Un jeune de 26 ans sans enfant nous explique pourquoi il va se faire vasectomiser

Julien Bouchard veut une vasectomie à 26 ans.
Julien Bouchard ne veut pas d’enfant. Âgé de 26 ans, il vient d’avoir son premier rendez-vous pour se faire faire une vasectomie. Il n’est d’ailleurs pas le seul dans sa situation: de plus en plus de jeunes dans la vingtaine au Québec souhaiteraient se faire vasectomiser.
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«Notre planète est déjà surchargée. Pour moi ça n’a aucun sens d’avoir un enfant», explique le Montréalais, qui ne veut pas non plus avoir la responsabilité d’élever un enfant.
Ce n’est toutefois pas si facile pour une personne de son âge de se faire vasectomiser.
Lors de son premier rendez-vous, un médecin lui a notamment expliqué que cette intervention n’est pas toujours réversible. On l’a également informé qu’il recevrait probablement le coup de fil d’un psychothérapeute avant son intervention. «Ils essaient de te dissuader parce que tu es jeune», regrette Julien.
«C'est pour avoir un enfant qu’il faut de la psychothérapie, pas l’inverse», ajoute-t-il, en riant.
Le jeune homme devra également attendre six mois à un an pour subir l’intervention, «étant donné que tu es jeune et que tu risques de changer d’idée», lui a-t-on dit.
«C’était moralisateur un peu. Comme si je n’étais pas capable de prendre des décisions pour moi vu que je suis jeune», déplore Julien, qui n’a pas l’intention de changer d’idée.
Légère hausse chez les jeunes
Depuis 5 ou 6 ans, le Dr Nicolas Nélisse, qui travaille surtout dans la région de Montréal et de Sherbrooke, remarque que de plus en plus de jeunes de 25-30 ans, qui sont sans enfant, viennent le voir pour se faire vasectomiser.
Il arrive également que des hommes plus jeunes que 25 ans lui demandent de se faire vasectomiser, ce qu’il refuse.
En compilant les chiffres de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et de l’Institut de la statistique du Québec, le Dr Michel Labrecque, qui pratique la vasectomie depuis plus de 40 ans, constate une légère hausse des jeunes âgés de moins de 30 ans qui subissent l’intervention. On est passé de 5% en 2015 à 6,3% en 2021.
Le phénomène demeure néanmoins marginal, insiste le Dr Nicolas Nélisse. La plupart des personnes qui se font vasectomiser au Québec sont en effet déjà parent et plus vieux.
C’est le cas d’Adam Levasseur, qui a eu deux filles dans sa jeune vingtaine. C’est à 33 ans qu’il a pris la décision de se faire faire une vasectomie.
«À ce point de ma vie, recommencer avec un autre bébé, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. J’aime avoir un peu plus de liberté, faire des choses que j’aurais voulu faire plus jeune, mais que je n’ai pas pu faire à cause de la responsabilité d’être parent», explique-t-il.
Le Québec champion des vasectomies
Ce n’est pas d’hier que la vasectomie a la cote au Québec.
Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, près d’un Québécois sur cinq de plus de 15 ans, actif sexuellement dans la dernière année, est vasectomisé (18,6%). Un chiffre qui place le Québec et le Canada parmi les champions mondiaux de la vasectomie.
Le taux de vasectomie au Canada est en effet de plus de 17%, comme en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud et au Royaume-Uni, peut-on lire sur le site des Fonds des Nations unies pour la population.
La vasectomie est-elle une procédure réversible?
La vasectomie peut être réversible. La procédure inverse, appelée une vasovasostomie, n’est toutefois efficace que dans 50 à 70% des cas si elle est réalisée dans les dix ans suivant la vasectomie. Après cette période, les chances de redevenir fertile sont plus faibles.