Montréal s’intéresse à ce qui se passe après 3h du matin | 24 heures
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Montréal s’intéresse à ce qui se passe après 3h du matin

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Capture d'écran, Montréal la nuit

Cet été, Montréal devrait adopter sa Politique de la vie nocturne, qui est très attendue par le milieu festif. Le projet, piloté par le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, se concentrera notamment sur le monde des raves.

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«[On veut] arriver avec une politique qui va donner des règles claires aux organisateurs d'événements», indique M. Rabouin.

On ne sait pas encore précisément ce que cette nouvelle politique contiendra. Les personnes rencontrées dans le cadre de la réalisation du documentaire Montréal la nuit ont toutefois leur petite idée sur ce qui pourrait être mis en place pour permettre à l’univers festif de la ville d’être à la fois rentable, sécuritaire et authentique.

De l’alcool toute la nuit

Cet hiver, à 10 reprises, des événements afterhours ont obtenu un permis spécial pour vendre de l’alcool après 3h du matin dans le cadre d’un projet-pilote. Dans une entrevue réalisée en août 2022, Luc Rabouin expliquait que ce type de tests permettrait de mieux connaître un monde sur lequel on dispose de peu de données.

Luc Rabouin

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI 

Luc Rabouin

24 heures a contacté la Ville de Montréal pour connaître les conclusions tirées de ces 10 événements, mais n’a pas eu de réponse.

En 2022, la Société des arts technologiques (SAT) avait eu droit à une exemption similaire, la première du genre à Montréal. Jenny Thibault, directrice générale de la SAT, garde un bon souvenir de cet événement de plus de 36 heures, malgré que ce fût un «marathon» pour son équipe. 

«Au départ, on avait beaucoup d'appréhension par rapport à la sécurité. Mais ça s'est au final très bien passé», se rappelle-t-elle.

Pour des événements de type rave, où les personnes arrivent souvent après 2h du matin, l’extension des heures de bar offrirait un coup de pouce non négligeable pour les revenus. 

«[Puisque notre bar] ferme à 3h, pour nous, c'est plus dur de rentrer dans nos frais, explique Benoît Gigay, du collectif Noreiner. Je trouve aussi que c'est un cercle vicieux. [Après 3 h], les gens ne boivent pas d'alcool, [alors] ils sont obligés de consommer autre chose.»

Si une mesure du genre est présente dans la Politique de la vie nocturne, elle pourrait prendre diverses formes. Des permis pourraient être donnés à la pièce. L’alcool pourrait aussi être légal 24 heures sur 24 dans certains secteurs définis de la ville. 

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Une réflexion sur le son

La question du bruit fait souvent controverse. Il ne faut pas oublier que même si les événements afterhours rassemblent beaucoup d’adeptes, la majorité de la population montréalaise fait autre chose la nuit: elle dort.

«Nous, on est vraiment sur un objectif d'équilibre entre la qualité de vie offerte aux résidents et aux gens qui vivent la nuit», assure Luc Rabouin.

Mathieu Grondin, directeur général de MTL 24/24, souhaite voir l’adoption de normes sur le bruit pour s’éloigner du modèle actuel, où ce sont les plaintes du public qui mènent à des interventions policières. 

Capture d'écran, Montréal la nuit 

«La réglementation sur le bruit, c'est quelque chose qu'on analyse parce qu'on sait qu'elle est inadéquate en ce moment, il faut l'améliorer», admet Luc Rabouin. 

Mais selon lui, les organisateurs d’événements et les propriétaires de salles pourraient aussi faire leur part, par exemple, en adaptant leurs équipements audio ou en aménageant mieux leur espace pour minimiser les impacts sur le voisinage. 

Des ressources communautaires au lieu de la répression

Éloi Thivierge, fondateur de l’organisme PLURI, appelle quant à lui à un changement de paradigme par rapport aux événements nocturnes. Plutôt que de demeurer dans une logique de répression - qui passe par l’intervention policière dans les événements clandestins comme légaux - il souhaite que des ressources permettant de rendre ces soirées plus sécuritaires soient facilement accessibles aux organisateurs. 

Capture d'écran, Montréal la nuit 

«Les gens [qui œuvrent dans le milieu des raves underground] ont vraiment à cœur la sécurité et la santé de leurs invités, affirme-t-il. Je pense que de soutenir des ressources qui pourraient aider ces gens-là dans l'amélioration de la sécurité de leur espace, ça serait déjà bon.»

Par exemple, le Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP) effectue légalement depuis plus d’un an de l’analyse de substances dans des événements variés afin de détecter la présence d’agents de coupe dans les drogues que consomment les fêtards et de diminuer les risques de surdose. 


Le documentaire Montréal la nuit est disponible sur la plateforme Vrai.

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