Pénurie d’enseignants: voici de quoi avait l'air la situation en 1923

Exode des professeurs, élèves à grands besoins, conditions de travail médiocres: ce n’est pas d’hier que les enseignants et enseignantes du Québec en arrachent. C’était également le cas en mai 1923, lorsqu’une centaine d’enseignants avaient démissionné en bloc à Montréal.
• À lire aussi: Hausse de salaire de 30 000$: «Tu compares vraiment la job d’enseignante à la job de député?» - Drainville
• À lire aussi: 3 futures enseignantes disent ce qui ne fonctionne pas dans le système
Dans l’édition du 19 mai 1923 du feu journal montréalais Le Matin, publié entre 1920 et 1926, l’un des chroniqueurs se penchait sur les raisons qui ont poussé 113 instituteurs du réseau scolaire protestant de la métropole à donner leur démission.
Dans son texte «Pourquoi les instituteurs démissionnent», celui qui signe sous le nom de Logic rapporte que déjà, à l’époque, la situation allait de mal en pis «chaque année».
«Notre système d’enseignement primaire prouve sans cesse son inefficacité! Nos écoles seront bientôt sans professeurs compétents, et même sans professeur du tout», écrit-il. Une situation qui n’est pas sans rappeler l’actuelle pénurie d’enseignants que connait le Québec depuis les dernières années.
«Nous parlons de bâtir encore des écoles, mais on n’y fera aucun cours, faute de maîtres [...] La réforme nécessaire de notre système d’instruction publique n’aura pas avancé d’un pas», poursuit le chroniqueur anonyme.
Selon lui, les enseignants qui avaient quitté la profession s’échappaient «tout simplement d’un esclavage ridicule» imposé par les commissions scolaires «dans lesquelles la sotte vanité, l’incompétence, les méchancetés sourdes et l’hypocrisie règnent en maîtresses».
Enseignants, employés de l’État?
Dans sa chronique, Logic soutient que chaque nouvel enseignant fraichement diplômé et apte à enseigner devrait être employé par l’État et nommé par le ministre de l’Éducation, «comme les prêtres [étaient] désignés pour exercer leur ministère dans telle ou telle paroisse par l’évêque de leur diocèse».
Sinon, quel «homme de cœur» oserait se soumettre à des conditions exécrables «à la merci d’une calomnie», se demande-t-il.
«Étant maîtres d’école [les enseignants] n’ont plus le droit d’être homme. Leurs opinions politiques doivent être tenues secrètes et leurs convictions, sincères ou feintes, hautement affichées», conclut Logic.