a reçu un avis d’éviction de la part de son propriétaire.
La raison évoquée: des travaux de rénovation et l’agrandissement du logement où vivait Raed.
En février dernier, après des négociations avec son ancien propriétaire, le locataire accepte finalement de quitter les lieux, en échange de 8000$.
Presque le double du prix
Mais voilà qu’il y a deux semaines à peine, Raed découvre que son ancien logement a déjà été remis sur le marché. À sa grande surprise, l’appartement n’a pas été agrandi et il n’a pas changé d’affectation, comme le prétendait l’avis d’éviction.
Il faut savoir qu’un propriétaire peut évincer un locataire qui paye son loyer pour deux raisons seulement: la reprise du logement pour le propriétaire ou un membre de sa famille proche ou pour l’agrandissement, la subdivision ou le changement d’affectation du logement.
Or, sur les photos publiées sur Facebook avec l’annonce, seuls des changements de nature esthétique, notamment dans la cuisine, semblent avoir été réalisés depuis le départ de Raed. Un mur aurait aussi été ajouté au salon pour créer une nouvelle chambre.
Ce qui a changé de manière importante, toutefois, c’est le prix du loyer, qui est passé de 980$ à 1695$ par mois, soit une augmentation d’environ 73%. C’est donc dire que la prochaine personne qui occupera l’ancien appartement de Raed payera 8580$ de plus par année pour sensiblement le même logement.
«C’est fâchant», déplore Raed, qui affirme avoir vécu beaucoup de stress avec le déménagement et la recherche d’un nouveau logement. Pour lui, il n’y a aucun doute: il a été victime d’une «éviction malhonnête».
Contacté par téléphone, le propriétaire de l’immeuble a raccroché au nez de la représentante de 24 heures.
Une nouvelle norme?
Dans un contexte de crise du logement, de telles «évictions de mauvaise foi» sont devenues communes dans cet arrondissement prisé, déplore Vicky Langevin, organisatrice communautaire du Comité logement du Plateau–Mont-Royal.
Depuis quelques années, ce que de plus en plus de propriétaires souhaitent, ce n’est plus de garder les locataires de longue date qui sont de bons payeurs, mais plutôt de s’en débarrasser pour pouvoir augmenter le loyer, regrette-t-elle.
Et pour arriver à leurs fins, certains vont jusqu’à inventer une reprise de logement par un membre de la famille ou des travaux majeurs, explique-t-elle.
Vicky Langevin salue néanmoins le resserrement des règles dans plusieurs arrondissements, dont Le Plateau–Mont-Royal, pour obtenir un permis d’agrandissement ou de subdivision.
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Quoi faire si ça vous arrive?
Si vous pensez vous retrouver dans une situation similaire à celle de Raed, Vicky Langevin suggère d’abord d’en parler avec les autres locataires de l’immeuble.
«Le ou la locataire n’est peut-être pas seul à avoir reçu un avis d’éviction pour agrandissement ou une reprise de logement», mentionne-t-elle.
S’allier avec des voisins peut parfois être rassurant et faire diminuer le stress, ajoute-t-elle.
Vicky Langevin propose aussi de contacter un comité logement qui pourra vous donner des informations juridiques. Un responsable pourrait aussi vous aider à évaluer vos options et à entamer des procédures.