Couvrir ses besoins de base n’est pas écologique au Québec | 24 heures
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Couvrir ses besoins de base n’est pas écologique au Québec

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Thierry Laforce / Agence QMI

Même si on réduit notre consommation pour ne couvrir que nos besoins de base – se loger, s’alimenter, s’habiller, se déplacer et payer d’autres dépenses essentielles –, on n’aurait tout de même pas un mode de vie écologique, révèle une étude. Il faut carrément changer nos systèmes de production et de consommation.

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Entre 16 et 19 tonnes de ressources naturelles par Québécois sont nécessaires chaque année pour couvrir ses besoins de base, révèle une première analyse de l’empreinte matérielle au Québec par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiée jeudi. 

Or, les données scientifiques établissent le seuil maximal à 8 tonnes par personne annuellement si on ne veut pas surexploiter les ressources de la Terre. Ainsi, conclut l’IRIS, même vivre tout juste au-dessus du seuil de pauvreté n’est pas écologique.

«Si, demain matin, les Québécois réduisaient leur consommation au niveau minimal permettant de couvrir strictement leurs besoins de base, l’utilisation de ressources naturelles serait quand même deux fois supérieures aux limites», renchérit le chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude, Colin Pratte, en entrevue à 24 heures.

Plusieurs facteurs expliquent que notre empreinte matérielle soit si élevée, y compris l’absence d’écoconception, l’obsolescence programmée, la prolifération d’objets à usage unique et l’aménagement du territoire, énumère le chercheur.

Des luttes incompatibles?

Les luttes contre la pauvreté et les crises écologiques sont-elles incompatibles, donc? «C’est une situation paradoxale», concède Colin Pratte.

D’un côté, l’amélioration des conditions de vie suppose une hausse de l’exploitation des ressources naturelles, alors que de l’autre, la crise écologique se règle nécessairement avec une baisse de cette exploitation, illustre-t-il.

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Néanmoins, les deux luttes ne sont pas mutuellement exclusives. Pour le chercheur, une meilleure répartition de la richesse fait d’une pierre, deux coups. 

«C’est une mesure d’une part écologique, en limitant l’impact environnemental de la consommation superflue, mais aussi une mesure sociale, en diminuant les inégalités et en rendant des ressources disponibles à ceux qui en ont urgemment besoin», souligne-t-il.

En plus de cela, une réforme des systèmes de production et de consommation est nécessaire, affirment les auteurs de l’étude.

Si ça peut sembler ambitieux, les mesures à implanter pour y arriver sont pourtant «connues des instances publiques», indique Colin Pratte. Elles découlent toutes de la littérature scientifique, la plupart même d’un rapport de Recyc-Québec, note-t-on dans l’analyse.

En voici quelques-unes :

Alimentation

  • Réglementer l’industrie de la viande pour réduire l’offre de produits animaliers.

Logement

  • Adopter l’écoconception et la durabilité des bâtiments.

Transport

  • Augmenter l’offre de transports collectifs abordables.
  • Réglementer la taille des véhicules.

Consommation courante

  • Augmenter la longévité des biens et favoriser la réparation et la consommation de seconde main.

Emballages et enfouissement

  • Réglementer plus sévèrement la production de déchets des fabricants et des distributeurs.

En gros, «l’étude resitue la responsabilité [de la réussite de la transition écologique] sur les épaules des décideurs et enlève un fardeau, voire une responsabilité, des épaules des ménages».

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Mais n’allez pas croire que le feu vert est donné pour consommer à outrance, nuance le chercheur. «Ça ne dédouane personne de faire un examen écologique de leur mode de vie.»

Des freins à l’adoption

Maintenant, il reste à déterminer quels sont les freins politiques et économiques à mettre ces solutions en place. 

«Depuis des décennies, le modèle d’affaires des industries consiste à viser la rentabilité sans qu’aucune contrainte écologique digne de ce nom ne soit imposée», relate Colin Pratte.

Or, il affirme les décideurs sont frileux à l’idée de réglementer le secteur privé «ce qui donne lieu à une autoréglementation qui, à terme, conduit à la crise écologique qu’on connaît aujourd’hui».

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