On a passé 1 h au Costco avec des pros pour savoir quoi acheter (ou pas) | 24 heures
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On a passé 1 h au Costco avec des pros pour savoir quoi acheter (ou pas)

La journaliste de 24 heures au Costco.
Photomontage Marilyne Houde

La journaliste de 24 heures au Costco.

Est-ce possible de fréquenter les magasins Costco pour économiser sur la facture d’épicerie qui ne finit plus de grimper, tout en esquivant les pièges de la surconsommation? Pour y voir plus clair, on a passé une heure dans l'un de ces clubs-entrepôts avec deux professionnels et accros du Costco. 

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En ce dimanche matin pluvieux, le Costco du Marché Central à Montréal est bondé. Les chariots surdimensionnés s’entrechoquent dans les allées qui pourtant sont elles aussi surdimensionnées. 

L’exercice n’est pas de tout repos.   

Photo Anne-Sophie Poiré 

Des familles, des jeunes couples, des retraités: des centaines de personnes de tout acabit sont venues profiter des bas prix (sur les grosses quantités), des dégustations dans les rangées ou du combo hot-dog et boisson gazeuse grand format, toujours détaillé à 1,50$, malgré l’inflation qui a presque doublé entre 2021 et 2022. 

«On économise environ 40 dollars par semaine sur notre facture d’épicerie», souligne Andréanne, 33 ans, qui vient s’approvisionner en nourriture et en produits ménagers au Costco tous les 10 jours.  

L’inflation a ralenti au Canada en mars: 4,3% contre 5,2% en février, selon l’indice des prix à la consommation (IPC) publié par Statistique Canada.

Mais dans les rayons des supermarchés, les prix demeurent élevés. Le coût des aliments a augmenté de 9,7% en épicerie au mois de mars. 

Devant ce constat, est-ce qu’un abonnement chez Costco en vaut vraiment la peine?  

«Tu fais des économies au Costco, mais il faut quand même faire attention, parce que ça devient facile de surconsommer et de gaspiller quand tu n’es pas une famille. Il faut être stratégique dans ses achats», affirme Alexandre, 34 ans, véritable expert – et passionné – des produits de la chaîne. 

Alexandre qui magasine des poulets.

Photo Anne-Sophie Poiré 

Alexandre qui magasine des poulets.

À la vue des étalages d’huile d’olive, de noix mélangées, de fromages, de viandes emballées sous vide et de papier toilette, tous proposés à des prix compétitifs – vu la taille de la marchandise –, il est facile de se créer des besoins en achetant – beaucoup – plus que nécessaire, expliquent les amoureux, chacun possédant une carte de membre Exécutif Costco. 

Les bonnes et les moins bonnes affaires 

Ils ont ainsi appris à distinguer les bonnes des mauvaises affaires, en testant les produits et en s’informant sur la qualité de ce qui est offert dans le club-entrepôt.  

Photo Anne-Sophie Poiré 

«La farine, tu ne peux pas l’acheter au Costco à moins d’être boulanger», ironise Alexandre. 

«Même chose pour le riz, ajoute Andréanne. Il devient ranci avant d’avoir fini le sac.» 

Andréanne devant des sacs de riz.

Photo Anne-Sophie Poiré 

Andréanne devant des sacs de riz.

Les incontournables, selon eux: les produits de base comme les œufs, le lait, le beurre, le café et les huiles. Ils mentionnent également le fromage, les noix, le tofu, les viandes qui sont faciles à congeler, puis le fameux poulet de rôtisserie vendue à 7,99$.  

«Les clients se les arrachent», lance Andréanne, qui a dû se frayer un chemin pour mettre la main sur l’un des derniers poulets de quelque 2,6 lb installés sous le réchaud.   

«Costco perd entre 30 et 40 millions de $ par année en marge de profit en gardant le poulet rôti à un prix aussi bas», indique quant à lui Alexandre, bien au fait de ce genre de détails sur la compagnie, en jetant un œil sur l’étalage désormais dépouillé de ces petites volailles. 

Photo Anne-Sophie Poiré 

C’est en effet ce que le directeur financier de l’entreprise, Richard Galanti, avait rapporté au Seattle Times en 2015.  

Le poulet rôti est utilisé comme stratégie pour attirer la clientèle au Québec, au Canada et aux États-Unis, selon le directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l'Université Dalhousie, Sylvain Charlebois. 

«On appelle ça un produit d’appel: c’est un bien qui est vendu à un plus bas prix que sa valeur réelle pour attirer une clientèle en magasin. En gardant les prix aussi bas, le commerçant attire des clients qui consommeront d’autres produits qui vont générer plus de profit», explique-t-il. 

Le suremballage dérange 

Presque tous les produits ménagers comme le détergent à lessive et le papier toilette en valent aussi le détour, selon le couple-expert. Ils sont faciles à stocker, puisque dépourvus de date de péremption. 

Photo Anne-Sophie Poiré 

«On évite d’acheter les essuie-tout», précise toutefois Andréanne. «Ils sont emballés individuellement, puis emballés une seconde fois dans le gros paquet. Ce n’est pas nécessaire et ça me dérange.» 

«En fait, le suremballage au Costco, ça me dérange», poursuit-elle. «J’évite d’acheter tout ce qui est emballé deux fois.» 

Des bas prix, mais pour les gens aisés 

Il faut être prudent avant de se procurer une carte Costco, préviennent Andréanne et Alexandre. «Ça ne vaut pas la peine de se procurer une carte pour sauver quelques dollars sur le lait et les œufs», disent-ils. 

Pour rentabiliser le montant de la carte de membre, avec la remise annuelle de 2% sur le total des achats, entre autres, il faut dépenser et y aller assez régulièrement. Une carte coûte 60$ ou 120$, selon le type d’adhésion. 

Ils déplorent également que le magasin à grande surface ne soit pas à la portée des familles à plus faible revenu. 

«Le Costco, ça permet de faire des économies, mais ça reste cher, comme tout est vendu en grosses quantités», témoigne Andréanne. «Ce ne sont pas toutes les familles qui peuvent se permettre de débourser un gros montant d’un coup.»  

L’acheteur moyen de Costco est effet plutôt aisé: il est titulaire d'un diplôme universitaire ou d'un niveau d'études supérieures et gagne plus de 125 000$ par année, selon une analyse publiée dans The Globe and Mail en juillet 2022. 

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